Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Ring
Après la mort brutale de sa nièce Tomoko, la journaliste Reiko Asakawa enquête sur une mystérieuse cassette-vidéo dont le visionnage entraine la mort dans les sept jours. La jeune femme remonte la piste de la fameuse VHS et la regarde. Quand son fils fait de même, elle est d'autant plus motivée pour découvrir l'origine de la malédiction et y mettre fin.

Il est des films qui tombent à pic. Ring de Hideo Nakata, d'après le roman de Koji Suzuki, est de ceux-là. Sorti au Japon en 1998 et immense succès, il utilise comme vecteur du mal une VHS, objet familier qui a fait partie de ses étapes importantes dans notre rapport au cinéma, puisque l'on ne dépendait plus des programmations en salle ou à la télévision pour voir et revoir les œuvres. Arrivé en France en 2001, il a bénéficié d'une autre mutation: les VHS commençaient à être ringardes mais pas suffisamment pour que le film paraisse préhistorique; on entrait cependant non seulement dans l'ère du support DVD mais surtout dans celle du téléchargement sur internet et du DivX. Telle la mystérieuse cassette du film, Ring a bénéficié d'un impressionnant bouche-à-oreille et circulé d'une manière parfois douteuse qui a cependant contribué à son aura. D'autant plus qu'en France, la vague des slashers américains provoquée par le succès de Scream s'était déjà retirée, laissant la place à un autre genre d'horreur auquel le public n'était pas habitué.

À revoir un quart de siècle après, Ring fait-il toujours autant d'effet? La séquenced'ouverture, qui en dévoile le moins possible, pose les bases mais les scènes de flippe sont finalement rares. On suit avant tout l'enquête de Reiko, enquête d'abord menée pour élucider la mort de sa nièce mais dont les enjeux vont grimper après que la vie de la journaliste et surtout de son jeune fils se retrouvent également en péril. Le déroulement est parfois déconcertant: Reiko fait visionner la cassette à son ex-mari sans s'inquiéter pour lui outre-mesure et alors qu'il n'est pas du tout sceptique, il ne lui en voudra même pas de l'avoir mis dans cette galère. Une fois sur l'île où tout a commencé, le couple de protagonistes avancera à coups de visions qui leur dévoileront opportunément les origines de la malédiction. Certes, il y a dès le départ un pouvoir de télépathie dans l'intrigue mais c'est un peu trop pratique pour être totalement honnête, tout comme la parade de fin qui malgré tout utilise le concept de la vidéo pirate, faite pour être reproduite et transmise.

Le calme apparent et la froideur ambiante permettent de faire soigneusement monter l'anxiété alors que l'échéance se rapproche. L'existence de la cassette reste finalement mystérieuse, pas de pourquoi du comment, concrètement, les images se sont fixées sur la bande. Ryuji, l'ex-époux, avance une explication symbolique, il ne s'agirait que de la matérialisation des angoisses du temps, ce qui rend toute destruction définitive superflue (les personnages n'envisagent d'ailleurs jamais de brûler la bande, moins peut-être parce que le scénariste a préféré écarter cette solution que parce qu'ils sont conscients que d'une manière ou d'une autre, ce serait vain). La grande scène de fin, celle qui a été imitée, parodiée, qui a intronisé Sadako comme figure incontournable de l'horreur, n'a en tout cas perdu en rien de son efficacité, et le fait que ce qui a précédé ne cédait pas aux effets spectaculaires n'est pas pour rien dans son impact.

Dans le rôle principal, Nanako Matsushima, peu connue dans nos contrées mais habituée des séries télévisées au Japon, porte bien son rôle d'enquêtrice obstinée et surtout de mère prête à tout pour sauver son fils mais pâti forcément de l'écriture de son personnage dont les actions et le détachement occasionnel créent une distance avec le spectateur. Il en est de même avec le personnage de Ryuji qui apporte son aide sans traîner les pieds mais parait presque indifférent au sort de son fils et au sien propre bien que sans doute ses efforts pour débusquer Sadako parlent plus que ses mots. Contrairement à Matsushima, Hiroyujki Sanada est un visage plus familier, pour ceux qui ont grandi avec San Ku Kaï mais aussi car il a par la suite joué dans pas mal de productions occidentales comme Sunshine ou plus récemment Westworld et Shogun.

Fer de lance d'une palanquée de films d'horreur asiatiques qui ont enfin pu bénéficier chez nous d'une distribution correcte, Ring accuse son âge en terme de technologies représentées à l'écran, sans profiter encore d'une patine nostalgique dont les années 80 ont largement joui ces dernières années. La figure du fantôme à longs cheveux gras cachant le visage et aux mouvements saccadés a aussi été surexploitée. Pourtant, Ring conserve son efficacité dans ses moments les plus intenses, de même que sa place de petit classique.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 1 Septembre 2024, 17:45bouillonnant dans le chaudron "Films".