Lors d'une réception en son honneur, le commandant Selwyn Patterson est abattu d'une balle dans le dos. Alors qu'il récupère à l'hôpital, son équipe travaille d'arrache-pied à découvrir le coupable... À peine auront-ils résolu l'enquête que d'autres cas épineux se présenteront.

Pour sa treizième saison, Meurtres au Paradis a eu droit, après le désormais traditionnel épisode de Noël, à une petite promotion sur la BBC: d'ordinaire diffusée en milieu de semaine, la série a obtenu la case plus prestigieuse du dimanche soir, généralement réservée à des séries plus ambitieuses, explorant des thèmes ou des genres plus originaux. Néanmoins, comme je l'ai fait remarquer récemment encore en parlant de Criminal Record, dernièrement ces séries semblent avoir migrées sur les plate-formes de streaming. Un constat peut-être inquiétant pour la chaîne mais pas pour la série elle-même qui ne monte sans doute pas en gamme mais qui ne faillit pas à sa mission habituelle: montrer une équipe sympathique, aussi futée que maladroite, résoudre des affaires de meurtres dans une île des Caraïbes, moins paradis qu'antichambre de ce dernier vu le nombre de gens qui y sont envoyés régulièrement et violemment.

On commence avec une tentative de meurtre sur le commandant, l'un des piliers de la série avec Catherine, présent depuis les débuts. Pas de panique, il ne nous fait pas une Richard mais voilà de quoi lancer la saison, qui le montrera devoir se faire à sa convalescence. On avait laissé Neville déprimé par sa romance qui cachait un terrible secret, le voilà tentant de se remettre grâce à un blog... Sous-intrigue qui semble dater d'une bonne quinzaine d'années, honnêtement, citez-moi quelqu'un qui tient encore un blog de nos jours? Plaisanterie mise à part, c'est surtout un prétexte pour l'interroger sur son bilan amoureux et voir revenir des gentes dames de son passé, ce qui aura son importance. Côté sentiments, l'épisode de Noël montrait un rapprochement malaisé entre Naomi et Marlon, les amourettes entre collègues débouchant généralement sur un départ, on sait plus ou moins à quoi s'attendre.

Il y aura donc encore des allées et venues cette saison marquée par de nombreux retours, parfois le temps d'un caméo, parfois pour boucler une intrigue, parfois plus durables. Cela laisse un sentiment étrange de faire du sur-place mais il y aura nécessairement de nouvelles têtes la saison prochaine. Il manque un personnage amenant une dynamique pour relancer la machine et il n'y a pas vraiment d'épisodes aussi osés que ceux de la saison précédente qui mettaient Neville en difficulté en amenant soigneusement le drame dans une série chiche en fils rouges recherchés.

Du côté des enquêtes proprement dites, on alterne entre des cas standards et d'autres dans lesquelles on peut avoir davantage de sympathie pour les coupables que pour leurs victimes. Certains points de départ sont intrigants, comme le meurtre d'un passager avec qui Neville a partagé un vol et dont le reste de l'équipage soutient qu'il n'était pas à bord... Remake déguisé d'Une femme disparait? Rien d'aussi hitchcockien, on est toujours dans du whodunit classique bien qu'arrivé à treize saisons, on commence à recourir à des stratagèmes de plus en plus tirés par les cheveux pour éviter la répétition et surprendre encore.

Au bout de treize ans de bons et loyaux services, voici une saison qui marque le pas, faute d'injecter du neuf, ramenant même de l'ancien comme pour jouer la montre jusqu'à la prochaine. Elle reste toutefois toujours aussi agréable à suivre grâce à l'attachement que l'on a pour les personnages, en attendant de découvrir qui va prendre le relais des membres de l'équipe en place sur le départ.