Un vol de diamant qui ne peut pas rater, deux amis au caractère fort différent qui se lancent dans une carrière policière, un flic qui a recours à une assistance très particulière pour élucider un meurtre, une confusion mortelle entre deux chapeaux... En tout, huit histoires surprenantes, dans lesquelles le crime ne paie pas. Pas tout le temps.

J'ai lu les enquêtes de Philip Marlowe, tout Dashiell Hammett sauf les nouvelles mettant en scène Sam Spade et fait le tour de ce qui a été publié en poche de l’œuvre de W.R. Burnett. C'est donc l'occasion de tenter un autre auteur américain de romans noirs, un homme qui a inspiré aussi bien Alfred Hitchcock que François Truffaut, William Irish. En attaquant par ce recueil de huit nouvelles policières souvent teintées d'humour noir, écrites dans les années 30/40.

Dans Le Diamant orphelin qui donne son titre au recueil, on fait connaissance de trois malfrats qui volent un diamant à une vieille dame et ont un plan astucieux pour en devenir les propriétaires légitimes et pouvoir ainsi le revendre légalement. C'est sans compter sur un policier à l'air benêt mais qui remarque les plus infimes détails. On commence bien avec cette histoire qui annonce la suite: des criminels violents, un policier qui prend son temps mais fait le job et rien ne se passe jamais comme prévu.

Mariole, l'inspecteur Brown montre deux amis d'enfance qui font carrière dans la police. Brown est malin, ambitieux mais sans scrupules, son ami Joe est lent, pas très futé mais travailleur et honnête. Le lièvre, dans son impatience, va s'enferrer dans une histoire sordide tandis que la tortue devra faire face à un cas de conscience. Contrairement au flic de la première nouvelle qui faisait semblant d'être pataud, Joe n'est vraiment pas une flèche, mais il est capable d'additionner 2+2 et sait garder ses principes, ce qui en fait un héros attachant. Ce n'est pas le cas de Brown bien qu'on lui ménage une jolie sortie.

On change de victime:un ancien taulard veut se venger de l'homme qui lui a piqué sa copine pendant son absence et s'arrange un alibi astucieux. Ici, on a affaire à un vrai tocard malchanceux dans un récit plein d'humour noir bien vache.

J'ai tout vu!: un policier qui enquête sur un meurtre se change les idées devant un spectacle de music-hall. Le numéro monté par un hypnotiseur et un médium lui donne l'idée de solliciter leur aide. Ici, l'inspecteur est un vrai benêt, contrairement à ceux des deux premières nouvelles. Pourtant, il ne fait pas appel à des escrocs et le médium a un vrai pouvoir. Ce n'est pas une science exacte, voilà tout.

Ça coince: des criminels commettent un meurtre dans une chambre d'hôtel et décident de faire porter le chapeau à une connaissance qui loge à l'étage supérieur. Le plan aurait pu marcher sans l'habitude d'une vieille femme de chambre de mâcher du chewing-gum.

Dans Le chapeau qui chantait, un garçon d'ascenseur malchanceux confond son chapeau neuf avec celui d'un passeur de faux billets. Peut-être la nouvelle la plus classique, avec moins d'humour et un enquêteur qui reconstitue rapidement et brillamment la chaine d'événements pour confondre les criminels.

Serviette chaude commence avec un vieux barbier d'origine italienne aux mains tremblantes et que sa clientèle fuit en route pour son pays natal. Comment a-t-il trouvé l'argent du voyage qu'il rêvait de faire? On le devine assez vite mais la nouvelle est amusante, avec encore un personnage humble mais qui a plus de ressources que prévu.

En parlant de ressources. Frimousse d'Ange, c'est la femme de Jackie. Il la maltraite, il la trompe, il dépense n'importe comment l'argent du ménage et est prêt à s'enfuir avec une mondaine. Mais quand il est accusée du meurtre de celle-ci, Frimousse d'Ange est là pour le tirer d'affaire. Une ellipse fait que l'on se doute de la chute mais le récit est amusant, bien mené et plein de rebondissements. Il est dommage que Frimousse d'Ange, qui montre une astuce étonnante, ne l'utilise que pour conserver un mec qui n'en vaut pas la peine.

Les huit nouvelles sont toutes d'un très beau niveau, avec une bonne dose d'humour noir mais aussi une tendresse pour les personnages un peu laissés-pour-compte. Cette première incursion dans l’œuvre de William Irish plus que positive donne envie de découvrir ses romans.