Alors que Rudy et Curtis découvrent leur dernier agent de probation, deux nouveaux condamnés à des TIG les rejoignent, eux aussi affectés par un pouvoir: Jess, dotée d'une vision à rayon X et Finn doué de télékinésie. Tandis que Jess s'intéresse à Alex, collègue barman de Curtis qui garde ses distances, les ennuis les plus fous continuent de poursuivre la petite équipe de bras cassés.

Quand tous les membres du casting principal quitte le navire d'une série, n'est-ce pas le moment de clore celle-ci? C'est ce que l'on pourrait penser maisce n'est pas toujours ce qui se passe, on peut également y voir l'occasion de relancer une machine qui risquerait de ronronner en y introduisant de nouveaux protagonistes avec évidemment le risque que la greffe ne prenne pas. Au moins, dans le cas de Misfits, la transition se sera faite par étapes: la saison précédente voyait le départ de Nathan vite remplacé par le bouillonnant Rudy et son dernier épisode s'achevait sur les adieux d'Alisha et Simon. Cette fois-ci, on démarre en apprenant le départ de Kelly, Lauren Socha ayant eu des démêlés avec la justice. Son personnage aura au moins eu une fin plus enviable que ses compagnons. Curtis, seul survivant du casting original, va tenir bon la moitié de la saison avant d'avoir droit à un départ soigné mais particulièrement cruel. Ce n'était pas le membre du groupe le plus charismatique mais tout de même, il y a de quoi en être déprimé.

Rudy fait désormais parti du décor et se montre toujours borderline même si on s'y habitue, plus par fatigue que par attachement. Au moins la fin de saison lui donne-t-elle l'occasion de s'adoucir. Quant aux nouveaux, c'est très inégal. Jess et Finn ne sont pas particulièrement agréables même si la première à quelques raisons d'être farouche. Alex est au départ insipide avant de devenir franchement déplaisant et on ne peut que s'inquiéter de le voir devenir un régulier. Heureusement, Abbey, qui apparait tardivement et a reçu de la tempête la capacité... d'avoir perdu la mémoire, bravo, on racle vraiment les fonds, là, est plus amusante même si on ne l'a pas encore assez vu à l’œuvre. Bizarrement, le meilleur apport vient du nouvel agent de probation, Greg, particulièrement agressif au point d'en être inquiétant mais dont la brutalité finit par arracher quelques sourires.

Les intrigues épisodiques sont également inégales. Celle qui voit Curtis quitter la scène est prenante, tout comme le troisième épisode introduisant un troisième Rudy à côté desquels les deux premiers sont fréquentables. La quête du père de Finn débouche sur une histoire finalement touchante. Néanmoins, on finit par tomber dans la surenchère dans l'improbable et surtout le scabreux tandis que l'on a bien du mal à savoir comment utiliser les pouvoirs des personnages. Seth agit une dernière fois avant de quitter la série histoire de ne pas sans arrêt redistribuer ceux-ci, on a au moins pris conscience que cette ficelle allait finir par casser mais le pouvoir de Jess est complètement sous-exploité, par exemple, tandis qu'Abbey n'en a pas vraiment un. Au moins celui de Finn a quelque utilité même si les efforts demandés justifient de ne pas l'employer trop souvent.

Joe Gilgun a un peu plus de nuances à apporter à son personnage, que ce soit pour le rendre inquiétant sous les traits de Rudy 3 ou pour jouer les amoureux éconduits. Les nouveaux acteurs font ce qu'ils peuvent avec ce qu'on leur a donné, Karla Crome s'en tire bien malgré un personnage tristounet tandis que Nathan McMullen compose avec un rôle assez ingrat mais qui permet de jouer autant sur le comique que le dramatique. Hélas, Matt Stokoe est particulièrement mal loti mais se montre franchement fadasse quand son personnage doit être mystérieux et pas encore foncièrement désagréable. Espérons que la saison 5 lui donne l'occasion d'évoluer car ce n'est guère brillant pour le moment. Natasha O'Keeffe a une étrangeté qui sied bien à son personnage amnésique qui a du mal à renouer avec des sentiments spontanés et Shaun Dooley est très drôle en agent de probation irascible et gratuitement menaçant.

Cette quatrième saison est bien trop en demi-teinte pour que l'on réponde par la négative à la question: "ne valait-il pas mieux arrêter les frais?". Cependant, tout n'y est pas à jeter, loin de là et quelques acteurs parviennent encore à tirer leur épingle du jeu au milieu de scénarios de plus en plus absurdes.