Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Douglas is Cancelled
Douglas Bellowes, présentateur-star de la télévision britannique, anime depuis trois ans une émission en compagnie de la jeune Madeline Crowe. Quand un tweet l'accuse d'avoir raconté une blague horriblement sexiste lors d'un mariage, l'entourage de Douglas se presse autour de lui pour désamorcer le scandale qui menace. Madeline semble lui apporter son aide mais son attitude ambigüe suscite la méfiance de la femme de Douglas et déstabilise ce dernier.

Cela faisait un bail que je n'avais pas été attirée par une série diffusée à la télévision britannique si l'on excepte les nouvelles saisons d’œuvres débutées il y a déjà un paquet d'années, telles Inside n°9 par exemple. Ce n'est pas que les scénaristes soient à court d'inspiration mais ils les concrétisent plutôt sur les plate-formes de streaming ces dernières années. Après son départ de Doctor Who en tant que showrunner, Stephen Moffat n'a pas chômé mais avec un succès discutable: son adaptation très libre et moderne de Dracula avec son comparse Mark Gatiss a déconcerté et n'a pas réitéré l'enthousiasme suscité par Jeckyll et surtout Sherlock. Son désir de porter à l'écran The Time Traveler's Wife s'est concrétisé sur HBO mais la série a été annulée après une saison (et n'avait-il pas déjà largement traité le thème avec l'arc de River Song?).

Projet plus modeste en apparence avec quatre épisodes de 40 minutes, un casting réduit et un nombre de décors limité, Douglas is Cancelled voit le scénariste revenir à ce qui fait son fort: un point de départ simple en apparence mais qui ne va pas évoluer dans la direction la plus prévisible, des dialogues dynamiques et une manière de distiller l'angoisse sans avoir l'air d'y toucher. Ainsi, si la minisérie est vendue comme une comédie, prenez garde: oui, on croise des personnages outrés et lunaires comme l'agent de Douglas, l'assistante paniquée de sa femme Sheila ou un humoriste particulièrement calamiteux, des quiproquos faciles (le patron incapable de se souvenir du visage de son chauffeur et qui met les pieds dans le plat), des caricatures (encore que) comme la fille du personnage principal, étudiante dont l'"activisme" se résume à critiquer agressivement ses parents sans renier le confort qu'ils lui offrent. Néanmoins, très vite on ne sait plus trop sur quel pied danser tout en comprenant que la figure centrale de la série est moins Douglas que sa collègue Madeline.

En retweetant l'accusation lancée contre Douglas tout en y apportant ce qui semble être un message de soutien à son partenaire, cherche-t-elle à l'aider, à mettre de l'huile sur le feu et si oui, pourquoi? Par ambition? Par vengeance? La blague de Douglas est-elle un écart qui suscite des réactions excessives exacerbées par les réseaux sociaux ou cache-t-elle en fait quelque chose de plus grave? On dévoile peu à peu les personnages, les contentieux et les rancœurs à travers un troisième épisode empli de tension. La comédie laisse alors la place à ce qui ressemble bien plus à un thriller psychologique, les personnages sont pris dans une mécanique implacable mais comme ils s'y sont pour la plupart coincés d'eux-même par leur comportement, on ne les plaint pas spécialement. Le ton est féroce et quasiment tout le monde en prend pour son grade. De ce fait, ceux qui se lanceraient dans cette série en espérant seulement voir Moffat dézinguer la cancel culture et les tribunaux populaires qui se forment sur les réseaux sociaux risquent d'être déçus, il s'agit davantage d'un point de départ que du propos principal.

Pour soutenir ce dernier, un rien démonstratif sur la fin, le scénariste s'est entouré d'un casting d'interprètes avec qui il a pour la plupart déjà travaillé. Bon, Hugh Bonneville est seulement passé durant son run sur Doctor Who pour jouer dans le sympathique mais pas transcendant The Curse of the Black Spot. Il est en tout cas ici impeccable, son physique rassurant idéal pour un rôle de présentateur devenu une institution mais que l'on sent par moment moins bonasse qu'il ne le fait croire. Ben Miles était le séducteur Patrick dans la sitcom de Moffat Coupling, le voici en boss nerveux et dépassé mais qui lui aussi ne réalise pas encore que ce qui ressemble à un simple mauvais buzz va faire ressortir de sacrés dossiers. Alex Kingston est à son aise en journaliste de presse à scandale qui défend son mari tout en sachant pertinemment comment une carrière peut être détruite tandis que Simon Russell Beale apporte un peu de légèreté dans le rôle d'un agent à côté de la plaque. C'est cependant Karen Gillan qui domine la série. Son jeu me paraissait parfois approximatif lorsqu'elle incarnait Amy Pond mais elle a désormais davantage d'expérience et elle se montre à l'aise pour restituer les différentes facettes de son personnage.

Stephen Moffat n'a rien perdu de son habileté et de sa capacité à mener un récit dans des directions inattendues tout en maintenant la tension derrière des saillies humoristiques. Comme il tempère ici ses excès en matière de construction alambiquée ou de bonnes idées parfois empilées frénétiquement, Douglas is Cancelled se révèle une minisérie de qualité, particulièrement bien servie par son casting.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 1 Novembre 2024, 17:56bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".