Alors que le dernier épisode de la saison a été diffusé hier soir, que penser de ce livre IV de la série créée par Alexandre Astier? Pas mal de chose, ça, on peut dire qu'il nous a donné du grain à moudre, le bon roi Arthur.

Les deux premiers livres proposaient des épisodes indépendants, dont le but était à première vue de purement faire rire, bien qu'à partir du Livre II, on perçoit une envie d'aller plus loin: l'épisode Pupi est plus émouvant que drôle et les personnages évoluent: Lancelot, qui dans le Livre I, bien que follement amoureux de Guenièvre, est fidèle à Arthur qu'il considère comme un ami, commence à laisser transparaître des tendances à la traîtrise et n'a plus de respect pour Arthur, ce dernier, bien qu'accablé par la profonde stupidité de Perceval, lui avoue qu'il est son préféré, etc. Le Livre III amorçait un tournant, avec des épisodes doubles, la plupart très drôles mais d'autres ayant pour but de faire avancer l'histoire... Et elle avançait, avec une histoire d'amour entre Arthur et Mevanwi, la femme de Karadoc, le départ de Lancelot, rejoint au final par Guenièvre, lassée d'être la cinquième roue du carosse.

Le Livre IV continue sur cette lancée. Ce qui peut poser quelque inconvénient. En effet, tous les épisodes comiques ne faisaient pas mouche dans les livres précédents, mais à 100 épisodes par saison, ils étaient noyés dans le flot. Là, avec les épisodes au ton plus grave, quand un épisode sensé être drôle loupe le coche, c'est un peu plus gênant. Une certaine baisse de régime s'est par moment faite sentir durant cette saison (mais M6 ne diffusant pas les épisodes toujours dans le bon ordre, on aura peut-être un meilleur équilibre avec le dvd).

Ce bémol mis à part, ce livre IV confirme les ambitions de la série, et son intérêt. Si on a droit à des épisodes simples franchement hilarants (Unagi IV, les Paris II, tout ce qui concerne Yvain et Gauvain) on assiste à plusieurs intrigues entrecroisées: l'armée séparatiste de Lancelot, rallié par le royaume d'Orcanie, l'évolution de la romance Guenièvre/Lancelot, l'échange d'épouses, la perte de pouvoir de la Dame du Lac...).

La dernière semaine a été particulièrement bonne, et ce qui semblait sans importance prend un nouveau relief: par exemple, l'épisode où Arthur demande à Merlin de lui fabriquer des cadres de dissimulation. Au premier abord, juste un stand-alone de plus illustrant l'incompétence de Merlin... Jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que ces cadres sont nécessaires à Arthur pour une mission précise qu'on ne pensait pas lui voir accomplir. Enfin, le suspense reste entier à la fin du dernier épisode. Guenièvre de retour au côté d'Arthur, tant mieux (leurs disputes me manquaient) mais quels seront leurs rapports par la suite? Et Mevanwi? Vu son regard au moment du baptème de Perceval, elle ne compte pas jouer les pauvres femmes dédaignées...

Mais surtout... L'Homme en Noir? Qui est-il? Dans une interview avant la diffusion du livre, Astier avait dit que le grand méchant apparaîtrait cette saison, et j'ai passé celle-ci à le guetter, m'attendant à demi à voir débarquer Mordred... Celui-ci n'arrivant toujours pas, je me suis demandée s'il ne s'agissait pas du roi Loth, tout en en doutant: bien qu'il soit un traître, ce n'est qu'un membre de l'entourage d'Arthur de plus à chercher à profiter d'une situation et la fin du livre semble confirmer qu'il ne fait qu'aller dans le sens du vent. Mais voilà, il a fallu attendre la toute fin du livre pour voir ce méchant, et... On ne sait pas qui c'est! La voix du bonhomme laisse penser qu'il est trop vieux pour être Mordred. Certains parle du roi Ban de Benoïc, père de Lancelot, mais non seulement il est sensé être mort, mais en plus dans la légende il n'a rien de maléfique. Bien sûr, Astier ne suit pas la légende à la lettre, mais on pourrait supposer qu'il choisirait un méchant emblématique. Méléagant?

Réponse en 2007.