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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Frasier (2023), saison 1
Après avoir animé un talk-show pendant vingt ans à Chicago, Frasier Crane revient à Boston où il accepte d'enseigner à Harvard. Il tente de renouer avec son fils Freddy qui à son grand dam a abandonné ses études pour devenir pompier. Devenus colocataires, la cohabitation entre eux s'annonce difficile bien que Frasier ait quelque expérience en la matière.

C'est un euphémisme de dire que j'accueillais l'idée d'un revival de Frasier, le spin-off de qualité de Cheers qui avait connu onze saisons de 1993 à 2004, avec circonspection. Le projet a longtemps été évoqué et repoussé, d'abord sur Netflix avant d'atterrir sur Paramount+ fin 2023. Certes, le personnage de Frasier, psychiatre aussi cultivé que snob et vaniteux, merveilleusement interprété par Kelsey Grammer, avait déjà prouvé que l'on pouvait le transposer dans un nouveau contexte avec bonheur. Néanmoins, l'incapacité quasi-générale à ne pas laisser les œuvres populaires achevées le rester pour continuer de surfer sur leur succès, l'absence annoncée des seconds rôles qui étaient beaucoup dans la réussite de la série d'origine à commencer par l'excellent David Hyde Pierce dans celui de Niles (idée de génie des créateurs de l'époque d'avoir inventé ce frère pour le héros), le fait que tout simplement, si Frasier a bien supporté l'épreuve des ans, la sitcom appartient aussi à son époque et enfin les premiers échos sévères me confirmaient dans ma peur d'y jeter un coup d’œil. D'autres avis plus favorables, la brièveté de la saison et son renouvellement qui laissait entendre que l'on n'était pas totalement sur un projet honteux vite enterré m'ont incité à sauter le pas.

Après avoir passé vingt ans à Chicago pour y animer un talk-show à succès, Frasier revient à Boston où on l'a découvert et y retrouve son fils Freddy qui a bien changé: exit l'enfant précoce allergique à tout et qui marche dans la lignée de ses parents, le jeune homme qui ressemble désormais plus à Armie Hammer qu'à Trevor Einhorn (c'est Jack Cutmore-Scoot qui reprend le rôle) a abandonné ses études de psycho pour être pompier. Frasier et lui, malgré les tensions entre eux, emménagent ensemble et on reproduit en l'inversant la dynamique entre Frasier et son père Martin, flic à la retraite. Le personnage de Martin est décédé comme son interprète John Mahoney mais aucun des deux n'est oublié: le père de Frasier n'est pas sans influence sur le début de l'histoire et le nouveau bar de prédilection des personnage s'appelle le Mahoney's. C'est là que travaille Eve, voisine des Crane et veuve d'un ancien collègue et ami de Freddy. Pour compléter le tableau des nouveaux personnages, on a aussi Alan, très vieil ami anglais de Frasier qui enseigne aussi à Harvard (ou plutôt, il y a un poste d'enseignant titulaire mais se révèle un parfait fumiste); Olivia, la directrice de leur département, ambitieuse et à couteaux tirés avec Alan tout en appréciant en fait leurs échanges de piques; enfin David, le fils de Niles et Daphné, étudiant de Frasier.

Le début du premier épisode n'est pas pour rassurer et laisse craindre que les nouveaux showrunners, Chris Harris et Joe Cristalli, aient été bien présomptueux. Les premiers gags tombent à plat, les répliques sarcastiques de Frasier et d'Alan semblent forcées, non pas parce que les acteurs peinent à les délivrer mais parce qu'elles paraissent là pour bien prouver qu'on est dans Frasier... Heureusement peu à peu, le tempo est pris et la suite ne tarde pas à trouver ses appuis: on se retrouve avec des intrigues classiques de quiproquos, de rencards ratés, de conflits entre père et fils tandis que les caractères autours de Frasier se dessinent. Les vieux s'en tirent mieux que les jeunes, après tout même il y a vingt ans les personnages étaient loin des adulescents encore à la recherche d'eux-même que l'on a pu croiser dans d'autres sitcoms célèbres. Le personnage reste égal à lui-même, avec toujours son snobisme, une recherche de reconnaissance ici liée aux dérives que le succès de son émission ont pu provoquer pour celui qui se voit comme un éminent psychiatre. Peut-être parce que l'on se trouve dans la lignée des intrigues de la série d'origine, il se dégage un vrai sentiment d'anachronisme qui m'a rappelé Vicious, sitcom de la BBC qui me semblait avoir trente ans de plus que l'époque de sa diffusion. C'était probablement la route la plus sûre, le jeunisme aurait été fatal au personnage.

Ce dernier a beau avoir désormais les cheveux blancs et un genou faiblard, Kelsey Grammer retrouve sans peine ses marques. Nicholas Lyndhurst dans le rôle d'Alan s'avère un bon sparring-partner, tout aussi doué pour envoyer des scuds, à la fois ami attentif et générateur potentiel de catastrophe. Moins présente, Toks Olagundoye campe en Olivia un personnage qui n'est pas sans rappeler légèrement Rebecca de Cheers, ambitieuse mais finalement complexée et capable de rivaliser avec Frasier et Alan en matière de joute verbale. Jack Cuttmore-Scott et Jess Salgueiro ne s'en tirent pas mal en Freddy et Eve même s'ils manquent un peu de relief. Il faut un temps d'adaptation pour raccrocher ce nouveau Freddy avec celui que l'on a laissé il y a vingt ans même si l'évolution est amenée avec une certaine logique. Quant à la seconde, on sent qu'on la pose comme futur intérêt amoureux malgré l'obstacle du mari/meilleur ami mort entre eux, mais elle manque d'originalité (la voisine serveuse aspirante actrice, on a vu ça et très récemment). Le maillon faible est le personnage de David, fils de Niles et Daphné: on tente d'en faire un mélange des deux pour palier à leur absence mais le pauvre Anders Keith donne surtout l'impression d'avoir été recalé au casting de The Big Bang Theory et ne se hisse pas à la cheville de ses aînés.

On est loin des grandes heure de la série et avec seulement dix épisodes, on n'a pas vraiment le temps de créer une familiarité avec les personnages qui fait que l'on reste autant par attachement pour eux que pour rire. On est cependant très loin de la catastrophe industrielle qui était à craindre et le renouvellement d'ores et déjà annoncé est une bonne nouvelle.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 10 Mars 2024, 17:25bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".