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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Ballade de Buster Scruggs
Un cow-boy arpente l'Ouest en chantant et en tuant, sans jamais se départir de son sourire. Un braqueur de banque joue de malchance. Un impresario trouve une star plus rentable que celle qu'il promeut et doit faire un choix. Un vieux chercheur d'or pense avoir trouvé le bon filon. Une jeune femme se retrouve livrée à elle-même dans un convoi de pionniers. Une diligence file vers une destination mystérieuse. Six contes du Far-West, comme autant de balles de revolver.

Le dernier film des frères Coen a être sorti sur grand écran, Ave, César! date de 2016. Cela ne veut pas dire qu'ils ont chômé depuis mais leur dernier effort conjoint (puisque Joel a ensuite réalisé en solo son MacBeth) est sorti directement sur Netflix. Un film à sketches, donc probablement plus difficilement vendeur malgré quelques beaux noms à l'affiche. Qui dit films à sketches dit souvent résultat inégal et on sera effectivement plus ou moins sensible au thème et au traitement de chaque chapitre, qui revisite à sa manière un pan de l'Histoire du western, plus que de l'Ouest américain en fait.

On commence avec La Ballade de Buster Scruggs qui remet au goût du jour un sous-genre tombé en désuétude avant même que John Wayne ne devienne une star: le film de cow-boy chantant. Monument Valley, un cow-boys solitaire en costume d'opérette as de la gâchette et son fidèle cheval... Même si l'on n'a jamais regardé une œuvre de ce style, pour un spectateur français, difficile de ne pas penser à Lucky Luke... Mais imaginons un Lucky Luke parfaitement psychopathe et sadique, qui ne cherche pas à aider son prochain et qui sème la mort partout où il va dans la joie et la bonne humeur. C'est kitsch mais franchement drôle par moment, à l'image de l'affrontement Tim Blake Nelson/Clancy Brown, avec quelques plans cartoonesques. De quoi se mettre en jambes même si la suite se révélera fort différente.

Près d'Algodones montre un voleur interprété par James Franco tenter de braquer une banque. Le guichetier (Stephen Root) a plus d'un tour dans son sac et le pauvre hors-la-loi va devoir affronter les balles, un gang de lyncheurs, des Comanches pour finalement voir arriver ce qu'il pense être un sauveur providentiel. Un peu plus spaghetti en apparence (cache-poussière, violence...), ce segment-ci adopte un ton ironique, avec un protagoniste jamais tiré d'affaire.

Ticket repas se révèle beaucoup moins fun que les deux précédents chapitres. L'ambiance est lugubre, le rythme lent alors que l'on assiste à la tragédie d'un jeune acteur amputé des bras et des jambes, trimballé de ville en ville par un impresario pour déclamer devant un public de plus en plus maigre. Devant la ruine qui le guette, l'impresario va miser sur une nouvelle vedette. Peu de dialogues, acteur et impresario ne communiquent jamais directement pour une histoire qui tend impitoyablement vers une conclusion inexorable. Liam Neeson est très bien en taiseux tandis qu'Harry Melling, discrètement, est l'un des jeunes acteurs d'Harry Potter qui se construit une des plus jolies filmographies.

Gorge dorée met en scène Tom Waits en vieux chercheur d'or qui s'établit en pleine nature pour y trouver un filon. Dès les premières secondes, ce segment fait regretter que le film n'ait pas été visible sur grand écran. Si les Coen ont fait une infidélité à leur directeur photo habituel Roger Deakins, le boulot de Bruno Delbonnel ici est remarquable. L'ode à la nature paradisiaque s'oppose à l'avidité des hommes, entre l'orpailleur qui creuse ses trous comme une taupe gigantesque et un autre intrus qui espère goûter le fruit de son travail sans plus d'effort qu'appuyer sur une gâchette. Encore une fois, le rythme est lent, on pourra arguer que le sketch aurait pu faire quelques minutes de moins sans qu'on y perde mais la contemplation de cette nature paisible temporairement perturbée en vaut la peine.

On s'attaque au thème des pionniers dans La fille qui fut sonnée où Zoe Kazan incarne une timide jeune femme qui accompagne son frère dans l'Oregon où elle doit se marier. Le frère décède brusquement mais heureusement, elle peut compter sur la protection, et bientôt l'amour, de l'un des guides du convoi, tandis que le collègue de ce dernier reste mutique devant la relation qui se noue. Romance tout en retenue entre un méthodisme et une épiscopalienne, romance qui ne cache pas un certain pragmatisme comme souvent dans les récits de pionniers où la survie passe avant tout. On sait dès le début du chapitre, présenté comme les autres par une illustration tirée de l'histoire à venir accompagnée d'une légende, que le vieux guide devra annoncer une nouvelle difficile à son comparse mais il faudra attendre les dernières secondes pour comprendre de quoi il sera question. Encore une fois, les réalisateurs-scénaristes prennent leur temps mais pour amener à une chute d'autant plus cruelle.

On conclut sur Les reste mortels où le western se pare de gothique... et ne déparerait pas en épisode d'Inside n°9. L'équipage hétéroclite d'une diligence se dirige vers Fort Morgan: un trappeur, une dame respectable, un Français joueur de poker, un Anglais et un Irlandais débattent, se disputent, jusqu'à ce que les voyageurs découvrent la nature de deux d'entre eux. L'acteur le plus connu du lot, Brendan Gleeson, se montre discret donc on peut voir venir qu'il y a plus à en dire qu'il n'en laisse paraître mais cette chevauchée peut-être fantastique clôt le film de jolie manière.

La Ballade de Buster Scruggs souffre d'un certain déséquilibre, les deux sketches les plus dynamiques et amusants étant placés au début pour laisser la place à un enchaînement de segments plus lents et contemplatifs. Néanmoins, le retour au Far West des Coen après une adaptation de True Grit plus classique vaut le détour.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 3 Avril 2023, 12:30bouillonnant dans le chaudron "Films".