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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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En Quatrième Vitesse
--> It's Noirvember!
Une nuit, le détective privé Mike Hammer prend en stop une femme en fuite, Christina. Ils sont bientôt rattrapés par les poursuivants de celle-ci. La jeune femme est tuée et Hammer en réchappe de peu. Décidé à découvrir la véritable identité de la victime et les raisons de sa mort, le détective tombe sur une affaire aux ramifications nombreuses.

Dès la scène d'ouverture dans laquelle Cloris Leachman (la future Frau Blucher et grand-mère de Malcolm dans son premier rôle) court de nuit sur une route vêtue d'un seul imperméable avant d'être recueillie à contrecœur par le personnage principal, je me suis demandée si le cinquième film de Robert Aldrich datait bien de 1955 et pas d'une décennie plus tard tant il me paraissait novateur dans sa réalisation et son ton. Hammer et Christina taillent un bout de route mais sont bientôt faits prisonniers par des agresseurs dont le détective ne verra que les chaussures tandis que la pauvre femme est torturée. Hors champs, on n'apercevra que ses jambes, certes, mais pour l'époque, c'est brutal. La personnalité du "héros" n'est guère reluisante non plus. Peu de temps auparavant dans Vera Cruz Aldrich avait déjà introduit des protagonistes peu scrupuleux ou sympathiques mais Gary Cooper restait finalement droit dans ses bottes. Hammer est un détective macho spécialisé dans les divorces et il met sa secrétaire et maîtresse à contribution pour piéger les maris suspects. Les policiers méfiants et méprisants à l'égard des détectives privés sont un poncif de film noir mais ici le dégoût qu'ils éprouvent pour Hammer est justifié.

Cela n'empêchera pourtant pas Hammer de tenir sa promesse envers Christina de se souvenir d'elle et de se lancer, malgré les avertissements d'un flic de sa connaissance, dans une enquête pour découvrir que la mystérieuse auto-stoppeuse n'est que la dernière victime d'une série de crimes qui va le faire croiser un gangster et ses hommes de mains, la colocataire puérile de Christina et un inquiétant docteur. Comme si le protagoniste n'était pas suffisamment antipathique, il fait courir des risques à son mécanicien grec et sa secrétaire Velda et si le recours à la force est justifié face à des personnages menaçants il semble y prendre un peu trop de plaisir pour mettre à l'aise. Guerre froide oblige, l'intrigue prend un tour paranoïaque et va mettre Hammer sur la piste d'un étrange colis qu'il vaut mieux ne pas trop approcher. Quelque chose me dit que Spielberg et Tarantino ont été marqués par ce film.

Cela ne serait pas étonnant car malgré une intrigue parfois nébuleuse (on ne sait pas toujours trop pourquoi Hammer va voir un tel ou un tel) et un comparse comique un peu agaçant en la personne de Nick le mécanicien (qui ne mérite pas pour autant son triste sort) le film est remarquable. La scène d'introduction et son générique qui défile à l'envers happent d'emblée et la dernière scène revêt un petit côté cauchemardesque inhabituel dans une histoire de détective privé, à la limite du fantastique. Entre les deux, le déroulement peut paraître plus classique avec un détective privé qui alterne entre interrogatoire de suspects ou de témoins et affrontements avec des sbires patibulaires (dont Jack Elam). Néanmoins, Aldrich a une manière de filmer Los Angeles, de jour comme de nuit, de passer de grandes routes à des cages d'escalier enfermant les personnages, qui fascine quand bien même on ne sait plus très bien où l'on en est.

Dans le rôle principal, Ralph Meeker est solide. Sa belle gueule carrée en ferait normalement le héros idéal mais pas plus qu'Aldrich et le scénariste A.I. Bezzerides il ne tente de rendre Mike Hammer plus sympathique qu'il n'est (Mickey Spillane n'était pas du tout fan de l'adaptation de son personnage et en face le réalisateur et le scénariste le considéraient comme un fasciste donc le but n'était pas de lui faire plaisir de toute façon). Maxine Cooper dans le rôle de Velda, secrétaire et plus si affinités de Hammer est en revanche attachante et moderne, faisant une bonne partie du boulot mais hélas enchaînée à ce sale type. Les personnages féminins ne manquent d'ailleurs pas de caractère et de ressources mais elles sont aussi bien maltraitées. Seul bémol, Gaby Rodgers à la voix vite agaçante, dont on peut se dire que son personnage l'adopte pour tromper son monde mais même pas, en fait.

Alors que l'on pourrait avoir affaire à un film noir standard mettant en scène un privé obstiné menant une enquête impliquant du beau monde, des gangsters et des policiers corrompus, Aldrich s'extrait de ce schéma convenu par une réalisation étonnamment brutale et percutante, courant le risque de livrer une œuvre peu aimable avec un anti-héros guère ragoûtant mais qui n'en est que plus mémorable.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 15 Novembre 2022, 21:38bouillonnant dans le chaudron "Films".