Raylan se remet de la blessure infligée par les Bennett tandis qu'Ava gère les affaires de Boyd tant qu'il est en prison. Alors qu'il envisage de se venger de Dickie aussi sous les verrous, ce dernier promet à Boyd l'argent que sa mère a laissé derrière elle. Un membre de la pègre de Detroit arrive à Harlan et compte exploiter la situation.

Les deux premières saisons avaient pour principaux antagonistes les membres de familles de bandits ruraux du Kentucky, liés pour certains de très près à Raylan Givens. Les survivants des conflits précédents sont toujours là pour nuire mais on voit arriver dans la partie de nouveaux joueurs: après la mafia de Miami que l'on croisait parcimonieusement en saison 1 et la Dixie Mafia jamais trop loin mais qui reste secondaire pour l'instant, voici que les gangsters de Detroit s'en mêlent, ou tout du moins l'un d'entre eux, Robert Quarles, tout d'abord seulement présent le temps de superviser le paiement d'une dette mais qui voit l'opportunité d'implanter son empire dans le coin. Bien que très différent dans son apparence et dans son attitude, il n'est pas sans rappeler Gyp Rossetti de Boardwalk Empire: un subordonné d'un grand ponte du crime d'une ville voisine, psychopathe et dépravé, qui va bouleverser l'équilibre déjà fragile du coin où il débarque avec de grandes ambitions.

Les intrigues épisodiques se font très rares, reléguées en début de saison et même les plus secondaires comme les mésaventures de l'inénarrable Dewey Crowe dans les pattes d'un trafiquant d'organes sont liées d'une façon ou d'une autre à la principale. Celle-ci est plus ambitieuse et emberlificotée que les précédentes, avec des alliances et des trahisons en flux tendu, où les nouveaux clans (en plus de celui de Detroit, on voit apparaitre Limehouse le boucher, ce qui n'est pas un surnom, juste sa profession) s'ajoutent aux anciens qui survivent tant bien que mal. Cette fois, Boyd a totalement et pleinement embrassé son retour à une carrière criminelle: plus de doute sur la sincérité de sa conversion religieuse comme en saison 1, plus d'espoir à le voir tenter de renouer avec une vie de prolo honnête comme en saison 2. Et pourtant, il est parfois ce qui ressemble le plus à un allié pour Givens.

Raylan est égal à lui-même, menant sa vie personnelle avec brio (bientôt père de famille... et à nouveau séparé de Winona), s'attirant la méfiance du FBI et de tout ce qui passe par le Comté d'Harlan tandis que son équipe continue, hélas, de faire un peu trop tapisserie dans la plus grande partie des situations. Bref, le marshal solitaire de western qui n'a toujours pas trop compris qu'on est au XXIe siècle mais bon, tant que ça marche, peu importe les balles dans la couenne ou de devoir emménager dans une chambre au-dessus d'un bar... Ava, dont on oublierait presque qu'elle avait eu une liaison avec lui dans la première saison tant il s'en est passé depuis, a en tout cas fait son lit: elle n'est plus juste en couple avec Boyd (le frère de son mari qu'elle a abattu d'un coup de fusil, faut-il le rappeler...) mais activement complice dans ses affaires, et ce n'est pas du luxe puisque le reste de l'équipe de Boyd n'est pas des plus fiables.

Bref, ça grenouille à qui mieux mieux, ça trafique de l'oxy ou ça en consomme, ça trahit par rancœur ou pour de l'argent dont on n'est même plus sûr au bout d'un moment, qu'il existe donc encore moins d'où il est et les acteurs sont toujours tops. Rien à ajouter sur les habitués, parmi les nouveaux on aperçoit brièvement Adam Arkin en chef mafieux de Detroit, qui jusqu'ici avait bossé sur la série en tant que réalisateur, et surtout Neal McDonough dans le rôle du glacial puis de plus en plus déchaîné Quarles. Cet acteur a toujours été inquiétant, car même quand ses personnages sont du bon côté on a l'impression qu'un rien pourrait les faire partir en vrille. Il est donc fort à son affaire et il y a la meilleure description de son allure jamais faite, je pense.

Plus énervée, plus sanglante et moins axée sur le procedural que les deux précédentes, cette saison 3 amène avec des antagonistes différents un petit air frais après s'être concentrée sur la criminalité locale.