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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Butch Cassidy et le Kid
À la tête de leur gang, Butch Cassidy et le Sundance Kid sont responsables d'attaques de trains et de braquages de banques. Leur audace et leur réussite leur valent d'être traqués sans relâche. Butch propose alors à son complice d'exercer leurs talents en Bolivie.

Les années 60 tiennent une place étonnante dans l'Histoire du western: d'un côté, le western américain perd de sa popularité mais livre quelques pépites, notamment L'homme qui tua Liberty Valence par l'un des piliers du genre, John Ford, tandis qu'émerge Sam Peckinpah qui y injectera une violence particulièrement corsée. Les films se font plus contestataires, plus sombres, les producteurs et réalisateurs conscients que les Italiens, tournés en dérision au départ, ont changé la donne à la suite de Sergio Leone. Alors que la décennie suivante arrive, deux films sortent la même année qui pourraient superficiellement traiter de la même intrigue mais qui l'abordent de façon totalement différente. En effet, on y voit des hors-la-loi yankees traqués après un casse de trop se réfugier en Amérique latine pour y continuer leurs méfaits jusqu'à ce que leur carrière s'achève dans une fusillade homérique et ravageuse. D'un côté, La Horde sauvage de Sam Peckinpah, de l'autre, Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill. Ironiquement, les vrais Butch Cassidy et Sundance Kid ont fait partie d'une bande appelée la Horde sauvage.

George Roy Hill instaure une ambiance très détendue, portée par le caractère des deux personnages principaux. Butch Cassidy est un beau parleur qui n'utilise pas d'armes à moins d'y être contraint. Le Kid de Sundance est un as de la gâchette taiseux. Les deux sont inséparables et forment un ménage à trois avec une institutrice, Etta Place. Pourtant, malgré leur proximité, ils ont encore quelques petites choses à découvrir l'un sur l'autre, leur véritable nom, par exemple. Les personnages sont sympathiques, leur bande dépeinte de manière bon enfant: quand certaines ambitions menacent de mettre le feu aux poudres, la bagarre qui pourrait devenir destructrice prend une touche comique. La fin des deux compères, qui les montre enfin malmenés et ensanglantés, est inéluctable mais le choix du plan final est éloquent: on les fige ensemble pour l'éternité, habités d'un regain d'optimisme et inconscients du nombre d'ennemis qui les guettent, condamnés à être criblés de balles mais toujours vivants quand le générique arrive.

William Goldman, le scénariste à qui l'on doit quelques films cultes tels que Princess Bride, leur mitonne des dialogues ciselés mais ponctuellement laisse émerger de la mélancolie sous les dehors cool de ses protagonistes et leurs coups audacieux: l'incapacité à obtenir une amnistie aux États-Unis, les promesses non-tenues de la Bolivie, celle, tenue, d'Etta qui les a prévenus qu'elle les quitterait pour ne pas avoir à contempler leur mort... George Roy Hill opte pour sa part pour une réalisation classique qui met en valeur les paysages et les décors, prend son temps sur les intermèdes comme la fameuse balade en bicyclette ou le montage enjouéedes braquages en Bolivie (qui tire tout de même un peu en longueur). Il cède une fois à l'usage du ralenti, lors d'un affrontement lors duquel Butch est contraint de tuer pour la première fois. C'est également la première fois du film, tardivement, qu'apparait un impact de balle sanglant, comme si le réalisateur voulait dire: "on a bien rigolé mais là c'est grave, je vais donc faire du Peckinpah". À moins vu le hurlement exagéré du bandit, qu'il était dans la parodie...

Bien sûr, le film ne serait pas grand chose sans les interprètes. Paul Newman et Robert Redford y forment un duo qui fera ses preuves au point de se reformer quelques années plus tard dans L'Arnaque. Leur alchimie est indéniable mais le premier, plus expérimenté et doté du personnage qui a généralement les meilleures répliques fait plus forte impression. Katharine Ross parvient à tirer son épingle du jeu à partir d'un rôle qui ne semble au départ être là que pour apporter une touche féminine dans cet univers de mecs. On croise brièvement quelques tronches comme Strother Martin, habitué du genre (d'ailleurs aussi présent dans La Horde sauvage) ou encore Kenneth Mars qui s'illustrera chez Mel Brooks.

La désinvolture apparente des personnages et par ricochet du film semble à contre-courant des évolutions du western de l'époque. Plutôt que de regarder en arrière, Butch Cassidy et le Kid annonce les buddy-movies à venir. Il s'avère réjouissant même si l'on rêve par moment à un peu plus de profondeur.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 11 Juillet 2024, 23:10bouillonnant dans le chaudron "Films".