Angel a quitté Sunnydale pour Los Angeles où il combat en solitaire les créatures démoniaques. Jusqu'au jour où un certain Doyle l'aborde. Messager des puissances du Bien et doté de prescience, il s'associe avec le vampire. Ils sont bientôt rejoint par Cordelia Chase dont la carrière d'actrice peine à décoller et qui s'impose comme la secrétaire de leur agence de détectives privés spécialisés dans le surnaturel.

À la fin de la saison 3 de Buffy contre les Vampires, la Tueuse disait adieu à sa vie de lycéenne mais également à Angel, le vampire doté d'une âme dont elle était amoureuse, consciente que leur relation ne pouvait se concrétiser à nouveau sans tourner à la catastrophe. Angel, à quelques apparitions près, quittait donc la série mais sans que son histoire ne s'arrête pour autant. En effet, alors que Buffy entamait sa quatrième saison, la série s'accompagnait désormais d'un spin-off, sobrement intitulé Angel dans lequel le personnage éponyme vivait de nouvelles aventures à Los Angeles. Spin-Off sur lequel je ne m'étais pas précipitée après avoir terminé l'intégrale de la série-mère il y a deux ans, tout d'abord pour me laisser le temps de digérer celle-ci mais également du fait de mon manque d'attraction pour David Boreanaz et son personnage. Pourtant, Angel fait partie des séries dérivées ayant réussi à se tailler une solide réputation et de ne pas être simplement un pis-aller pour fans en manque.

On délaisse donc les intrigues d'adolescents passant à l'âge adulte dans une petite localité pour la grosse métropole de Los Angeles tandis qu'Angel, bientôt flanqué d'un demi-démon et de la pétulante Cordelia, s'établit en tant que détective privé. Un détective privé qui se penche sur des affaires impliquant principalement des démons, des vampires ou des fantômes, et si la Cité des Anges ne se situe pas comme Sunnydale sur la Bouche des Enfers, elle attire tout de même une faune peu recommandable. Les épisodes jouent bien de ce nouveau décor, entre Hollywood, ses producteurs louches et ses actrices vivant dans la peur de vieillir, ses bas-quartiers rongés par les guerres de gangs et une firme d'avocats sans scrupules. Le tout saupoudré donc de surnaturel. Les premiers épisodes laissent tout de même craindre l'application d'une formule éprouvée sur les séries policières avec quelques monstres en plus mais Angel s'extrait assez vite du tout venant. Tout d'abord grâce à ses personnages. Si Angel ne m'a jamais séduite avec ses airs de beau ténébreux tourmenté, on a un bon équilibre ici entre ses craintes de perdre son âme, la douleur de sa rupture avec Buffy et des traits plus drôles, un humour à froid qui pointait occasionnellement dans la première série et plus présent ici ainsi qu'un certain décalage comme une scène de danse fantasmée en témoigne. Cordelia Chase avait bien évolué dans les trois premières saisons de Buffy, elle continue ici tout en conservant ses réflexions superficielles et dépourvues de tact. Le personnage de Doyle demande quelques épisodes pour exister un peu et hélas s'en va presque aussitôt, décision aussi bien destinée à montrer qu'on n'hésitera pas à éjecter des protagonistes que liée aux problèmes de drogue de son interprète Glenn Quinn. Avant même la moitié de la saison, Cordelia héritera donc de ses dons tandis que la place laissée libre dans le trio sera remplie par Wesley Wyndam-Pryce, l'inénarrable Observateur déchu qui aura l'occasion de rattraper son bilan catastrophique dans Buffy.

La saison trouve vraiment son rythme à ce moment et si tous les épisodes ne sont pas réussis, il n'y a pas de francs ratages non plus. On propose des intrigues indépendantes à base de démons aux desseins néfastes, qui jouent souvent sur des faux-semblants comme dans I've Got You Under My Skin où une énième histoire d'exorcisme ménage quelques surprises. Bien que les deux séries puissent se suivre indépendamment, les ponts sont vite lancés avec Buffy puisque le troisième épisode montre les conséquences de l'épisode 4x03 de cette dernière, alors que Spike puis Oz déboulent en ville. On retrouvera également Buffy et Faith là encore pour montrer les suites du retour de cette dernière à Sunnydale tandis que Cordelia pourra compter sur l'assistance téléphonique de Willow au détour d'un autre épisode. Ensuite, cette saison montre l'arrivée de personnages récurrents comme la policière Kate qui assiste occasionnellement autant qu'elle se méfie d'Angel ou de Charles Gunn, un gamin des rues rôdé à la chasse aux vampires. Elle introduit surtout un antagoniste majeur sous la forme d'une firme d'avocats, Wolfram & Hart, qu'Angel retrouvera régulièrement sur son chemin et qui nourrit un plan diabolique qui ne prendra forme que dans le cliffhanger de la saison.

David Boreanaz, Charisma Carpenter et Alexis Denisof n'ont guère de peine à reprendre leurs personnages malgré le changement de contexte et bien qu'on n'en soit encore qu'aux débuts, de belles perspectives d'évolution se font voir chez chacun. Il n'y a pas grand chose à redire des nouveaux venus qui sont assez lisses aussi bien physiquement que dans leur jeu, dans les standards des séries grand public de la fin des années 90 mais pas de grosses fausses notes. Glenn Quinn n'aura eu qu'un temps limité pour poser Doyle mais bien qu'il n'y ait pas vraiment l'occasion de s'attacher à un personnage s'associant à Angel de manière très rapide et laissant à peine entrevoir des aspérités au moment de sa disparition, celle-ci parvient néanmoins à être poignante.

Délaissant la chronique adolescente entre deux combats contre le Mal pour laisser place à de la série noire entre deux combats contre le Mal, cette première saison d'Angel se montre solide, adopte un ton propre tout en trouvant le même équilibre entre frisson, humour et émotion.