Le Docteur débarque dans le Time Hotel, un établissement qui offre à ses clients des chambres sortants de l'ordinaire: elles sont situées chacune à des époques différentes de l'Histoire de la Terre. Un client attire l'attention du Seigneur du Temps et en voulant y voir plus clair, il va faire la connaissance de Joy, une jeune femme qui se préparait à passer un Noël seule avec ses pensées. Comme elle se retrouve avec une mallette mortelle enchaînée à son poignet, c'est peu de dire que son plan est compromis.

Voilà un an que Ncuti Gatwa faisait ses grands débuts en taulier de la série après s'être extrait de David Tennant à l'issue du dernier épisode anniversaire (hum, je ne crois pas que cela sonne bien. Passons). L'enjeu n'était pas mince puisqu'en plus de le voir aux commandes, on introduisait sa compagne et plus largement le ton à attendre au moins pendant la saison à suivre. Principalement, du rire, des larmes, et des chansons. Cette année, on est loin de tous ces nouveaux départs et on a droit à une petite aventure en solitaire comme l'on en trouve quand le Docteur est séparé de ses compagnons, confirmés ou débutants, ce qui n'était pas arrivé depuis... Les adieux de Twelve?

Une fois n'est pas coutume, l'épisode des fêtes n'a pas été écrit pas le showrunner en place mais on n'a pas pour autant un débutant aux manettes puisque Steven Moffat vient jouer le fantôme des Noël passés à ce poste. Si je ne m'abuse, il tient d'ailleurs le record des épisodes de ce type, qui ont fait preuve d'un degré d'inspiration variable. J'ai une affection particulière pour The Snowmen, Last Christmas ou Twice upon a time mais The Doctor, the Widow and the Wardrobe malgré l'esthétique ou The Return of Doctor Mysterio qui surfait sur la vague superhéroïque étaient plus qu'anodins. Foin de suspense, cette cuvée appartient plutôt à la deuxième catégorie.

Bien que l'existence de Ruby ne soit pas totalement occultée, il n'est pas nécessaire d'avoir suivi la saison précédente, ni même de connaître la série, pour suivre l'intrigue, ce qui en fait un épisode de Noël, qui a vocation à rassembler un plus large public que les fidèles devant la télé, idéal. Ce qui est moins idéal, c'est que l'intrigue est mince même si le scénariste a l'occasion de caser ses marottes. On a ainsi un Docteur forcé de passer du temps sur Terre en attente d'une date précise pour retrouver son TARDIS et un paradoxe. Cependant, l'épisode joue en premier lieu la carte de l'émotion, en plusieurs temps. Alors que l'on s'attendait à un duo formé par le Docteur et Joy, ils sont vite séparés et la jeune femme disparait un bon moment de l'épisode avant de reprendre une place de premier plan.

C'est, il me semble, le premier épisode à évoquer le COVID, sans pour autant en dire le nom, et si une partie du public se reconnaîtra forcément dans la détresse et la colère de Joy, cela ne va pas sans maladresse, avec une fin que l'on nous vend merveilleuse mais qui ne l'est pas franchement, sans que l'on sache à quel point l'ambiguïté est volontaire. Nicola Coughlan est une bonne invitée de Noël, à la fois facilement attachante et touchante tandis que Joel Fry n'est finalement pas très présent, vite éjecté du récit même si on est chez Moffat, la survie même symbolique trouve toujours son chemin.

On ne tient pas là un épisode qui restera dans les annales, avec une intrigue trop légère et en même temps une tendance à beaucoup tirer sur la corde sensible avant d'essayer d'y aller à fond dans son rapport à Noël (de manière moins laïque qu'avec les habituels sapins et Père Noël, tueurs ou non). Pas un grand cru même si l'on prend toujours un petit plaisir à revoir le Docteur pour les fêtes, tout en attendant plus consistant de la saison à venir.