Après avoir gagné à la loterie, Gregory revient s'installer dans sa ville natale en Arizona avec sa femme, leurs trois enfants et sa mère. Très vite, la famille est perturbée par des événements étranges et violents qui frappent les autres habitants tandis que la personnalité de certains de ses membres commence à être affectée, peut-être par la maison où ils habitent, peut-être par une entité surnaturelle.

Un petit Bentley Little pour la route... Passé le moment de la découverte de cet auteur, il faut bien dire que ces romans me servent surtout de bouche-trou quand je n'ai plus rien sous la main et que je ne cherche pas une lecture très exigeante. Ici, on n'est pas dans la veine qui a fait le mieux ses preuves avec lui tout en finissant par devenir répétitive, celle où il aborde une institution quelconque pour la faire partir en sucette, on part sur une base au premier abord classique de gentille famille s'installant dans une nouvelle maison pour que les ennuis commencent et que les morts s'empilent.

L'originalité du récit repose dans le fait que les personnages principaux sont des Moloques (ou Molokanes), issus d'une communauté religieuse d'origine russe que l'on ne croise pas souvent dans les fictions, a fortiori dans un roman d'horreur se déroulant dans une petite ville de l'Arizona. Paradoxalement, tout en nous invitant à découvrir une minorité rarement représentée et en montrant ses membres en butte à divers préjugés, Little brode une histoire tellement fantaisiste à partir de leur culture qu'on se demande s'il leur rend vraiment service, mention spécial au prophète... Les protagonistes ont du mal à sortir du lot, ce sont finalement Julia et Agafia, la mère et la grand-mère, qui s'en sortent le mieux, les autres personnages se retrouvant vite sous l'influence de l'entité maléfique, ce qui rendait difficile de s'y attacher, à part Adam malgré des passages dérangeants et Teo, peu développée. La plus mal servie étant Sasha, qu'on n'a pas le temps de connaître et qui n'est pas très présente, aussi n'est-elle qu'une victime de plus sans fonction supplémentaire. Comme d'habitude avec Little, on alterne entre le franchement grotesque parfois ouvertement humoristique et le plus inquiétant et le suspense est plutôt bien mené. Difficile en effet de voir comment les personnages principaux vont s'en sortir avant les dernières pages. Grâce à une intervention bien opportune plus qu'à leur habileté, hélas.

Malgré le choix de mettre en scène une communauté méconnue et quelques scènes efficaces, The Town reste un roman très moyen, faute d'entretenir un véritable intérêt pour les protagonistes et certains passages ridicules, volontairement ou non, n'aident pas à prendre leurs malheurs au sérieux.