Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Nonne: La Malédiction de Sainte Lucie
En 1956, sœur Irène est chargée d'enquêter sur une série de meurtres dont l'origine est de toute évidence maléfique. Elle retrouve la trace à Aix-en-Provence de Maurice, qui l'a aidée en Roumanie mais est désormais possédé par le démon et a trouvé une place d'homme à tout faire dans un pensionnat pour jeunes filles.

Pourquoi? Non, pas pourquoi continue-t-on d'essorer le Conjuringverse, on sait que les films coûtent relativement peu et rapportent en conséquence pas mal, donc les questions qui commencent à agiter DCU et MCU ne se posent pas mais: pourquoi regarder un film dont on sait d'avance qu'il n'y a qu'une chance infinitésimale d'être surpris en bien? Le premier opus était déjà le plus indigent de cet univers, le second, réalisé par Michael Chaves qui avait déjà œuvré sur Conjuring 3, ne promettait pas un sursaut en qualité. On regarde parfois des films pour des raisons très simples et très bêtes. Dans mon cas, celui-ci a été tourné dans la région où j'habite, je voulais voir si je reconnaissais des lieux et je pensais que ce serait amusant qu'ils soient exploités dans un film d'épouvante.

Alors non, la Nonne ne remontera pas le cours Mirabeau en semant la désolation mais le cadre reste joli et par moment, par exemple lors de la scène du kiosque à journaux qui ne donne pas sur grand chose, on se prend à dire qu'il y a de l'idée, qu'il y a un potentiel dans ces rues de vieilles villes pimpantes le jour mais qui pourraient être plus inquiétantes la nuit. Hélas, c'est au service d'un scénario qui n'apporte absolument aucune chance d'être bousculé. On suit parallèlement Irène, flanquée d'une novice en plein doute mais qui va trouver la foi, enquêtant sur les origines du mal et Maurice, désormais domestique dans un pensionnat d'Aix, un des rares membres du personnel avec la directrice et une prof. Le manque de postes pourvus dans l'Éducation nationale en 1956 est encore plus grave que de nos jours, apparemment. Tout ce beau monde s'exprime en anglais pour des raisons pratiques mais on nous case une livreuse qui lâche sa réplique en français plusieurs fois avant de la reprendre en anglais, histoire de bien mettre en relief l'artificialité d'un procédé qu'on aurait pu accepter avec indulgence.

Le programme horrifique est déroulé mécaniquement avec une surenchère grotesque dans la scène d'ouverture et le climax, le démon semble avoir tous les pouvoirs mais ne fait guère de victimes et ses motivations sont ridicules, tout comme la raison permettant à Irène de le déjouer. C'est symptomatique de ces films de porter un message profondément bondieusard tout en faisant à peu près n'importe quoi avec le folklore catholique en mode "on va se gêner". On est dans du divertissement pur mais hélas, 1h50 c'est trop quand on a si peu à raconter et le film aurait pu être réduit de dix à vingt minutes sans trop en souffrir, la psychologie des différents personnages étant pour le moins sommaire et pas mal de scènes d'apparition de la nonne juste là pour remplir un quota de sursauts sans faire avancer l'intrigue.

Reste que Taissa Farmiga a une bonne tête et qu'elle ne se sort pas mal de son rôle tout vide voire ridicule sur la fin mais on lui souhaite de s'extraire de ces franchises sans intérêt. La présence d'Anna Popplewell m'a faite sortir de ma torpeur et m'a donné envie de revoir un de ces jours les films Narnia, c'est dire s'il y a peu à tirer de ce trop long-métrage. Mentionnons aussi la cerise creuse sur le gâteau du superflu: une scène post-générique dans laquelle les Warren reçoivent un appel du Père Gordon, scène qui peut donner sur tout ou rien puisqu'aucune menace concrète n'est annoncé, bref, on ne sait pas où on va mais on va quand même annoncer qu'on y va, on ne sait jamais.

Depuis quelques années, le cosy mystery est à la mode en librairie: des romans policiers se déroulant dans un atmosphère confortable, n'abordant pas des sujets trop glauques, des crimes trop sadiques. Il peut y avoir des meurtres mais le thé sera toujours servi à l'heure. Le Conjuringverse, passé à la rigueur le premier film, c'est le même principe appliqué au film d'horreur: rien de trop dérangeant, des personnages bien lisses, quelques morts qui laissent peu de traumatisme durable mais le ton est ici bien trop sérieux pour que cette approche fonctionne et soit sincère. Il y a l'apparat catholique mais aucune âme là-dedans.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 3 Janvier 2024, 11:35bouillonnant dans le chaudron "Films".