Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Bal tragique à Windsor
--> Sa Majesté mène l'enquête 1
Après une petite réception au château de Windsor, l'un des convives, un jeune pianiste, est retrouvé pendu dans sa chambre. Lorsque les thèses du suicide ou de l'accident sont écartées, le chef du MI5 est convaincu qu'il faut y voir la trace des services secrets russes. Peu convaincue par cette théorie, Elizabeth II elle-même décide de faire la lumière sur cette affaire.

Prêter à des personnalités ayant réellement existé des talents de détective n'est pas une idée nouvelle. Il y a quelques années, j'avais ainsi lu plusieurs livres de Stephanie Barron mettant en scène Jane Austen dans le rôle de l'enquêtrice. Petit problème cependant, je devinais systématiquement le pot aux roses avant elle. S'il n'est pas rédhibitoire pour ma part de découvrir l'identité d'un coupable avant les protagonistes, dans le cas présent, j'étais fortement dérangée par le fait que Barron ne parvenait pas à écrire une Jane Austen plus futée que moi. J'avoue avoir moins de scrupules à ce niveau quand il s'agit d'Elizabeth II, aussi ai-je tenté ma chance avec le premier tome d'une nouvelle série (décidément, entre les biopics de luxe et les comédies, on l'aura mise de son vivant à toutes les sauces, Lilibet) signée SJ Bennett.

On plonge avec plaisir dans cet univers de palais royal dépeint tant de fois et pourtant toujours aussi étrange, peuplé de secrétaires privés, de valets et d'écuyers d'une loyauté qui confine à la dévotion envers une personne qu'ils côtoient sans vraiment connaître, tout cela par la grâce de son statut de reine plus que par sa personnalité propre. Une attitude difficilement compréhensible vue de l'extérieur. J'imagine que c'est comme la foi, on l'a ou on ne l'a pas et dans les deux cas ça s'expérimente, ça ne s'explique pas. Le choix de la reine comme enquêtrice offre en tout cas un angle relativement original et bien exploité: en effet, la monarque a un emploi du temps réglé comme du papier à musique et ses mouvements sont quasiment tous scrutés, elle ne peut donc se permettre d'aller visiter les suspects pour les soumettre à un interrogatoire sans attirer une attention malvenue. Sa jeune sous-secrétaire privée Rozie va donc se charger d'une grande partie du travail sur le terrain pendant que son employeuse tire les conclusions. Au-delà de ce duo qu'on ne peut pas tout à fait réduire à une équipe "cerveau/jambes", la particularité de la détective est également qu'elle ne peut réunir tout le monde à la Hercule Poirot pour disculper les uns et confondre le coupable. Toute la subtilité consiste à mettre les gens réellement chargés de l'enquête sur la bonne piste sans qu'ils réalisent qu'elle a compris avant eux.

Et avant moi car contrairement à la Jane Austen de Stephanie Barron, cette Elizabeth II voit manifestement des choses qui m'échappaient complètement (pour ma défense, certains éléments ne sont pas vraiment donnés et donc difficilement devinables). Sans être hilarant, le roman est amusant grâce au décalage entre la manière dont la reine est considérée et ce qu'elle comprend réellement du monde qui l'entoure, sans parler de Philip, toujours aussi délicat. On peut toutefois regretter par moment, surtout sur la fin, que notre héroïne la reine soit un peu trop mise sur un piédestal et cosy mystery oblige, on n'évoquera pas dans ce tome et probablement pas dans ceux à venir des sujets qui fâchent vraiment (kof, prince Andrew, kof, kof...).

Il ne faut donc pas s'attendre à un thriller exposant les turpitudes de la Firme, on est dans un récit tout ce qu'il y a de léger et gentillet. Cela n'empêche pas ledit récit d'être bien ficelé et faire d'Elizabeth II l'enquêtrice n'est pas qu'un procédé facile pour attirer le chaland mais se révèle intelligemment utilisé.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 22 Mai 2021, 11:50bouillonnant dans le chaudron "Littérature".