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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Gang des Rêves
Au début du XXe siècle, Cetta quitte son Italie natale et débarque à New-York en compagnie de son jeune fils, vite rebaptisé Chrismas lors de son passage à Ellis Island. Il grandit dans le quartier défavorisé du Lower East Side de Manhattan, et apprend à compter sur son astuce pour ne pas que survivre de petits boulots. Sa vie change radicalement quand il vient en aide à Ruth, jeune fille de bonne famille sauvagement agressée.

Dans Le Gang des Rêves, inutilement sous-titré en français À la poursuite du rêve américain, Luca Di Fulvio nous invite à suivre le parcours de quatre personnages, Cetta, immigrée italienne arrivant aux États-Unis sans un sou et avec pour seul bagage un nourrisson; ledit nourrisson bien grandi et appelé Christmas; Ruth, issue de la haute-bourgeoisie new-yorkaise et victime d'un viol; et son agresseur, Bill, qui après son crime refait sa vie sous une nouvelle identité. L'auteur mélange les genres, histoire de gangsters, portrait cruel des coulisses d'Hollywood et fable à travers l'histoire de Christmas tellement optimiste qu'on lorgne par moment vers Capra. Mixer ce dernier avec des sous-intrigues bien plus glauques et violentes que ce qu'offrait son cinéma est risqué et ne fonctionne pas toujours bien que le roman ne manque pas d'atouts.

Parmi ceux-ci, la plume de Di Fulvio est très vivante et emporte sans peine le lecteur à travers les hauts et bas des personnages. Les chapitres sont courts, on alterne les points de vue, on ne s'ennuie pas. Ensuite la reconstitution du New-York des bas quartiers est saisissante, avec sa misère, ces personnages qui chacun à leur manière, essaient de s'en sortir: Cetta par sa résistance à toutes les épreuves, Christmas par son bagout, Santo avec honnêteté et Joey par la promesse d'argent facile de la délinquance. On croise de vraies figures du milieu comme Lepke Buchalter et Arnold Rothstein* et une fois les différents personnages en route pour Hollywood, quelques stars: John Barrymore, Gloria Swanson, un certain Marion Morrison encore inconnu... Mélange, donc, mélange étrange où l'auteur évite certaines facilités (Ruth va mieux puis a des rechutes, il n'y a pas un déclic facile pour lui permettre de surmonter son traumatisme, les retrouvailles des différents personnages ne se déroulent pas comme on pourrait les voir venir de loin) ou plonger dans les poncifs sans complexe (le personnage qui signe sa grande œuvre en racontant sa propre histoire, par exemple).

La violence est omniprésente à travers ce que subissent notamment Cetta puis Ruth et le personnage de Bill, particulièrement atroce et pathétique, certaines péripéties semblent superflues (la brève folie de Bill, justement, sur la fin, est inutile) et à côté, il y a beaucoup de bons sentiments et une foi dans l'art pour s'en sortir: la photographie sert de thérapie à Ruth, le talent de Christmas pour raconter des histoires va le porter au sommet et Bill, dont la seule incursion dans un domaine "artistique" consiste à tourner dans des pornos de plus en plus violents et crapoteux où sa monstruosité s'épanouit, ne peut en revanche que mal finir.

Il y a donc du Capra dans l'histoire de Christmas, ce qui dans une certaine mesure permet de suspendre son incrédulité une fois ce paramètre admis mais son parcours romanesque en diable parait néanmoins trop beau. Ce n'est pas tant que sa tchatche puisse amuser et amadouer jusqu'à Arnold Rothstein, dont l'amoralité n’empêchait pas d'apprécier les nouveaux talents et de flairer les bons coups que le fait qu'il paraisse réussir sans travailler son talent propre, qui ne suffit pas, même aux pros de l'improvisation: étrangement, j'ai eu moins de mal à croire à la sympathie des gangsters pour lui qu'à l'enthousiasme manifeste et immédiat du prducteur Louis B. Mayer pour son premier jet de synopsis, comme si Hollywood ne broyait pas des auteurs autrement plus confirmés et vénérables.

Le Gang des Rêves a pour lui un style fluide, des personnages hauts-en-couleur, réels ou fictifs, mais souffre également de maladresses, partagé entre une violence crue, en particulier à l'égard des personnages féminins (pas invraisemblable du tout par ailleurs dans le contexte dépeint, hélas) et un sentimentalisme optimiste exacerbé où même les pires truands ont une corde sensible que le héros sait faire vibrer, un rêve américain qui vire au cauchemar puis que l'on fait jouer au premier degré.

*Un Rothstein au langage moins châtié que dans Boardwalk Empire mais après tout, même issu d'un milieu bourgeois il ne reste pas de traces audibles de sa façon de parler donc les interprétations peuvent varier. Ce qui est à nous avait fait le choix intéressant de le faire changer de registre en fonction de son interlocuteur et des circonstances, ici il est vraiment full gangster.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 13 Juillet 2022, 14:43bouillonnant dans le chaudron "Littérature".