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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Inside Llewyn Davis
Chanteur folk dont la carrière peine à décoller, Llewyn Davis erre dans Greenwich Village au cours d'un hiver glacial. De prestations confidentielles en nuits passées sur les canapés d'amis qui le sont de moins en moins, Llewyn désespère de percer véritablement et tente d'obtenir une audition auprès de l'impresario Bud Grossman.

Après True Grit, plus gros succès public des frères Coen, ces derniers sont revenus aux années 60 qui étaient déjà le cadre de leur précédent film beaucoup plus confidentiel, A Serious Man, pour y suivre de nouveau un protagoniste qui accumule les déveines. Néanmoins, là où Larry Gopnik menait une vie bien rangée de professeur de physique et père de famille dans un lotissement paisible et ne comprenait pas pourquoi le sort s'acharnait soudain sur lui car comme il le répétait à l'envi, "il n'avait rien fait", Llewyn Davis évolue dans le milieu beaucoup plus bohème et instable de la musique folk à New York. De plus, les misères de Llewyn ont des origines multiples mais moins mystérieuses malgré quelques non-dits qui laissent place à la spéculation: après avoir enregistré un disque en duo, il doit brutalement se lancer dans une carrière solo tout en vivant avec un sentiment de perte et peut-être de culpabilité. Il ne manque pas de talent mais ce dernier ne suffit pas dans un monde où les artistes talentueux ne manquent pas mais peuvent également être capables de davantage de concessions ou s'avoir mieux se vendre. Enfin, son caractère commence à lasser son entourage de moins en moins enclin à le voir squatter leur canapé.

On suit donc quelques jours de la vie de Davis, flanqué parfois d'un chat roux qu'il a malencontreusement laissé s'échapper de l'appartement du couple qui le logeait et qu'il tente vaguement de ramener au bercail bien que son périple l'éloigne du Village pour tenter sa chance à Chicago. L'hiver est rude, David gelé ,et ce ne sont pas les personnages qu'il va croiser qui le réchaufferont. C'est néanmoins l'occasion de croiser des individus hauts-en-couleur comme les films des Coen en sont peuplés, bien que dans la plupart des cas, connaître un peu la scène folk de l'époque doit être un plus pour percevoir les sources d'inspiration. Ce n'est pas mon cas et il n'y aura guère que l'apparition finale qui m'aura évoqué quelque chose (encore heureux). On goûte cependant ces rencontres qui peu à peu en dévoilent davantage sur Llewyn et les raisons de son spleen tandis que l'on baigne dans une atmosphère mélancolique qui se fait occasionnellement inquiétante comme lors de l’aller-retour à Chicago en compagnie d'une imbuvable ancienne gloire du jazz et de son chauffeur aspirant poète.

Pour souligner la froideur ambiante et l'état dépressif du personnage principal, les Coen n'ont pas fait appel à celui qui était devenu leur directeur de la photo attitré Roger Deakins mais à Bruno Delbonnel, surtout connu pour sa collaboration avec Jean-Pierre Jeunet mais qui a aussi travaillé pour Tim Burton et sur Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé où sa contribution a été diversement apprécié. Sa photo rend à merveille le climat glacial dans lequel évolue Llewyn, son aspect grisâtre, désaturé, la pénombre de locaux mal éclairés et poussiéreux... Ce qu'il fallait et en même temps cet aspect volontairement terne peut être pesant et je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'aurait fait Deakins sur le même thème, s'il aurait rendu cette laideur belle. D'un autre côté cela devait correspondre à ce que les réalisateurs désiraient et j'avais adoré le boulot que Delbonnel a fait par la suite pour eux sur La Ballade de Buster Scruggs. La musique fait évidemment partie des réussites du film avec quelques jolies reprises comme celle de 500 miles et l'hilarante Please, Mr Kennedy.

Que ce doit des acteurs qui poussent la chansonnette ou des chanteurs qui viennent ici interpréter des petits rôles, tout le monde est impeccable. Oscar Isaac avait déjà été remarqué les années précédentes mais le film a été l'occasion de prouver qu'il pouvait en tenir un sur ses épaules. John Goodman passe le temps d'une apparition remarquée en vieux jazzman odieux et drogué dont les menaces sont plus drôles qu'inquiétantes. Justin Timberlake se montre plutôt à contre-emploi, que ce soit en matière de chant que dans son rôle de rival cocu tandis que Carey Mulligan hérite d'une partie aussi ingrate mais révèle une bien jolie voix. Adam Driver, Garrett Hedlund ou encore F. Murray Abraham, c'est du beau monde qui se presse ici parfois le temps d'une scène, ponctuant l'errance du personnage principal.

Fenêtre sur une scène musicale disparue, Inside Llewyn Davis retrace un parcours de protagoniste qui semble d'avance condamné à l'échec et si l'humour affleure toujours grâce aux portraits de personnages incongrus, le film ne se dépare jamais d'une tristesse qui emporte tout sur son passage.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 17 Mars 2024, 18:38bouillonnant dans le chaudron "Films".