Eric Johnrosh, le grand écrivain américain, nous fait découvrir son chef-d'oeuvre longtemps resté inédit: une adaptation par ses soins de son propre roman, The Spoils Before Dying. L'histoire du pianiste de jazz Rock Banyon, accusé du meurtre de la chanteuse Fresno Foxglove, une ancienne maîtresse. Il n'a que 72h pour démasquer le véritable coupable.

En 2014 était diffusé sur la chaîne IFC une mini-série en 6 épisodes co-écrite par Matt Piedmont et Andrew Steele, The Spoils of Babylon, pastiche de vieille adaptation télévisuelle d'une grande saga familiale américaine. On y retrouvait des acteurs comiques tels que Will Ferrell et Kristen Wiig, d'autres plus étonnants dans le contexte comme Tobey Maguire ou encore Haley Joel Osment. L'humour était volontiers décalé, avec un mélange de reconstitution soignée et d'effets spéciaux délibérément fauchés (festival de mannequins même pas en mousse ou de jouets évoluant dans des maquettes pour faire croire que des véhicules se déplacent) d'acteurs jouant bien des acteurs jouant mal des personnages invraisemblables aux dialogues caricaturaux. Le résultat provoquait rarement des éclats de rires mais était régulièrement divertissant pour peu que l'on apprécie ce type d'exercice.

Un an plus tard, l'équipe remettait cela, cette fois avec une pseudo-adaptation de roman noir, Tobey Maguire cédant la place à Michael K. Williams dans la peau du personnage principal, ici un musicien de jazz accusé à tort de meurtre (ou pas, il avait pris quelques pilules la nuit de l'assassinat et a peu de souvenirs des événements) et qui va essayer de découvrir ce qu'il s'est passé pour s'innocenter. Naturellement, il va rencontrer tous les personnages-clés de ce genre de récits, l'ancienne amante, les flics brutaux, un criminel mexicain, des nazis et mettre à jour une terrible conspiration, le tout exposé à travers des dialogues qui multiplient les clichés jusqu'à l'absurde.

Une fois encore, les poncifs ne sont pas évités mais surlignés, l'auteur-réalisateur incarné par un Will Ferrell grimé comme une voiture volée n'est pas un dixième aussi doué qu'il se l'imagine mais surexploite les effets de style et les cadrages improbables tandis que les décors fourmillent de détails rigolos. Les acteurs ont bien compris ce que l'on attendait d'eux, à commencer par Michael K. Williams qui offre une composition très sobre et premier degré ce qui fait ressortir encore plus l'inanité de ce qu'on lui fait dire ainsi qu'à ses camarades. Des décors aux costumes, tout est élaboré avec un soin inversement proportionnel à l'intelligence de ce qui est raconté.

La brièveté de la mini-série lui rend toutefois service, 6 épisodes d'une vingtaines de minutes, finalement à peine deux heures mis bout à bout, cela empêche The Spoils Before Dying de trop s'essouffler même si l'on a vite compris sur quoi repose l'humour et qu'il y a peu de variations dans le registre employé. Il y a pas mal de clins d'oeil aux romans et aux films noirs, probablement aussi à l'histoire du jazz même si ça m'est sans doute passé au-dessus de la tête mais il n'est pas gênant de ne pas les repérer pour passer un bon moment.

Naturellement cette suite de The Spoils of Babylon laissera tout autant de marbre les spectateurs qui n'ont pas adhéré à la première série car elle repose exactement sur les même mécanismes. Si l'on est amateur et que l'on n'est pas lassé du procédé, il y a de quoi passer un bon moment, à s'amuser faute de franchement rire.