Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Guetteur
Martin Gregory, jeune cadre dynamique, mène une existence tranquille en compagnie de sa femme et de leurs deux chiens. Sans prévenir, il commet un matin un acte barbare. Affirmant qu'il n'est pas fou, il accepte cependant des séances avec le psychiatre Sommerville qui par l'hypnose fait ressortir des souvenirs enfouis et des existences antérieures.

Avec Le Guetteur, Charles Maclean, auteur et journaliste écossais, balade allégrement le lecteur pendant l'intégralité du roman. Le récit alterne entre le point de vue de Martin, que ce soit sous forme de journal ou non, et les rapports de son psychiatre, Sommerville, qui tente de le soigner. Très vite cependant, on s'aperçoit qu'on ne peut se fier totalement à ce que raconte Martin. Non seulement il commet un acte qui rend difficile d'établir un lien de confiance avec le lecteur, même s'il n'en est peut-être pas responsable, mais il y a des lacunes dans ce qu'il raconte, des incohérences, des contradictions: ment-il, sa mémoire lui fait-elle défaut, a-t-il des hallucinations? On sait par une des premières séances avec le psychiatre qu'il a occulté un acte grave dans son enfance et comme le thérapeute estime nécessaire de ne pas le lui remémorer tout de suite, il est possible que sans ce paramètre Martin interprète mal ce qui lui arrive.

Néanmoins, au fur et à mesure, les rapports de Sommerville sont aussi sujet à caution. Il semble chercher une explication logique et rationnelle à la conduite de son patient, et ne prendre les vies antérieures qu'ils explorent par l'hypnose (dont l'une concerne Percy Fawcett à la recherche de la Cité perdue de Z) que comme une manifestation des troubles du sujet. Or, comme le remarque Martin, certains éléments ne peuvent pas avoir d'autres explications qu'une réincarnation et on ne voit pas comment il pourrait en être autrement. Sommerville et son assistante Pénélope sont de plus en plus troubles, dans le cas de la seconde on ne sait d'ailleurs pas à quel point sa description et ses actes tiennent de la démence de Martin ou d'une plongée délibérée dans le fantastique. Maclean dissémine ses indices mais on ne sait pas vraiment sous quel angle les prendre et le doute est entretenu au-delà du point final. On peut seulement regretter quelques ficelles un peu grosse comme la conduite d'Anna, certes amoureuse mais tout de même bien conciliante et imprudente de vouloir reprendre une vie commune avec un mari qui a fait ce qu'il a fait moins d'un mois auparavant et ne donne pas signe d'être complètement guéri tandis que Martin n'est jamais vraiment sympathique même en faisant abstraction d'actes dont il n'est pas responsable pour une raison ou pour une autre. Le roman a connu une nouvelle vie sous le titre De peur que les ténèbres ne tombent, toujours traduit par Jacques Martinache qui abuse étrangement du passé simple quand le passé composé semble plus approprié.

Avec ses narrateurs peu fiables, on ne sait ce qui est la réalité et le mensonge, le fantastique et les délires d'un esprit dérangé. Se faire ainsi manipuler est un plaisir et le suspense se savoure de bout en bout.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 23 Octobre 2022, 19:08bouillonnant dans le chaudron "Littérature".