Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Harry Beevers aime tourmenter son petit frère mais quand il trouve des livres dans le grenier, c'est Noël avant l'heure: une méthode d'hypnose va lui permettre de s'amuser comme jamais. Un homme perdu à New York trouve un refuge dans la lecture tandis qu'un universitaire est invité pour un séjour dans un manoir anglais.

Vieux pote de Stephen King avec qui il a co-écrit le Talisman des Territoires, Peter Straub en solo m'a toujours paru moins abordable que son célèbre compère. Ce n'est pas vraiment que le style est ardu ou qu'il est difficile de se plonger dans ses romans (la trilogie Blue Rose est à peu près impossible à lâcher une fois qu'on est dedans) mais il y a quelque chose de moins évident, dans ce qu'il veut dire, ou dans les moyens d'y parvenir peut-être. Pas étonnant donc qu'un recueil de nouvelles de sa part soit moins facile à apprécier que Brume ou Danse macabre. Les textes n'en manquent pas pour autant d'intérêt, à commencer par le premier.

Blue Rose nous permet en effet de découvrir Harry Beevers enfant, lui qui était l'un des personnages les plus immédiatement antipathiques de Koko. Comme le précise Straub en note, il s'agit en fait d'une nouvelle rédigé par son alter-ego Tim Underhill quand il cherchait encore par quel bout prendre son histoire, donc il ne faut pas s'étonner des incohérences possibles avec le roman. Hors cette mise en abîme, la nouvelle est efficace avec son infâme protagoniste contrôlant un pouvoir qui en ses mains est forcément destructeur.

Le Genévrier, malgré un narrateur anonyme, est aussi relié à la trilogie puisqu'on y suit un enfant de sept ans qui va vivre le même traumatisme que Tim dans un cinéma. On ne nous en épargne pas grand chose et c'est donc très glauque.

Dans Petit guide à l'usage des touristes on nous fait visiter une petite ville frappée par un meurtre. Straub joue sur l'ambiance plutôt que sur une intrigue, avec encore un pont possible avec sa trilogie.

Le Chasseur de bisons est une longue nouvelle dans laquelle Bob, cadre éloigné de ses parents et menant une vie solitaire à New York, s'invente une petite-amie, s'envoie de la vodka au biberon et finit par faire une véritable fixation sur ces récipients. Une obsession bizarre qui suffirait à montrer un homme déraper dans la folie mais en plus, le bonhomme commence à vivre ses lectures et à glisser dans une autre réalité. Ce qui suffirait là encore à une seule histoire, plus classique. Le résultat donne l'impression que Straub a fusionné deux idées différentes et aucune ne parvient à se démarquer.

Où l'on voit la mort, et aussi les flammes est très courte et s'intéresse à un clown au numéro aussi fascinant qu'inexplicable. Là en revanche, on aurait peut-être aimé plus de développement, le récit s'achève sans que l'on ait bien perçu son potentiel.

Enfin, Mme Dieu montre un jeune universitaire laisser sa femme enceinte de sept mois (ce qu'il justifiera à ses yeux à défaut de ceux du lecteur qui sent qu'il n'est pas un point de vue fiable) pour séjourner en Angleterre dans un manoir où une ancêtre poétesse a vécu quelques années. On est dans un récit plus classique de maison hantée où l'on sent l'influence de Henry James ou Robert Aickman. Probablement la nouvelle la plus aboutie avec la première.

Chaque nouvelle est suivie d'un court interlude, compilation de textes dont on ne saisit pas trop la finalité (fil rouge qui m'échappe? Simple exercice de style?). Peter Straub a une belle plume mais il est probablement conseillé de commencer d'abord par ses romans avant de s'attaquer à ce recueil particulier.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 26 Juin 2023, 18:04bouillonnant dans le chaudron "Littérature".