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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Cheyennes
Survivant à grand peine dans la réserve aride où on les a envoyé, lassés des promesses d'aide non tenues par le gouvernement, les Cheyennes décident de retourner sur leurs terres ancestrales. Poursuivis par la cavalerie, leur voyage de plusieurs milliers de kilomètres est semé d'embûches.

Ultime western de John Ford, Les Cheyennes est souvent considéré comme une manière pour lui de faire amende honorable dans sa dernière ligne droite après avoir régulièrement placé les Amérindiens en position d'antagonistes et d'agresseurs de braves pionniers. C'est naturellement extrêmement réducteur car si les Apaches de La Chevauchée fantastique sont une menace prétexte pour les passagers de la diligence de se révéler face au danger et pour offrir une scène d'action spectaculaire, d'autres films du réalisateur sont bien plus nuancés: les Apaches, encore eux, du Massacre de Fort Apache font par exemple preuve d'une colère légitime face à un commissaire aux affaires indiennes malhonnête et la bataille aurait pu être évitée sans les envies de gloire du colonel campé par Henry Fonda. Ici cependant, il y a une volonté de mettre en valeur les Cheyennes et leurs coutumes, de les montrer comme bien moins belliqueux que leur réputation ne les présentait et d'adopter leur point de vue. Le résultat a été reçu tièdement et des années après le film reste imparfait. Je précise que je ne l'ai pas vu dans les meilleures conditions, via une édition DVD qui ampute le film de plus de 10 minutes et l'encadr de bandes noires de format 16/9 qui écrasent l'image, peu adaptées aux écrans plats qui n'étaient pas démocratisés à l'époque de la sortie de la galette.

L'intrigue suit parallèlement les Cheyennes quittant la réserve où on les a cantonnés pour gagner le Wyoming, accompagnés par une institutrice quaker, Deborah, et le régiment de cavalerie chargé de les ramener en Oklahoma. Ces troupes sont dirigés par le capitaine Archer, lassé des guerres, conscient de l'injustice que subissent les Cheyennes et qui tente de limiter les dégâts, contrairement au bouillant lieutenant Scott, avide de combats car son père a été tué par des Cheyennes quand il était enfant. La presse surenchérit dans le sensationnel pour montrer les Cheyennes comme une véritable menace, gonflant le nombre de victimes de manière exponentielle. Le seul journal que l'on voit prendre leur défense ne le fait qu'après les avoir présenté en sauvages massacreurs de paisibles fermiers pour se démarquer des autres feuilles de choux qui l'ont suivi sur le même thème. Une séquence comique à Dodge City nous montre une civilisation uniquement tournée vers la boisson et le jeu, où Wyatt Earp et Doc Holliday sont bien loin des personnages de tragédie représentés par le même John Ford des années auparavant dans La Poursuite infernale. Un officier qui a tout appris sur les Cheyennes dans les livres et parait curieux plutôt qu'hostile vis-à-vis d'eux va cependant se montrer le plus meurtrier de leurs adversaires par soucis de suivre les ordres sans se poser de questions.

Les intentions sont bonnes. Le résultat moins convainquant qu'on ne le voudrait. Ford prend son temps dans la première partie et on pourrait qualifier son western de contemplatif mais une certaine langueur s'installe. On n'échappe pas, à travers la narration du personnage d'Archer, à un aspect trop démonstratif. De plus, si les Cheyennes sont joués par des Navajos*, figurants habituels des films de Ford tournés à Monument Valley, il est dommage qu'on lui ait imposé pour les rôles plus développés et parlants des acteurs latinos comme c'était encore de coutume, car Ricardo Montalban, Gilbert Roland et Sal Mineo détonnent physiquement par rapport aux autres "Cheyennes" et jouent d'une manière théâtrale désuète. Le film offre cependant des séquences fortes comme celle du baraquement dans lequel les Cheyennes préparent leur évasion ou l'escapade à Dodge City (dont ma version coupait la chute présentant une fuite paniquée de la population face à une menace inexistante... Allez comprendre).

Dans le rôle du compréhensif Archer, Richard Widmark offre une prestation solide tout comme Carroll Baker dans le rôle de sa bien-aimée au grand cœur. Edward G. Robinson n'est pas un habitué des westerns mais il se coule ici bien dans le paysage, aidé par le fait qu'il joue un politicien de l'Est. L'apparition de James Stewart et Arthur Kennedy dans les rôles de Earp et Holliday est savoureuse, d'autant qu'ils ont comme partenaire de poker John Carradine... le joueur sudiste de La Chevauchée fantastique, histoire de boucler la boucle de manière amusante, décalée toutefois face à la pesanteur et au sérieux du reste du film. Mike Mazurki est aussi très bien en sergent d'origine polonaise, tempérant les élans comiques coutumiers de ce genre de personnages dans les films de Ford consacrés à la cavalerie.

Les Cheyennes n'est pas le plus grand western de John Ford et L'Homme qui tua Liberty Valence peut être considéré comme un début d'adieu au genre bien plus remarquable et maîtrisé. On ne peut toutefois pas lui reprocher de manquer de cœur et il offre une conclusion logique à une filmographie plus nuancée qu'on a parfois voulu le dire.

*Le film est apparemment très drôle pour qui parle la langue navajo, les répliques prononcées par les figurants et non-sous-titrées étant l'occasion pour eux de balancer des insanités sans rapport avec ce qui se passait à l'écran.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 9 Mai 2024, 11:37bouillonnant dans le chaudron "Films".