Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Aviator
À la fin des années 20, le milliardaire Howard Hughes se lance dans le tournage d'un film d'aviation épique. Son succès lui ouvre les portes d'Hollywood et sa passion de l'aviation le pousse à construire et piloter les appareils les plus rapides et les plus énormes. Sa santé mentale fragile commence cependant à compromettre ses réussites.

Quand on évoque Howard Hughes, la première image qui me vient n'est pas le vrai bonhomme, ses films ou les allusions à sa personne dans le Quartet de Los Angeles d'Ellroy mais un épisode des Simpson dans lequel les habitants de Springfield décident de construire un casino pour renflouer les caisses de la ville, dont le directeur est évidemment Burns. Ce dernier suit alors une trajectoire inspirée de Hughes et devient reclus, terrifié par les microbes et finit à la pointe d'un révolver par ordonner à Smithers de monter à bord de son avion, l'Original Pimpant. Un avion qui est une petite maquette mais les ordres sont les ordres. Accessoirement, il y avait aussi le biopic signé Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio qui me tentait bien à sa sortie et que je ne suis pourtant pas allée voir alors... ni pendant près de vingt ans. Cela faisait déjà un bout de temps, à l'époque, que des projets de biopics consacrés à Howard Hughes étaient dans les tuyaux et dans le cas de celui-ci, il devait être à l'origine réalisé par Michael Mann avant que Scorsese hérite du scénario signé John Logan.

Un scénario qui doit couvrir une vingtaine d'années et de ce fait, malgré les presque trois heures de métrage, fonctionne à grand coup d'ellipses. La première partie nous plonge vite dans le bain du tournage incroyable d'Hell's Angel et donne un bon aperçu des ambitions et de la mégalomanie de Hughes, casse-cou filmant au plus près des biplans pour refaire l'intégralité de son film difficilement tourné afin de le faire passer au parlant. Explosion de budget, comptes maquillés, certes, mais succès à l'arrivée qui lui permet de rivaliser avec les studios hollywoodiens déjà bien installés et attirer l'attention des plus belles vedettes de l'époque, Katharine Hepburn, en particulier. Après cette ouverture en fanfare, on entre dans une évolution finalement classique d'ascension et de chute, de sursaut de dernière minute pour un triomphe tempéré par un aperçu de l'avenir.

Le rythme s'en ressent alors qu'on laisse de côté le clinquant d'Hollywood pour se concentrer sur la rivalité entre la TWA de Hughes et la Pan Am qui prend mal de voir contesté son monopole sur les vols transatlantiques. Tout cela alors que le milliardaire, qui souffre de TOC, s'isole. Sa paranoïa dans le cadre professionnel est liée à ses troubles mais si celle envers ses maîtresses l'est aussi, c'est beaucoup moins clair et peut n'être qu'une forme de jalousie. Hughes abandonne d'ailleurs un temps les stars à forte personnalité pour une gamine de quinze ans recrutée sur casting, qui, pense-t-il, ne lui fera pas de scène. Les aspects plus sombres du personnage que l'on ne peut toujours mettre sur le dos de la maladie ne sont cependant pas creusés plus que cela et les deux derniers tiers du film fonctionnent en dents de scie, avec des scènes spectaculaires de vols risqués et la déchéance de Hughes, face à des tractations et des problèmes légaux moins prenants, avant qu'une nouvelle victoire ne le remette en selle pour nous faire comprendre abruptement, dans la foulée, qu'Howard Hughes ne vaincra jamais ses propres démons.

Pour porter le film, outre de gros moyens que l'on voit à l'écran, il fallait un casting à la hauteur. DiCaprio trouve là un rôle que l'on dit "à oscars" (il devra attendre) et l'incarne avec conviction tandis que Cate Blanchett, même sans être le portrait craché de Katharine Hepburn, restitue habilement sa personnalité et son phrasé. Bien moins convaincante hélas est Kate Beckinsale en Ava Gardner, d'une grande beauté certes mais bien trop lisse pour approcher l'aura de mystère de son aînée. On peut toujours compter sur une solide galerie de seconds rôles pour étoffer le casting, John C. Reilly et Adam Scott en employés avisés mais parfois dépassés, Alan Alda en sénateur hostile, Jude Law et Willem Dafoe pour des apparitions remarquées d'une scène ou Ian Holm pour quelques touches comiques.

Martin Scorsese signe un beau film aux scènes d'aviation grandioses mais ne s'extraie pas totalement d'un scénario au cheminement formaté tout en étant étrangement décousu par moment dans ses transitions. Les moyens déployés donnent une idée de la démesure du sujet pour un résultat pourtant peut-être un peu trop sage.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 14 Mai 2023, 14:38bouillonnant dans le chaudron "Films".