Installé à New-York depuis quelques mois, Sam Feary croise dans la rue son ami d'enfance Abner. Ce dernier semble s'être attiré des ennuis mais Sam ne s'imagine pas à quel point. Abner a en effet mis le pied dans un monde où vivants et revenants interagissent et se mélangent et où le danger peut venir des uns comme des autres.

Manhattan Ghost Story fonctionnait plus grâce à son ambiance, glissement de notre réalité vers un univers hanté par des spectres que le protagoniste, Abner, avait bien du mal à distinguer des êtres encore de chairs et de sang que grâce à son intrigue, somme toute assez mince et qui ne connaissait pas de véritable résolution. Et pour cause. L'Antichambre lui fait suite et change de narrateur. Adieu Abner, voici Sam, camarade un peu plus âgé avec qui Abner s'était introduit dans un caveau funéraire une nuit d'Halloween de leur adolescence, épisode raconté dans le précédent opus, et qu'il croyait mort au Vietnam. Il est au contraire en pleine forme, au point d'envisager d'épouser une femme qu'il ne connait que depuis quelques semaines et avec qui il vient de se disputer. Sam est en effet beaucoup plus sûr de lui que son ami d'enfance dont le côté légèrement pathétique était totalement volontaire. L'ennui, c'est que si Abner pouvait repousser à cause de son caractère pitoyable, il était encore possible d'éprouver une certaine sympathie. Sam croit tout savoir et n'écoute personne alors que de toute évidence il est dépassé par les événements (on le serait à moins). Pour sa défense, quand il pose des questions pertinentes, les réponses tardent à venir ou sont nébuleuses sans que l'on sache trop pourquoi, et finalement les règles de ce que peuvent faire les revenants ne sont jamais très claires.

Pire, par rapport au premier roman, on essaie de mettre un peu plus d'enjeu. Il y a un risque, explique Madeline, de casser le fragile équilibre entre nos deux mondes mais elle reste extrêmement vague envers Sam lorsqu'il s'agit de lui apprendre à distinguer les deux univers, ni comment éviter de trop perturber cet équilibre. Le sort d'Art est également fort étrange et on a du mal là aussi à comprendre le pourquoi du comment. Le retour de Whelan, en revanche, était appréciable mais vu le comportement d'Abner et Sam envers les forces de l'ordre, on s'étonne qu'ils n'aient pas plus d'ennuis à long terme. Le dénouement est à l'avenant, seule la relation entre Abner et Phyllis, même passée au second plan car vue à travers les yeux d'un autre, parvient à apporter un peu d'émotion et une conclusion à laquelle on peut croire.

L'Antichambre a le mérite de boucler l'histoire d'Abner mais son narrateur plus antipathique qu'amusant malgré quelques réflexions bien placées et la confusion qui règne sans renouveler l'aspect envoutant du précédent roman en font une suite peu convaincante.