Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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House by the River
--> It's Noirvember!
Stephen Byrne, écrivain essuyant les refus réguliers des éditeurs, vit dans une belle maison sur les rives d'un fleuve. Un soir, il tue la femme de chambre de son épouse qui repoussait ses avances. Son frère John l'aide à faire disparaître le cadavre quand Stephen lui fait croire que sa femme est enceinte. L'écrivain rencontre une publicité inédite après la disparition de la jeune femme et trouve l'inspiration pour un nouveau roman. Mais le corps est découvert.

La période américaine de Fritz Lang est généralement moins bien considérée que l'allemande, probablement car il n'a jamais eu à Hollywood les coudées franches comme dans son pays d'origine. Il a pourtant signé quelques pépites, notamment dans le domaine du film noir, avec en particulier Règlement de Comptes dont j'ai déjà parlé il y a quelques années. House by the River est longtemps resté inédit en France après avoir été un échec aux États-Unis, qui suivait déjà le flop du précédent film de Lang, un autre film noir, Le Secret derrière la Porte. On y retrouve pourtant des thèmes chers à l'auteur comme la pulsion de meurtre et la culpabilité, double ici et traitée différemment selon les personnages, le rôle de l'opinion publique...

Les dix premières minutes sont remarquables avec une ouverture faussement paisible dans laquelle Stephen, écrivain sans histoires, discute avec sa voisine qui s'offusque de voir un cadavre de vache dériver devant sa propriété. Le message est clair: le cadre semble idyllique mais le fleuve charrie des cadavres et celui dont Stephen tentera de se débarrasser reviendra le hanter, physiquement et mentalement. On embraie sur la scène de meurtre toute en clair-obscur dans laquelle Lang use à merveilles de son talent prouvé dès l'époque du muet. La suite jusqu'à un dénouement dans les toutes dernières secondes est plus inégale: la conduite de Stephen est aussi détestable que fascinante, à le voir prêt à tout pour détourner les soupçons de lui tout en utilisant le sort de sa victime pour l'écriture d'un roman à sensation. On ne sait plus trop jusqu'où va le cynisme et ce qui tient de la confession déguisée car si Stephen ne semble connaître aucun scrupule, son sort laisse paraître qu'au fond de lui son meurtre initial continue de le travailler.

Cependant, le film souffre un peu quand il s'éloigne de sa figure malfaisante. Son épouse n'est pas idiote mais ne joue pas avant un moment un grand rôle. John, le frère protecteur, est plus intéressant si on ne le voit pas uniquement comme une figure chevaleresque mais tiraillé de tous côtés: bienfaiteur de son frère à qui il a déjà sacrifié une partie de ses finances avant de couvrir un meurtre, ses sentiments sont moins fraternels que dirigés vers sa belle-sœur. Une fois qu'il découvre que Stephen l'a manipulé pour qu'il l'aide, il est toujours plus en proie à la culpabilité sans oser tout de suite agir. Il semble pourtant épargné pour offrir un semblant de happy-end mais de ce fait peut paraître plus agaçant qu'intéressant malgré son aspect tourmenté.

Les réserves que l'ont peut faire sur les personnages se répercutent sur les acteurs, à moins que ce ne soit l'inverse. Louis Hayward domine le film, alternant entre les phases où il a l'air parfaitement ordinaire, le voisin "qu'on n'aurait jamais soupçonné, toujours poli et charmant" et les moments où il est plus inquiétant. On peut parfois lui reprocher un manque de subtilité comme son expression en découvrant un élément incriminant pour son frère. Ce dernier est campé solidement par Lee Bowman qui reste toutefois un peu trop cantonné à jouer le frère droit qui souffre en silence et est mal jugé tandis que Jane Wyatt n'a rien d'extraordinaire à faire dans le rôle de Marjorie, l'épouse de Stephen, alors que la conduite de son mari, les soupçons qui pèsent sur son frère, auraient dû lui offrir une plus large palette avec laquelle jouer.

Film noir à la lisière du fantastique par son imagerie, House by the River offre une plongée inquiétante dans la psyché d'un meurtrier occasionnel, loin du tueur psychotique de M le Maudit mais peut-être encore plus odieux à sa manière. Il manque quelque chose pour le hisser à la hauteur des plus grands Fritz Lang mais il ne faudrait pas balayer trop vite le film en le rangeant parmi les œuvres mineures du cinéaste.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 13 Novembre 2023, 17:50bouillonnant dans le chaudron "Films".