Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Long Goodbye
Philip Marlowe croise la route d'un certain Terry Lennox, à qui il vient en aide. Une nuit, Lennox débarque chez le détective paniqué et lui demande de l'accompagner au Mexique. À son retour, Marlowe apprend par la police que Sylvia, la femme de Lennox, a été assassinée. Le suicide de Lennox semble conclure cette triste histoire mais pour Marlowe, il y a quelque chose qui ne colle pas.

Ce sixième roman mettant en scène Philip Marlowe a tout d'abord été publié en français sous le titre Sur un air de Navaja. Titre ô combien intrigant car le mot n'est jamais utilisé de tout le livre et il m'a fallu consulter un dictionnaire pour savoir que la navaja (nom féminin) n'était pas une variante de la salsa mais un "long couteau à lame effilée et légèrement courbe, parfois repliable, en usage dans le monde hispanoaméricain" (source: wiktionary). En effet, il y a bien un personnage latino (que tout le monde croit mexicain alors qu'il répète qu'il est chilien) qui sort occasionnellement un couteau de sa poche. Pas étonnant que la réédition complétée, retraduite, intégrale, fasse moins de fantaisie et conserve le titre d'origine. Même si ces titres démodés, parfois aussi adaptés que les résumés de quatrième de couverture rédigés par des gens n'ayant pas lu le livre et placés au-dessus d'une pub pour des cigarettes ou de l'après-rasage ne manquaient pas d'un charme désuet et de mystère.

Le roman en comporte aussi, du mystère, même si encore une fois l'intrigue démarre dans une direction, pivote pour partir brusquement dans une autre et à la fin, miracle, tout était lié par un fil ténu. Marlowe se prend ainsi de sympathie pour un inconnu au point de couvrir sa fuite au Mexique, même si cela lui vaut un tabassage au commissariat et un tour en prison, intimement convaincu que l'homme étrange et auto-destructeur qu'il a croisé deux fois ne peut avoir tué sa femme. L'instinct du limier. Le père de la victime fait tout pour étouffer l'affaire, le suspect principal se suicide, rideau... Néanmoins la coïncidence parait grosse quand l'épouse d'un écrivain alcoolique, qui se trouvent être voisins de la dame assassinée, fait appel à ses services. C'est l'occasion pour Raymond Chandler de dresser un portrait féroce de la grosse bourgeoisie californienne (déjà peu gâtée dans Le Grand Sommeil), et, tout comme il égratignait Hollywood dans Fais pas ta rosière, il se montre également peu amène envers les figures de l'écrivain et de l'éditeur. De là à penser qu'il avait quelques comptes à régler... Marlowe pour sa part est toujours aussi philosophe, provoquant l'antipathie de tous les flics qu'il croise, des brutes bas-du-front à quelques spécimens mieux disposés au départ mais dont il n'arrange pas les affaires et de temps en temps, avec son insolence très sûre et ses intuitions à peine moins, on se dit qu'il cherche un peu les ennuis.

Raymond Chandler donne la part belle aux réflexions de Marlowe, qui le livre volontiers à l'introspection devant un plateau d'échecs (ce à quoi ne s'amusent pas les détectives de Dashiell Hammett), pour une enquête dont l'apparence décousue prend une fois de plus son sens dans les toutes dernières pages.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 11 Avril 2023, 16:03bouillonnant dans le chaudron "Littérature".