Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Looming Tower
1998. Alors qu'Oussama Ben Laden annonce des attentats contre des cibles américaines, John O'Neill, chef de l'unité antiterrorisme du FBI, s'adjoint les services de l'agent Ali Soufan pour neutraliser cette menace. La rivalité entre son service et la CIA va compromettre leur mission.

Le 11 septembre 2001. Les attentats qui ont frappé les États-Unis ce jour-là font partis de ces événements qui marquent la mémoire même des gens qui n'en ont pas été directement touchés. Il arrive encore de temps en temps que vienne dans des discussions la question "que faisais-tu quand tu as appris?" et il est parfois difficile de réaliser et d'accepter que désormais des adultes aient été trop jeunes pour s'en souvenir, voire n'étaient même pas nés pour comprendre l'impact que cela a pu avoir sur les esprits, les rares images tournant en boucle d'abord, les interrogations ensuite, des décisions politiques prises dans la foulée et qui allaient affecter les décennies à venir... Quand il s'agit du traitement à l'écran en terme de fiction, avec le recul, il n'a pas fallu tant d'années que cela pour que le cinéma américain s'y penche de manière diverse même si l'on sentait une petite appréhension au départ, carrément des silences parfois (les vues des tours jumelles ont disparu des plans de transition dans Friends, absence jamais commentée, quelques allusions dans Les Soprano sans qu'on en discute vraiment non plus directement...)

Réalisée plus de quinze ans après, The Looming Tower peut bénéficier du recul nécessaire et des enquêtes menées depuis. Il s'agit de l'adaptation d'un livre écrit par le journaliste du New Yorker Lawrence Wright qui se penchait sur les origines d’Al-Qaïda, l'organisation des attentats et les failles dans les organisations gouvernementales américaines qui ont conduit à leur échec à empêcher la tragédie. Si le livre n'est pas une fiction, les scénaristes de son adaptation ont eu recours à des éléments fictionnels avoués: personnages composites (certains membres de la CIA) ou carrément inventé pour les besoins de la démonstration (le parcours d'un jeune garçon issu d'un camp d'Al-Qaïda en Afghanistan).

Les dix épisodes s'attachent principalement à John O'Neill, chargé de l'anti-terrorisme au sein du FBI et à son équipe, en particulier Ali Soufan, jeune agent d'origine libanaise et l'un des rares arabophones du service alors que la menace d'Al-Qaïda devient croissante. Leurs efforts pour traquer Ben Laden et ses sbires sont contrecarrés notamment par le manque de coopération de la CIA, principalement le responsable de la Station Alec, Martin Schmidt, qui estime que l'intervention du Bureau ne ferait que mettre aux arrêts le menu fretin et empêcherait d'éliminer la tête pensante de l'organisation. Bien que l'opposition soit tranchée et pas vraiment équilibrée, on ne sombre pas totalement dans le manichéisme entre les deux services, Schmidt fait horreur certes mais certains de ses arguments s'entendent et sa volonté de protéger son pays ne fait pas de doute, seulement ses méthodes et l'on sait d'avance pour quel résultat. En face, les agents du FBI sont bien plus sympathiques et donnent de leur personne mais O'Neill parait parfois bien inconséquent et son manque de diplomatie n'arrondit pas les angles quand il le faudrait. L'ironie tragique de son destin est de celle qui font se dire que si cela avait été écrit pour une fiction, on aurait trouvé la ficelle trop grosse. On y découvre une administration Clinton déstabilisée par l'affaire Lewinsky et une jeune administration Bush qui en prend pour son grade, peu intéressée par les longs rapports sur un danger potentiel avant de récupérer les attentats pour ses propres fins. La série, bien que romancée et donc à prendre avec des pincettes, est didactique et suffisamment bien menée pour intéresser si l'on veut se faire une piqure de rappel sur le sujet ou comprendre comment on a pu en arriver là. Elle n'est pas dépourvue de longueurs notamment lors des séquences au Yemen et les scènes de sexe régulières sont parfois superflues: certes, O'Neill était cavaleur, cela a pu impacter l'image qu'il renvoyait et l'on veut bien faire sentir que les agents peuvent être arrachés n'importe quand à leur vie personnelle mais la dose administrée était peut-être un peu forte.

Le casting est quant à lui de haute volée avec un Jeff Daniels à l'aise en personnage bigger than life, impliqué dans son travail et éparpillé en dehors. Tahar Rahim s'impose au sein de ce casting anglo-saxon dans le rôle d'Ali Soufan tandis que Peter Sarsgaard offre un contrepoids en responsable de la CIA arrogant et pompeux, dont le calme apparent cache une envie d'en découdre peu importe les victimes collatérales. Wrenn Schmidt est également très bonne comme son assistante trop dévouée tandis que Michael Stuhlbarg offre encore une performance solide dans le rôle de Richard Clarke, conseiller de la lutte contre le terrorisme auprès de la Maison Blanche qui doit ménager les susceptibilités entre services et a bien du mal à se faire entendre du nouveau président Bush. Bill Camp, Jennifer Ehle ou encore Tony Curran viennent compléter la distribution, galerie de seconds rôles expérimentés sur lesquels on peut toujours compter.

Bien que The Looming Tower prenne des raccourcis inhérents à ce genre de reconstitution, on a là une mini-série sérieuse et prenante à qui il manque tout de même un petit quelque chose pour se distinguer et faire date.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 27 Mars 2024, 22:24bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".