Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Un bon indien est un indien mort
Lewis, Ricky, Gabe et Cass sont quatre amis d'enfance ayant grandi dans une réserve du Montana. Dix ans après avoir abattu un troupeau de caribou, dont une femelle sur le point de mettre bas, ils sont confrontés à un esprit vengeur.

C'est sous ce titre provocateur, surtout dans la traduction française qui reprend l'intégralité de la formule prêtée au général Sheridan, que Stephen Graham Jones, auteur pikuni membre de la confédération Blackfeet, offre ce thriller d'épouvante remarqué. On suit une histoire de vengeance bien particulière: quatre amis vont être poursuivis et tués les uns après les autres par une de leur victime qui ne va pas s'inquiéter des dommages collatéraux. Recette essorée de slasher, n'est-il pas? Si ce n'est que le quatuor de jeunes Blackfeets a massacré en braconnant des caribous et que le bogeyman est une membre du troupeau revenue sous forme humaine pour régler ses comptes. Déjà moins essoré.

Le roman est l'occasion évidemment d'en découvrir un peu plus sur les Blackfeet, d'aborder des problèmes récurrents de la vie dans une réserve, de parler de racisme, de la survivance des traditions à travers l'épisode de la hutte de sudation... Néanmoins, Stephen Graham Jones ne perd jamais non plus de vue qu'il est là pour faire frissonner et à ce titre, on a droit à des séquences pleines de suspense comme celle où Lewis tente de démasquer la Femme à Tête de Caribou, où l'on craint à la fois qu'il ne se trouve en face d'elle et qu'il se trompe sur son identité pour tuer une innocente. Les personnages parviennent à être attachants même si certains comme Gabe ont l'air au premier abord de sacrés cas sociaux et on tremble pour Denorah, sa fille basketteuse prise malgré elle dans une histoire qui la dépasse. Le romancier parait sans pitié pour ses personnages comme si ceux-ci ne pouvaient connaître comme destin que le massacre mais malgré tout les dernières pages injectent un nouvel espoir et s'avèrent étonnement émouvantes. De plus, l'humour n'est pas absent dans les dialogues car les protagonistes, quand tout ne bascule pas dans la terreur, ont le sens de la formule. On peut parfois penser à Reservation Dogs bien que l'ambiance soit naturellement plus à l'horreur qu'à la comédie dans ce mélange des tons parfois incongrus et le côté paumé des personnages qui cherchent un sens à ce qui leur arrive dans un monde sans grandes perspectives pour eux.

Thriller haletant et vrai roman d'horreur, Un bon indien est un indien mort tire également tout le parti de son cadre inhabituel dans le genre. Stephen Graham Jones est déjà un écrivain prolifique dont la carrière a débuté il y a bien vingt ans. Il était donc largement temps que son œuvre arrive chez nous.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 24 Juin 2024, 18:41bouillonnant dans le chaudron "Littérature".