Après des siècles d'attente et de préparation, Argent, l'un des joueurs les plus anciens et puissants de la Haute Loge, défie la Maîtresse des Jeux elle-même. Les deux concurrents se livrent alors à une partie d'échecs à l'échelle de la planète dont l'enjeu apparent est le contrôle de la Maison des Jeux.

Le premier volet de La Maison des Jeux nous invitait à découvrir cette étrange institution à travers une partie d'échecs se jouant à l'échelle de la Cité des Doges. Le deuxième prenait la forme d'une chasse à l'homme avec comme terrain de jeu un pays. Cette conclusion mélange les deux et prend pour plateau la Terre entière tandis qu'Argent, joueur émérite et potentiel allié et mentor de Thene et Remy devient le personnage principal et narrateur (en fait c'était lui depuis le début!). Son objectif: renverser la Maîtresse des Jeux et à terme détruire la Maison qu'il estime responsable de toutes les crises, les guerres et les morts qui ont secoué la planète au cours des derniers millénaires.

On ne peut pas lui donner tort car son affrontement avec la Maîtresse des Jeux implique la NSA, des gouvernements entiers, des mafieux intouchables et finit par défaire des carrières et des vies par paquets de cent et de mille. On pèse bien peu de chose finalement dans les stratagèmes des membres de la Haute-Loge et deux philosophies s'affrontent, celle prônée par Argent selon laquelle la Maison est centre de tous les problèmes, celle que lui oppose son adversaire pensant que tout ceci arriverait de toute manière mais que les joueurs ne font qu'en tirer profit. Et même peut-être, mettre ainsi de l'ordre dans le chaos, ce qui permet également de revenir sur l'opposition entre la Maîtresse et Oiseau. Tout cela est fort intéressant mais alors que l'on nous montre plus que jamais le coût humain de ces jeux, la partie est tellement désincarnée qu'on peine à en être vraiment secoué. Cela est sans doute dû à la nature des personnages, en particulier Argent, qui ne se souvient plus de son propre nom, dont les motivations ne sont ni aussi claires, ni aussi altruistes qu'il s'en est convaincu avec le temps. Néanmoins, la partie qui devrait être le point culminant de la trilogie est bien moins passionnante que dans les tomes précédents car Argent a déjà trop l'air détaché de son sort en cas d'échec ou de victoire.

Décidément, cette trilogie précédée de nombreuses louanges aura été une semi-déception. J'en admire le concept et n'aurais pas été contre l'explorer davantage mais le style adopté et cette conclusion m'auront laissé sur ma faim.