La greffe d'un poumon dote Alex d'un pouvoir qui sera fort utile pour sauver ses amis quand Finn se retrouve possédé par Satan. Rudy 2 veut gagner son indépendance et découvre un cercle de personnes vivant mal les capacités que l'orage leur a accordées. Il se met à imaginer fonder un groupe de véritables super-héros.

La quatrième saison de Misfits m'avait laissé une impression très mitigée. Le renouvellement du casting n'y était pas étranger, les nouveaux venus, mise à part Abbey arrivée tardivement et peu développée, ne suscitant pas la même sympathie que leurs prédécesseurs. Cela avait néanmoins servi le personnage de Rudy qui devenait le garant d'une certaine stabilité. Cette cinquième et ultime saison permet de tempérer certains problèmes. Alex, par exemple, évolue un peu en devant aider les autres et se révèle moins détestable. Son interprète, Matt Stokoe, semble également plus à l'aise à présent que son personnage est mieux défini et arrive à être amusant. Jess se décoince et on en apprend davantage sur Abbey qui offre un décalage toujours plaisant. Son absence de pouvoir avec seul effet de l'orage d'avoir perdu sa mémoire mène à une révélation inattendue alors que l'on avait vraiment l'impression que Howard Overman ne savait plus quoi trouver pour ses protagonistes.

Le grand gagnant de la saison reste Rudy. Rudy 1 et 2 se détachent l'un de l'autre: en évoluant plus souvent chacun de leur côté, ils y gagnent tous les deux et même Joe Gilgun amène plus de nuances dans l'interprétation de son personnage double. Certains épisodes centrés sur lui sont même émouvants comme le troisième où il découvre que son père est affligé d'une capacité similaire à la sienne ou celui dans lequel Rudy 2 vieillit inexplicablement. La volonté de ce dernier de former un vrai groupe de super-héros (à partir d'un pull-over offert par une dame qui tricote le futur, on est bien dans Misfits) amène un fil rouge plus notable que d'ordinaire.

La série garde le ton irrévérencieux qui a fait sa popularité mais comme dans la saison précédente, on surenchérit dans le scabreux. Le pouvoir d'Alex est un exemple flagrant: le voici capable d'absorber les pouvoirs des autres. Un peu comme Seth avant lui? Non, car il ne peut le faire qu'au moyen d'un rapport sexuel. Ce que cela amène au niveau du consentement, de sa part ou de celui des personnages auxquels il faut retirer des pouvoirs, ne sera jamais traité autrement que par le prisme de la grosse farce. Difficile de ne pas sourire quand Abbey ne voit candidement pas le problème en lui demandant de rendre forme humaine à un malheureux transformé en tortue lors de l'orage et cela donne une spectaculaire scène aérienne dans le dernier épisode mais c'est une des petites facilités de la série de continuellement se réfugier dans l'humour en-dessous de la ceinture plutôt que d'aborder frontalement certaines idées. Si la nouvelle équipe a bien pris ses marques, on peut regretter que Finn soit trop souvent cantonné à jouer le type jaloux dès que Jess s'intéresse à un autre homme alors qu'elle ne lui doit absolument rien. On se fait à l'absence quasi-totale de la police dans cette série, les cadavres s'empilent toujours sans la moindre enquête et le toujours hilarant Greg semble décider seul d'imposer des TIGs ou d'y mettre fin.

Cependant, les intrigues permettent d'aborder des sujets délicats avec parfois plus de sensibilité que la vulgarité ambiante ne le laisserait imaginer: l'épisode 5 mettant en scène une jeune femme agoraphobe pouvant transformer les gens en fichiers numériques ou pirater leur esprit traite de la peur du monde extérieur et du danger de s'enfermer (et ici d'enfermer les autres) dans un univers virtuel rassurant mais factice, le suivant de la peur de mourir... Les antagonistes ne sont pas toujours de mauvaises personnes, juste des gens effrayés qui vont profiter de leur pouvoir pour agir égoïstement mais qui restent accessibles à la raison et la compassion. Le twist de l'arc de Rudy 2, s'il n'est pas totalement imprévisible, est sympathique même s'il vaut mieux ne pas être trop regardant sur tout ce qui concerne les voyages dans le temps et les explorations de futurs possibles.

Avec ses délinquants dotés de super-pouvoirs, Misftis aura offert une relecture des histoires de super-héros encore fraiche à l'époque de sa diffusion et si elle ne s'est pas caractérisée par son adresse à force de se complaire dans ses provocations très adolescentes, la série se sera révélée attachante.