Commandant de l'armée de l'air spécialiste des drones, Paul Leclerc perd son fils, également militaire, lors d'une opération au Mali. Bientôt le père éprouvé soupçonne qu'on lui cache la vérité sur ce drame. Le responsable de la mort de son fils ne se cacherait-il pas tout près de lui?

Stéphane Bern n'est pas le premier, et certainement pas le dernier, animateur ou présentateur à se retrouver acteur de fiction. Peut-être se dit-on qu'une personnalité habituée aux caméras et qui s'est déjà, en quelque sorte, créée un personnage populaire peut harmonieusement passer d'un métier à l'autre. Pour l'honneur d'un fils ne marque d'ailleurs pas ses débuts en la matière mais si ce téléfilm certifié France Télévisions a attiré l'attention dès ses premières images, c'est évidemment à cause du décalage entre l'interprète et le rôle confié: celui d'un militaire implacable dans sa quête de vérité et de justice. La première diffusion avait suscité l'hilarité par une scène impliquant un drone qui avait fait le tour des réseaux sociaux. Loin d'enterrer cet objet bizarre dans ses archives, France 3 l'a généreusement rediffusé cette semaine.

Est-on pourtant face à un vrai gros nanar? Malheureusement, le résultat peut décevoir les attentes. Certes, avant même d'ouvrir la bouche, Stéphane Bern peine à convaincre en officier chevronné et en meneur d'hommes (alors qu'il doit bien savoir chapeauter des équipes pour concevoir ses émissions). Il déploie des efforts méritoires pour jouer le père blessé sans être brisé mais se heurte sans arrêt au cerveau du spectateur incapable d'associer son image au rôle qu'il est censé jouer. Cela en fait l'erreur de casting la plus fabuleuse depuis que John Wayne a accepté d'incarner Gengis Khan. Il y a bien sûr la grotesque scène du drone et le happy-end lénifiant de dernière minute en mode pub Ricoré. Cela fait tout de même trop peu pour 1h35 de métrage.

Pour l'honneur d'un fils est pour le reste un banal téléfilm policier comme la chaîne public en diffuse régulièrement. L'intrigue est prévisible. On soupçonne le coupable dès son apparition à l'écran. Le soupçon devient certitude cinq minutes plus tard quand il dévoile au héros son Audi flambant-neuve. La réalisation abuse parfois des gros plans mais est généralement d'une grande platitude, il ne se dégage aucune ambiance, aucune tension, tout est parfaitement passe-partout. On ne tire aucun parti des paysages. Hormis lors de l'affrontement épique à flanc de falaise, complètement mal foutu, donc. Drones mis à part, ce téléfilm pourrait dater des années 90 sans que cela choque outre mesure.

Le casting qui épaule Stéphane Bern est habitué de ce type de productions France Télévisions bien que Constance Dollé notamment a pu s'illustrer dans certaines qui étaient autrement mieux écrites et plus prestigieuses comme Un village français. Impliqué dans LA séquence nanarde, Bruno Debrandt cabotine mais n'a pas tellement le temps de marquer plus durablement le téléfilm. Néanmoins, dans l'ensemble, tout le monde fait mollement le taf, probablement conscient qu'il n'y avait pas matière à s'illustrer et que ce téléfilm irait rejoindre une foultitude d'autres dans les limbes de l'oubli. C'était compter sans la puissance de conviction d'un Stéphane Bern brandissant un flingue.

Hormis l'incrédulité constante générée par le rôle principal et quelques fulgurances, Pour l'honneur d'un fils manque de folie pour se révéler vraiment amusant. Reste un petit téléfilm qui serait passé inaperçu sans l'aura particulière de Stéphane Bern et son agilité à piloter des drones à l'aveugle.