Dans les années 1830, Flint Mitchell, trappeur, décide d'épouser la jeune Blackfoot Kamiah afin de signer un traité avec son peuple lui permettant de chasser sur leurs terres. Il en tombe réellement amoureux mais les tensions entre trappeurs et guerriers autochtones risquent de mettre fin à leur existence idyllique.

William Wellman n'a pas réalisé beaucoup de westerns mais La Ville abandonnée et L'étrange incident font tous les deux parties des classiques du genre. Au-delà du Missouri, moins centré sur un lieu ou un événement particulier, est davantage un film d'aventure qui se voulait une grande fresque (l'affiche vante des milliers d'acteurs!) avant d'être réduit à 1h15, la durée d'une série B. Malgré des ambitions revues à la baisse par la MGM et l'ajout d'une narration en voix-off contre l'avis du réalisateur, il ne faut pas s'imaginer que le film est un naufrage épique comme cela arrive quand un projet onéreux se prend les pieds dans le tapis et est victime de coupes larges.

Réalisé en 1951, entre La Flèche brisée de Delmer Daves et La Captive aux yeux clairs d'Howard Hawks, il s'inscrit dans la même lignée: dépeindre comme dans le second film des trappeurs dans ce qui deviendra le Montana, évoluant dans une nature magnifique encore peu ou prou intacte et traitant avec les Blackfeet avec plus ou moins de réussite. Comme le long-métrage de Daves l'a fait également avec les Apaches, il y a une volonté de ne pas présenter les Blackfeet comme unilatéralement hostiles et montrer les efforts de part et d'autres pour vivre en harmonie, en butte aux manœuvres d'individus moins bien disposés, qui va affecter le héros et sa compagne. Le père de Kamiah sera ainsi victime du tir d'un trappeur qui va compromettre la paix tandis que le jeune guerrier Ironshirt se méfie d'entrée des nouveaux venus et cherche la confrontation.

La confrontation aura bien lieu dans les dernières minutes et sera spectaculaire, notamment avec une poursuite à cheval impliquant un bébé (le narrateur, donc on ne s'inquiète pas trop pour lui). Avant cela, Wellman fait vivre son petit monde, le montrant évoluer dans de superbes paysages naturels (à l'exception d'une séquence qui en comparaison sent fort le studio). Les trappeurs offrent une galerie haute-en-couleurs, avec notamment un Écossais accompagné de son peintre officiel et des Français qui entre eux ont le bon goût de parler correctement français (on n'en dira pas autant du Clark Gable qui a bien du mal à chanter un vers de Gentille Alouette de manière compréhensible).

Comme souvent à l'époque en revanche, les Blackfeet, à quelques exceptions qui concernent des rôles très secondaires, sont incarnés par des acteurs d'origine européenne ou latinos, comme Ricardo Montalban qui joue Ironshirt. Il ne manque cependant pas d'allure bien que son personnage bénéficie de peu de temps à l'écran et se borne à attaquer les gentils protagonistes. L'hommage final aux pionniers qui ont précédé les colons plus sédentaires, les guerres meurtrières et un génocide, peut paraître bien naïf et gentillet mais il n'efface pas une conclusion douce-amère où Flint et on entourage paient le prix pour cette vie libre dans un cadre grandiose.

Au-delà du Missouri n'a pas l'ampleur qu'on aurait pu espérer d'un film en technicolor montrant les grands espaces mais la peinture de la petite communauté des trappeurs n'est pas dépourvue de charme et la splendeur des paysages en fait un plaisir à regarder.