Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Cabinet de Curiosités de Guillermo Del Toro
Un revendeur de contenus de garde-meubles tombe sur des livres qui réveillent de dangereux pouvoirs, une crème pour la peau miraculeuse bouleverse la vie d'une jeune femme, un peintre crée des œuvres terrifiantes dont les modèles ne sont pas forcément le fruit de son imagination... Le Cabinet de Curiosités de Guillermo Del Toro renferme bien des mystères qu'il nous invite à découvrir.

Les anthologies télévisuelles nous ont offert bien des séries cultes, comme La Quatrième Dimension de Rod Serling ou Alfred Hitchcock présente mais récemment, au moins lorsqu'il s'agit du format proposant une intrigue différente par épisode plutôt que par saison, je suis plus souvent restée sur ma faim que satisfaite. Inside N°9 continue de garder le cap mais The Twilight Zone version Jordan Peele a été une déception et je préfère ne rien dire d'Into the Dark dont je ne sais toujours pas si elle est annulée ou non. Malgré l'intérêt que suscite le nom de Guillermo Del Toro et l'idée d'une anthologie horrifique où chaque épisode met en avant un réalisateur ou une réalisatrice ayant déjà touché au genre, il y avait donc une certaine méfiance, l'impression de pétard mouillé n'est jamais loin. Qu'en est-il donc de ces huit épisodes, présentés par Guillermo Del Toro lui-même et délivrés au rythme de deux par jour pour nous accompagner gentiment vers Halloween?

On commence avec Lot 36/Le Lot 36 de Guillermo Navarro, directeur photo sur quelques films de Del Toro et passé à la réalisation sur la série Hannibal. Il n'est pas aisé d'être le premier épisode d'une anthologie: si l'on commence trop fort, la suite peut paraître décevante, si c'est trop timide, les spectateurs ne sont pas favorablement mis en jambe. Cet épisode ouvre le bal de jolie manière. Le début prend son temps pour installer un personnage de vétéran du Viet-Nam détestable (l'intrigue se passe à l'époque de la première Guerre du Golfe) incarné par l'excellent Tim Blake Nelson. Ce dernier, qui revend le contenu de garde-meubles dont les propriétaires sont décédés ou incapables de payer le local, tombe sur un contenu qui le dépasse mais il est trop avide pour s'en rendre compte. La première partie peut paraître longuette mais je ne m'y suis pas ennuyée et une fois qu'on entre dans le vif du sujet, la tension ne faiblit pas et la créature est réussie.

Graveyard's Rats/Rats du Cimetière est signé Vincenzo Natali, le réalisateur de Cube, notamment. On plonge dans le Londres du règne de George V où un pilleur de tombes va devoir s'enfoncer malgré sa claustrophobie dans les entrailles de la terre à la poursuite des rats qui ont emmené le trésor qu'il convoitait. David Hewlett, qui a déjà travaillé avec Del Toro sur La Forme de l'eau, s'en donne à cœur joie en voleur volubile mais lâche et la reine des rats, en grande partie une animatronique, est réussie. Le mort vivant peut paraître de trop en plus des rats mais il est apparemment dans la nouvelle de Henry Kuttner sur laquelle est basée l'épisode. On peut regretter qu'il passe après Lot 36 car on retrouve deux fois d'affilée un vilain protagoniste endetté condamné pour sa cupidité mais le ton est plus rigolard et n'est pas sans évoquer Les Contes de la Crypte

The Autopsy/L'Autopsie est réalisé par David Prior dont je ne connais pas le travail. On y suit un vieux médecin légiste incarné par F.Murray Abraham qui doit autopsier plusieurs cadavres morts dans des circonstances dramatiques et dont l'état est fort étrange. On aurait pu avoir un huis-clos à la manière de The Autopsy of Jane Doe où l'on dévoilerait peu à peu le mystère, ce n'est pas vraiment le cas ici où l'on suit d'abord le shérif ami du médecin enquêter sur la découverte d'un cadavre et remonter la piste d'un tueur qui n'est pas tout à fait lui-même. On montre donc assez vite qu'elle est la nature de la menace avant d'arriver à l'autopsie proprement dite. Après quoi, le dernier quart d'heure est particulièrement intense et ne se ménage pas sur le gore.

Avec The Outside/La Prison des Apparences, Ana Lily Armipour signe un épisode au ton nettement plus satirique que le précédent, qui là encore n'aurait pas déparé, amputé d'une quarantaine de minutes, dans Les Contes de la Crypte. On y suit Stacey, employée de banque au physique ingrat qui ne se sent pas intégrée au milieu de collègues tirées à quatre épingles et superficielles, et qui fait une allergie à une crème pour la peau qu'on lui a offerte. Mais lui assure sa télévision, elle ne doit pas se décourager, le traitement va faire effet. L'épisode est en grande partie porté par Kate Micucci qu'on a notamment pu voir dans The Big Bang Theory dont la réalisatrice exploite le physique particulier. La conclusion ne tombe pas dans une morale rassurante à coup de "ce qui compte c'est la beauté intérieure" et malgré l'aspect comédie noire, le malaise est bien présent.

Pickman's Model/Le Modèle est la première adaptation de Lovecraft de l'anthologie, signée Keith Thomas. La nouvelle était courte, on la développe sur une heure tout en gardant l'essentiel. Ben Barnes est très bien en jeune peintre prometteur vite traumatisé et dont la carrière va tourner court bien qu'il soit au moins heureux dans son ménage bourgeois jusqu'au retour dans sa vie de Pickman, peintre dont il a fait la connaissance lors de ses études et dont les œuvres l'ont terrifié. Crispin Glover est toujours indiqué pour jouer les hommes inquiétants et torturés bien que l'on ne comprenne pas trop le changement d'attitude et le soudain succès de son personnage dans la deuxième partie de l'épisode. On a néanmoins droit à quelques visions fantasmagoriques et cauchemardesques du plus bel effet (dont un banquet très spécial) et il y a un côté "avez-vous lu Sutter Kane?" savoureux dans la réaction aux peintures de Pickman et la promesse d'Apocalypse qu'elles renferment.

Catherine Hardwicke, qui réalise la deuxième adaptation de Lovecraft de l'anthologie, Dreams in the Witch House/Cauchemar de Passage, n'a pas vraiment brillé lors de ses incursions dans le fantastique puisqu'on lui doit le premier volet de Twilight (pas le pire) et un Petit Chaperon rouge oublié. Il serait injuste de balayer son épisode pour cette raison car s'il s'éloigne encore plus que le précédent de la nouvelle d'origine, il ne manque pas de charme. On y suit Rupert Grint en jeune homme bouleversé par la mort de sa sœur jumelle des années plus tôt et convaincu qu'elle est perdue dans les limbes. Ses efforts pour la ramener auront des conséquences catastrophiques. Si cette intrigue permet de développer le personnage principal, il est dommage que cela recule le moment de découvrir la maison de la sorcière, qui aurait pu être mieux mise en valeur. Cependant, l'épisode est très bien interprété par Grint, on croise également Ismael Cruz Cordova bien différent de son rôle dans The Rings of Power, les peintures de la voisine de Grint sont une bonne idée, Brown Jenkins est répugnant à souhait, le look de la sorcière est réussi et la fin tranche avec le happy-end lénifiant qu'on faisait miroiter juste avant.

The Viewing/L'exposition de Pan Cosmatos est l'épisode le plus étrange du lot et de ce fait celui qui risque de diviser le plus. En effet, on y trouve un groupe de personnages d'horizons différents (une scientifique, un auteur, un chanteur et un médium) invités par un milliardaire reclus dans sa demeure. Après une discussion tendue autour d'un verre du meilleur whisky et de quelques lignes de coke, l'hôte va montrer à ses invités la raison de leur venue. Le décor de la baraque est réussi et Cosmatos instaure une belle ambiance avant de faire partir son épisode dans une direction totalement inattendue dans le dernier quart d'heure. Ce changement de registre rend l'épisode marquant mais était-il nécessaire de passer autant de temps à montrer les personnages discuter pour que ça ne paie pas vraiment par la suite (il n'y avait pas mieux à faire de Sofia Boutella?)? C'est surprenant, dégoûtant et un peu amusant aussi, Peter Weller a toujours une bonne gueule mais il y a un côté trop déséquilibré malgré les qualités pour être convainquant.

Ouvrir le bal n'est pas chose facile, le clore non plus et la tâche est revenue à Jennifer Kent, remarquée il y a quelques années avec Mister Babadook. Elle retrouve dans The Murmuring/Murmuration Essie Davis, qui forme ici avec Andrew Lincoln un couple d'ornithologues louant une vaste demeure sur une île afin d'observer des oiseaux. Le personnage principal entretient une distance avec son mari qui trouve une explication en cour d'épisode tandis que la maison qu'ils occupent semble hantée. Le tempo est contemplatif, on apprécie les beaux paysages tandis que la protagoniste est de plus en plus perturbée pour un final plus émotionnel que spectaculaire. Un choix qui peut dès lors frustrer mais qui est suffisamment poignant pour fonctionner.

Ce Cabinet des Curiosités s'avère donc de belle tenue, chaque épisode ayant de quoi retenir l'attention ou tirer son épingle du jeu. Il en manque sans doute un pour être une claque mémorable, un épisode que l'on cite en exemple, incontournable, mais l'anthologie est une friandise agréable pour la fin Octobre et le pari est dans l'ensemble réussi.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 30 Octobre 2022, 12:24bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".