Un réveillon de Noël dans une église moins propice au recueillement que prévu, des moyens drastiques pour toucher un héritage, un vendredi 13 riche en mauvais présages, des rendez-vous en ligne risqués... Tout est possible quand on tire le n°9 et généralement le pire.

Cette année, Inside n°9 a eu droit à son épisode de Noël, premier épisode de la saison 8 anticipé. The Bones of St Nicholas est une histoire de fantôme dans laquelle un professeur a réservé unenuit dans une église pour lui seul. Un couple de touristes bruyants va se joindre à lui à son grand déplaisir mais ils ne sont pas les seuls intrus. Un épisode adapté à la période et classique avec ces personnages excentriques qui cachent des blessures derrière une façade joviale et un personnage qui cache ses véritables intentions. Quant au twist, il est habilement amené mais suffisamment populaire ces dernières années quand on aborde le sujet des lieux hantés pour qu'on ne soit pas soufflé par l'idée. Une bonne mise en jambes quoiqu'il en soit.

Mother's Ruin montre deux frères s'introduire dans une maison pour se livrer à une séance de spiritisme afin de contacter leur défunte et terrible mère quand les propriétaires des lieux rentrent plus tôt qu'annoncé. Le plan déjà chaotique déraille alors qu'on en apprend de belles sur la mère des protagonistes et la vraie nature des habitants de la maison. Du pur Inside N°9 avec du fantastique, de l'humour très noir, des retournements de situation en pagaille et une pointe de gore.

Dans Paraskevidekatriaphobia on fait la connaissance de Gareth. Gareth a la phobie des vendredi 13, aussi passera-t-il celui qui vient cloîtré chez lui. Hélas, une factrice s'impose, un serrurier aussi, un chat noir... Tous les signes de malchance s'accumulent chez ce superstitieux qui a peut-être quelques raisons de l'être. L'escalade d'embûches liées aux superstitions est bien gérée mais les dernières minutes se perdent un peu dans des twists à répétition pour une chute finalement prévisible.

Toujours moins prévisible que celle de Love is a Stranger où une femme multiplie les rencontres en ligne à la recherche de l'âme sœur alors qu'un tueur en série utilise ce moyen pour entrer en contact avec ses proies. Les acteurs sont tous impeccables comme d'habitude, avec ce mélange de réalisme et d'excentricité dans les personnages et leurs échanges mais on n'est guère étonné de voir où tout cela nous mène. On peut y voir un des épisodes les plus faibles de l'anthologie mais vu le niveau de celle-ci, ça reste très recommandable. Seulement un peu trop standardisé.

La grosse surprise de la saison vient de ce cinquième épisode, annoncé comme un pastiche des comédies coquines des années 60 qui fonctionnaient en Angleterre à l'époque. Il y a quelques années, Shearsmith et Pemberton nous avaient fait le coup de l'épisode en direct victime d'un faux incident technique, ils récidivent en livrant tout à fait autre chose que ce qu'on pouvait lire dans les programmes. Une fois qu'on s'est fait à ce changement (des spectateurs auront probablement zappé un peu vite) l'épisode lui-même est très efficace, avec une authenticité remarquable (aidé par la réalisatrice et un des acteurs rompus à l'exercice en dehors de la série) et surtout, une lente prise de conscience de ce qui se joue. On sait forcément que quelque chose va clocher mais on ne discerne pas tout de suite qui il faut tenir à l’œil. Une preuve que quand on se dit que les auteurs se sont enfermés dans une certaine routine, ils peuvent encore plus d'un tour dans leur sac.

The Last Weekend raconte l'histoire de Chas et Joe, en couple depuis neuf ans, qui vont passer quelques jours dans leur maison de campagne. Au bout de neuf ans, leur amour est-il encore intact? Un épisode qui semble jouer la carte du mélo comme cela arrive de temps en temps entre deux épisodes plus humoristiques et fous. On a des tensions dans le couple mais aussi de l'inquiétude alors qu'on apprend ce que l'on soupçonnait depuis les premières images, que Joe est malade et que ce weekend pourrait être le dernier qu'il passe avec Chas. Le propos sur le deuil et l'amour est bien présent mais on n'a pas vraiment le discours plein de pathos qu'on pensait entendre alors que le dernier tiers, encore une fois, part dans une direction inattendue et clôt la saison sur une note d'une cruauté rare, même pour cette série.

Alors que la neuvième saison est déjà annoncée après quoi Steve Pemberton et Reece Shearsmith mettront la série sur pause pour n'y revenir que s'ils sont certains d'avoir en réserve des histoires inspirées, ces six épisodes, si aucun n'atteint les sommets qu'Inside n°9 a pu toucher à ses débuts, montrent que les deux scénaristes/acteurs sont encore capables de prendre au dépourvu et de se montrer audacieux. Ce qui laisse espérer un beau bouquet - pas forcément - final pour les six prochains.