Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Tosca (1976)
À Rome en 1800, l'ancien consul de la République, Angelotti, s'évade de prison. Recherché par le baron Scarpia, chef de la police, il reçoit l'aide du peintre Mario Cavaradossi. Ce dernier a une liaison avec la cantatrice Floria Tosca qui soupçonne une infidélité de sa part. Scarpia va exploiter la jalousie de Tosca. Celle-ci va alors tout tenter pour sauver Mario.

Ah ben mince! Il est mort!

Le film d'opéra serait-il le type de long-métrage le plus ardu à porter à l'écran? L'on pourra faire remarquer que n'importe quel genre ou narration présente ses propres difficultés (combien se sont cassés la figure en pensant que parce que le found-footage demandait peu de budget, il suffisait de secouer une caméra dans l'obscurité pour faire la blague?). Ici, en l'occurrence, beaucoup de contraintes techniques pour un résultat dont l'artificialité rebute facilement. C'est dans les années 70 que le genre a cependant connu son essor bien qu'il soit apparu dès l'arrivée du parlant. Mes incursions de ce côté ont été rares et en fait, datent toutes de mon enfance: j'ai quelques images lointaines du Carmen de Francesco Rosi, du Don Giovanni de Losey et je me souviens d'une autre Tosca, celle de 1992, qui avait eu pour particularité d'être filmée sur les lieux de l'action (comme celle dont il est question dans cet article), filmée à l'heure de l'action, et surtout diffusée à l'heure de l'action: je ne suis pas certaine d'avoir vu le premier acte mais j'ai en tête la mort de Scarpia et surtout la fin du troisième acte: c'était les grandes vacances, la famille s'était levée tôt avant de partir pour la Bretagne par les routes et on avait à peine regardé Floria Tosca se jeter des remparts du Castel Sant'Angelo qu'on se prenait la tête pour faire tenir les valises dans le coffre de la voiture.

Cette version-ci de l'opéra de Puccini, d'après une pièce de Victorien Sardou, est un téléfilm (ce qui implique un format 4/3) de Gianfranco de Bosio, habitué des mises en scène d’œuvres lyriques. Il plonge directement le spectateur à la suite d'Angelotti se rendant à la basilique Sant'Andrea della Valle depuis les geôles du Château Saint-Ange (15 minutes à pied d'après Google Maps, ça se tient). De quoi nous mettre dans l'ambiance avant même que la musique dirigée par Bruno Bartoletti, ne démarre, les décors romains étant toujours cinégéniques (et particulièrement spectaculaire lors de la scène du Te Deum et du final). La mise en scène saura les mettre en valeur et sans faire preuve d'une audace folle, se hisse bien au-dessus de ce que l'on pouvait craindre d'une production télévisuelle de l'époque, n'hésitant pas à tourner autour des chanteurs à l'occasion ou adoptant le point de vue de Scarpia quand il se traine mourant (enfin presque puisque l'on voit l'arrière de sa tête brièvement).

Tosca n'apprécie pas la dernière croute de Mario pour toutes les mauvaises raisons

Les fautes de goûts ne sont pas tout à fait absentes malgré la classe des décors et des costumes, la plus notable étant le portrait de Marie-Madeleine de Mario qui ne fleure pas le début du XIXe siècle et aurait plus sa place sur une couverture d'heroic-fantasy ou de romances de l'année de production... Bien sûr, il faut aussi intégrer les conventions du genre car si Tosca se prête fort bien à une adaptation à l'écran, on conserve les conventions qui passent très bien sur scène mais semblent vite très étranges au cinéma dans un cadre par ailleurs réaliste: il faut donc accepter que les héros beuglent à tous les vents des informations confidentielles avec des gardes à deux mètres d'eux... Contrainte technique supplémentaire, le chant est post-synchronisé ce qui se repère à l'occasion.

Il n'y a par ailleurs pas de quoi bouder son plaisir: les interprètes sont au sommet de leur forme. Placido Domingo arrivait notamment avec déjà une parfaite maîtrise du rôle et si sa voix fait des merveilles, son jeu d'acteur est adéquat, notamment sur la fin où l'on devine qu'il n'est pas aussi naïf que sa bien-aimée mais donne le change face au peloton d'exécution. Raina Kabaivanska campe une Tosca qui peut paraître moins flamboyante que je m'imaginais le personnage mais pleine de caractère. Les reproches tiennent finalement plus à la protagoniste qu'à l'interprétation car toute cette tragédie aurait pu être évitée sans sa jalousie. D'un autre côté, la tragédie tient justement aux efforts méritoires mais vains qu'elle fait pour rattraper sa faute et sauver son amant. Pas de Tosca sans Scarpia, l'un des méchants les plus mémorables du monde de l'opéra. Sherill Milnes est un choix intéressant car plus jeune que d'ordinaire et malgré un faux nez crochu, plus sexy que ce que l'on peut attendre du rôle. Il n'en reste pas moins sinistre, dangereux et vicieux, sirotant son café en contemplant la détresse de Tosca avec délectation, prédateur sans tomber dans la caricature du vieux dégoûtant. Alfredo Mariotti campe un sacristain amusant, seule touche d'humour mais utile au déroulement de l'intrigue, vite évacuée cependant face à la gravité des événements.

Moment insoutenable durant lequel Scarpia fait pression sur Tosca pour qu'elle lui passe le sel.

N'en déplaise à Sergio Leone qui dans ses entretiens avec Noël Simsolo ne cachait pas son manque d'intérêt pour les films d'opéra qui à ses yeux ne pouvaient être que ridicules, cette version de Tosca est un spectacle hautement recommandable, servi à merveille par une réalisation mettant en valeur les lieux de l'action et par des interprètes inspirés.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 23 Juin 2024, 17:26bouillonnant dans le chaudron "Films".