Une doctorante étudie des graffitis dans un quartier défavorisé et est interpellée par les récits des habitantes sur des meurtres ignorés par la presse et la police. Un architecte accepte de rénover un complexe pour un homme d'affaires louche et les deux hommes trouvent l'endroit déjà habité. Une touriste est retenue dans un étrange couvent où d'autres prisonniers la supplient de les aider à s'échapper. Un taulard doit partager sa cellule avec un jeune homme qu'il accepte de protéger mais commence à le soupçonner d'être particulièrement dangereux. Quatre nouvelles histoires pour irriguer les Livres de Sang.

Cet avant-dernier volume ne comporte que quatre nouvelles. Pas des moindres néanmoins.

On commence en effet avec The Forbidden qui évoquera sans doute davantage de choses à l'esprit des gens si je dis: Candyman, Candyman, Candyman. C'est en effet de cette histoire que le film de Bernard Rose est l'adaptation. Il y a pas mal de différences, le film développe évidemment les personnages pour tenir sur la durée et surtout, transpose l'histoire à Cabrini Green dans la banlieue de Chicago tout en changeant les origines de son croque-mitaine. On retrouve néanmoins les principaux éléments. Helen, une thésarde, s'aventure dans un quartier mal-famé pour y étudier des graffitis. Certaines habitantes lui parlent de crimes violents dont Helen n'a pas entendu parler et elle commence à penser que ses interlocuteurs éprouvent le besoin d'inventer ces récits. Jusqu'à ce qu'un meurtre soit commis sans qu'elle puisse en douter. À une réflexion sur la naissance des légendes se mêle un propos social, comme dans le film bien que la nouvelle laisse plus de zones d'ombre.

The Madonna est un exemple de Clive Barker à son plus dérangeant (encore que) ou en tout cas un exemple de son goût pour les métamorphoses. L'Ovide des temps modernes, quoi. Un architecte et un homme d'affaires tendance mafieux font d'étranges rencontres dans un complexe à rénover, des rencontres qui vont les changer pour toujours, ce qu'ils accepteront diversement.

Babel's Children est très différente, de la précédente et des autres nouvelles des Livres de Sang. En ce sens qu'il y a très peu de sang et hors la mention aléatoire d'un porno diffusé sur un écran, pas de sexe. Même pas vraiment de fantastique non plus, juste une satire sur la manière dont le monde est dirigé (ou plutôt, ne l'est pas) à travers la mésaventure d'une femme ordinaire qui se retrouve séquestrée dans une prison top-secrète présentée comme un couvent, dont les quelques détenus ont une fonction très spéciale. De quoi se détendre un peu avant la dernière histoire.

In the Flesh se déroule en prison. Cleve Smith, un taulard récidiviste, accepte de veiller sur son nouveau codétenu, un jeune homme, Billy, qui serait une proie facile pour les prisonniers plus endurcis. Cleve ne tient pas son colocataire en grande estime mais est intrigué par son intérêt pour l'historique de la prison. Il découvre qu'il y a là une malédiction familiale et que Billy n'est peut-être pas tout à fait inoffensif. L'intrigue ménage quelques révélations et moments de terreur tout en s'aventurant sur les terres de la fantasy avec des visions d'un autre monde dans lequel on entre suivant quelques conditions...

Moins de nouvelles donc mais celles-ci ne montrent pas un essoufflement et se révèlent variées dans les thèmes et les ambiances. The Forbidden est celle qui suscite forcément plus de curiosité pour ce qu'elle a engendré mais les autres ne sont pas négligeables.