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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Delicate Condition
Alors qu'elle approche de la quarantaine, la carrière d'actrice d'Anna Alcott décolle enfin. Elle n'a pourtant pas le cœur à se concentrer sur la promotion d'un film qui pourrait lui valoir un Oscar. Désirant plus que tout un enfant, elle est parvenue à tomber enceinte mais sa grossesse se révèle difficile et elle commence à douter de la bienveillance de son entourage. Quelqu'un, elle en est sûre, ne veut pas qu'elle ait ce bébé.

Ce roman m'intriguait après avoir appris qu'il allait servir de base à la douzième saison d'American Horror Story, une série pour laquelle j'entretiens une curiosité mêlée de répulsion surtout depuis Roanoke qui a marqué une chute dont elle ne se relevait que ponctuellement. De plus, le livre vient à peine de sortir, donc il devait avoir un certain potentiel pour qu'on l'adapte avant même que le public ne le découvre en librairie. En effet, on voit vite en quoi il est compatible avec la série créée par Ryan Murphy: le quotidien d'une femme sans histoire qui bascule dans l'horreur, des chapitres montrant un aperçu du destin terrifiant ou énigmatique d'autres femmes à travers l'Histoire, un milieu social qui se prête au clinquant puisque l'héroïne est une actrice oscarisable et la tendance à vouloir délivrer un message important pour se tirer une balle dans le pied au point d'osciller entre le maladroit et le carrément détestable.

Un extrait de critique en couverture nous annonce un Rosemary's Baby féministe. Très bien. Lorsqu'il s'agit de se colleter avec l'aspect horrifique de l'histoire, Danielle Valentine s'en tire bien: des aperçus de grossesses et d'accouchements cauchemardesque mais surtout une protagoniste qui ne sait plus à quel saint se vouer, avec un mari dont on se doute dès son apparition que ce sera une planche pourrie, des intrusions dans son domicile, une fausse-couche suspecte... Et bien sûr, la plus grande horreur n'est-elle pas, plutôt qu'une menace surnaturelle, le dédain accordé aux femmes et à leurs souffrances? Les hallucinations, la paranoïa qui monte, un entourage qui est soit incapable de prendre les craintes d'Anna au sérieux soit peut-être carrément malfaisant: rien de neuf mais traité avec suffisamment d'efficacité pour tenir en haleine.

Hélas, le féminisme revendiqué est beaucoup moins convaincant. D'une part car c'est fait avec lourdeur, les explications et la mise en relief des problèmes se faisant plus dans les dialogues que dans l'action, ensuite parce qu'involontairement l'autrice elle-même n'applique pas vraiment ce qu'elle prêche. Avant cela, et je risque de dévoiler des points importants de l'intrigue, le fait qu'on a compris que ce serait féministe et plus globalement progressiste a pour résultat que l'on écarte d'entrée au moins une suspecte et plus largement qu'on n'aura pas affaire à des satanistes qui sacrifient les bébés. Du coup, l'aspect horrifique bien mis en place est désamorcé à base de révélations comme quoi tout cela n'est qu'un fâcheux malentendu. Plus contrariant néanmoins est le traitement du personnage d'Io, considéré avec mépris, par l'intrigue mais aussi ironiquement, par la même personne qui deux secondes avant pointait l'indifférence voire la maltraitance du système médical envers les femmes marginalisées. Or s'il y a une femme marginalisée dans l'intrigue, c'est bien Io. C'est vraiment à ce moment-là que le roman ne m'a pas juste déçue, il m'a carrément mise en colère tellement j'avais l'impression que Danielle Valentine ne réalisait pas ce qu'elle faisait en employant ainsi ce personnage (et si c'est le cas, c'est pire). De plus si on souligne de vrais problèmes concernant la prise en charge des femmes enceintes et plus largement de la santé des femmes, on oppose ici un système médical très imparfait à ... la sorcellerie. Bon, c'est une fiction et en postface Danielle Valentine mentionne bien que le recours aux méthodes alternatives pour palier les manques des médecins est souvent dangereux et néfaste mais dans la période que l'on vit ce n'est pas vraiment l'approche la plus pertinente surtout quand on a des visées féministes. Valentine ne semble cependant pas se soucier d'améliorer un système imparfait (c'est plus fatigant, c'est sûr, que juste dénoncer) et d'ailleurs son épilogue se situe plusieurs décennies dans le futur pour montrer qu'il n'y a eu aucun changement (apparemment Anna n'utilise pas son argent et sa notoriété pour améliorer le système de santé américain, juste pour venir en aide à leur insu à des femmes soigneusement triées sur le volet.)

Peut-être interprète-je mal les choses et la fin peut se lire différemment, avec une héroïne en fait piégée, manipulée et recrutée, notamment par une amie bien moins solidaire qu'elle ne le pense (elle accepte que cette dernière mourante s'incarne dans sa fille à naitre car sinon celle-ci pourrait ne pas être tout à fait humaine... mais du coup elle la sacrifie pour qu'une femme prolonge sa vie, non?). Néanmoins, si c'est le cas, difficile d'y voir quelque chose de féministe. Le fonctionnement du groupe de sorcières est assez floue car elles se disent au service des femmes désespérées d'avoir un enfant et à qui elles apportent une aide qui comporte des risques. Or, certains des chapitres dans le passé montrent au contraire des femmes qui se retrouvent avec des grossesses non-désirées (et dont on ne connaîtra pas la fin de leur histoire, il n'est pas question clairement de pratiquer un avortement, au contraire même dans un cas) et dans le cas de Io, elle a désespérément besoin d'argent, pas d'avoir un enfant donc si c'est elle qu'on a cherché à aider, la méthode est pourrie, si la vraie personne désespérée de son chapitre est celle a qui on a remis l'enfant qu'elle a porté, ça ne va pas non plus.

Bon, j'arrête là, je ne sais pas si l'adaptation sera fidèle ou non mais connaissant la série, j'aurai de bonnes chances de me remettre à râler. Delicate Condition fait preuve d'un joli sens du suspense, aborde des questions importantes mais le traitement est tel qu'il se classe facilement dans les pires bouquins que j'ai lu cette année.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 22 Août 2023, 15:09bouillonnant dans le chaudron "Littérature".