Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Luminaires
En pleine ruée vers l'or, Walter Moody arrive à Hokitika en Nouvelle-Zélande pour y faire fortune. Dans le salon de l'hôtel où il est descendu, il fait connaissance de divers habitants des lieux qui s'interrogent sur la mort d'un prospecteur et la tentative de suicide d'une prostituée. Aucun lien entre les deux événements a priori, et pourtant...

Couronné du prestigieux Man Booker Prize, l'équivalent british de notre Goncourt, Les Luminaires est un joli pavé en forme d'exercice de style: Eleanor Catton a visiblement à cœur de ressusciter un certain type de roman victorien à la Dickens ou plutôt à la Wilkie Collins, avec un mystère autour de personnages qui se croisent, chacun possédant ses secrets et dont les histoires vont former un puzzle qui sera complété au fur et à mesure que l'intrigue se déploie. L'intrigue en question est également le moyen de dépeindre la Nouvelle-Zélande de la fin du XIXe siècle avec des thématiques qui ne sont pas sans évoquer le western américain: développement des villes, ruée vers l'or, expropriation des autochtones, exploitation des immigrants chinois... Un southern, en somme.

La plume de Catton impressionne tant elle parvient à restituer une manière d'écrire tombée en désuétude, même si l'exercice n'est pas inédit. De plus, le roman est foisonnant, avec des personnages qui se dessinent progressivement, des liens qui se créent ou apparaissent entre eux. Pourtant, on cerne également vite ce que l'approche peut avoir d'artificiel: toute la première moitié du livre se concentre sur les personnages que vient de rencontrer Moody qui lui relatent le point où ils en sont à son arrivée... Ce qu'ils n'ont finalement pas de grande raison de faire quand bien même Moody a su dissiper leur méfiance initiale en racontant brièvement sa propre histoire. Les cent dernières pages sont constituées de courts chapitres formant un long flashback nous montrant le déroulement des événements avant l'arrivée de Moody... sans véritable twist, on ne fait finalement que décrire ce que l'on avait raconté ou au minimum suggéré avant.

La structure a donc de quoi déstabiliser mais on est marqué par certains personnages comme les pauvres Sook et Anna ou l'inquiétante Lydia Wells. Les descriptions de la vie à Hokitika, les hypocrisies, les arnaques et les espoirs des prospecteurs sont également superbement brossées et l'on s'indigne du sort injuste de certains protagonistes mais le résultat n'en demeure pas moins plus déconcertant que totalement convaincant.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 16 Février 2025, 10:59bouillonnant dans le chaudron "Littérature".