Aegon bout d'impatience face à son conseil qui ne semble pas pressé de reprendre Harrenhal à Daemon. Cole et Aemond ont un autre plan et leurs forces se dirigent vers la plus petite mais stratégique place forte de Rook's Rest. Rhaenyra pense s'y rendre elle-même mais décide finalement d'y envoyer Rhaenys.

Quand on a lu Fire and Blood, il y a plusieurs moments que l'on attend avec impatience et appréhension de voir retranscris à l'écran. La plupart sont horrifiques et l'on en a déjà vu un dès le premier épisode de la saison (qui ne m'a pas vraiment convaincue sur ce point), d'autres sont davantage épiques bien que là encore, extrêmement violents. Forcément, dans une guerre qui oppose des Targaryens encore dotés de dragons, il y a deux affrontements aériens qui promettaient des merveilles avec les moyens dont une série du calibre de House of the Dragons peut se prévaloir et enfin, après une moitié de saisons à intriguer, faire des coups en douce, négocier ou temporiser, on a droit au premier d'entre eux. Pas si vite, cela dit car il ne s'agit pas d'un épisode entier de bataille comme Game of Thrones a pu en offrir. C'est d'ailleurs Alan Taylor derrière la caméra, habitué de la chaîne HBO et de la série-mère mais qui, s'il y avait signé des épisodes importants, n'était pas derrière ceux consistant en affrontements détaillés et spectaculaires.

Ce qui précède nous y conduit doucement mais sûrement. Daemon est bien calé à Harrenhal mais pour une fois semble moins sûr de lui, hanté par des visions dont on ne sait pas encore ce qu'elles doivent à sa conscience bien cachée qui aurait des choses à lui dire, au lieu sinistre ou à la mystérieuse Alys Rivers. L'oncle/époux de Rhaenyra est moins fier-à-bras que d'habitude et même quand il suggère une félonie au jeune Oscar Tully, son cynisme tombe à plat sans que l'on sache vraiment si c'est volontaire pour montrer que son esprit n'y est pas tout à fait ou si l'on atteint les limites du jeu de Matt Smith, dont le physique et les expressions ne traduisent pas toujours la dureté de son personnage. À Port-Réal l’esprit d'Aegon s'échauffe aussi. Alicent est trop occupée à gérer les conséquences de ses actions, plus ou moins attendues, Aemond profite de son valyrien fluide pour asseoir sa supériorité sur son aîné et Larys... fait du Larys.

C'est l'épisode de Rhaenys cependant, ce qui annonce que ce sera son baroud d'honneur. De quoi établir qu'elle n'est pas dupe sur les origines du sauveur de son mari avant qu'elle aille vers son destin. La scène du départ pour la bataille en parallèle de Rhaenys et Meleys d'un côté, d'Aegon et Sunfyre de l'autre est superbe bien que le rappel à la Chanson de Glace et de Feu est un peu redondante. Sunfyre est un des plus beaux dragons de la série, comme il se doit, on regrette donc son rôle restreint (mais crucial...). La manière dont Aegon lui-même s'éclaire à son contact ajoute une nouvelle couche de profondeur au personnage mais si l'épisode, ici et plus tard, insiste sur le lien entre les dragons et leur humain, cela fait surtout ressortir à quel point le fait d'avoir épargné Laenor, même partante d'une bonne intention, était une idée bancale à plus d'un titre.

On en arrive à Rook's Rest donc. La bataille sur terre ne restera pas dans les annales de la série, on sent que ce n'est pas là un des grands moments recherchés et soigneusement préparés, l'essentiel se passe dans les airs, en plusieurs temps, et les affrontements entre dragons sont plus détaillés que lors de la bataille de Winterfell. Par temps dégagé, ça aide forcément. Contrairement au livre, pas d'effort conjoint à deux contre un avec Aegon et Aemond contre Rhaenys mais un roi qui se précipite sans prévenir pour prouver sa valeur et pas de mêlée entre les trois dragons. Si en fin de saison 1 le scénario s'éloignait du texte pour montrer Aemond tuer involontairement Lucerys, ici c'est l'inverse, on est dans la tentative de fratricide pure, l'occasion faisant le larron. Rhaenys aura en tout cas été un des personnages les plus charismatiques et raisonnables, on ne peut que regretter que La reine qui ne Fut Jamais ne l'ait pas été. Ceci dit, si ses compétences ne sont pas en cause, tout enfant issu d'un mariage avec Laenor aurait vu sa légitimité contestée donc la Danse des Dragons était-elle évitable si elle avait été choisie plutôt que Viserys ou aurait-elle eu lieu seulement avec des acteurs un peu différents?

On ne va pas refaire l'Histoire, surtout quand elle est fictive. The Red Dragon and the Gold réussit en tout cas à offrir une nouvelle scène spectaculaire à inscrire au panthéon de l'univers du Trône de Fer en série et à rebattre les cartes car chaque camp a reçu un coup majeur.