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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Prisonnier
Après sa démission, un ancien agent secret est enlevé et se réveille dans un étrange village, où il devient connu sous le pseudonyme de Numéro 6. Le Numéro 2, en apparence la plus haute autorité en ces lieux, cherche à lui extorquer des renseignements mais son prisonnier n'a qu'un seul but: s'échapper.

Enfilez vos mocassins et votre blazer bleu marine, aujourd'hui on parle d'une série culte et pour une fois le terme n'est pas utilisé à la légère. Créée en 1967 par George Markstein et Patrick McGoohan qui interprète également le rôle principal, Le Prisonnier mélange espionnage, science-fiction et surréalisme dans un cocktail qui n'a rien perdu de son côté atypique avec les années. On ne traîne pas pour poser la situation de départ puisque le générique pose d'emblée le peu que l'on sait des origines du protagoniste et de son arrivée au Village et à partir de là, on se retrouve dans un univers étrange, le décor du village gallois de Portmeiron faisant des merveilles avec son mélange d'influences architecturales tandis que les intérieurs et les accessoires sont plus dans la lignée de la SF des années 60, à l'exception de ce grand-bi qui trône dans l'antre du Numéro 2 et que l'on retrouve sur les badges des habitants.

Le premier épisode introduit un certain nombre de règles concernant le fonctionnement du Village mais il ne faut pas trop s'y attacher: on paie en unités de travail mais on ne saura pas comment Numéro 6 acquiert ses unités; le Numéro 2 change à chaque épisode, parfois en cours d'épisode, certains reviennent sans que leurs échecs ou succès face au Numéro 6 soient déterminants, parfois ce dernier fait leur connaissance durant l'épisode, parfois il n'est pas surpris par leur nouvelle identité donc on peut supposer qu'il les a croisé entre deux épisodes sans que l'on sache vraiment combien de temps en moyenne ils restent en poste. Sans parler des acteurs jouant le Numéro 2 puis un autre personnage sans que cela soit noté, bizzarerie supplémentaire ou habitude des séries britanniques de recycler les mêmes acteurs au sein d'une série. On aurait tort d'y voir des incohérences, cela ne fait qu'accentuer le sentiment de désorientation dans lequel on cherche à maintenir régulièrement le héros auquel le Numéro 2 est censé extorquer des renseignements... Et encore, cet objectif semble parfois mis entre parenthèse. Les épisodes peuvent grossièrement se classer en deux types: ceux dans lesquels le Prisonnier tente de s'échapper et est mis en échec par le Numéro 2 et ceux dans lesquels le Numéro 2 tente une nouvelle méthode pour faire parler le Numéro 6 qui en échange le fait tourner en bourrique.

À l'origine prévue en seulement sept épisodes, la saison a dû être étendue jusqu'à 17 pour favoriser sa diffusion aux États-Unis. Ce n'est pas un gros handicap, même les épisodes hors ceux fondamentaux aux dires de McGoohan (les 1,2,4,8,9,16 et 17) valent généralement le détour et ils abordent divers thèmes: les élections, la manipulation des foules et des individus, l'éducation... On ne sait sur quel pied danser avec les différents habitants du village que côtoie Numéro 6, qui peuvent être d'autres prisonniers dont le stade plus ou moins avancé de leur captivité les conduit à se soumettre aux règles en oubliant qui ils sont ou à avoir encore des germes de rébellion, ou des gardiens, ou des agents au service du Numéro 2. Pour le protagoniste, en plus de son désir d'évasion vient celui de comprendre qui tire les ficelles et qui peut bien être le Numéro 1, si tant est qu'il existe. Si la plupart des épisodes sont de qualité, dans la dernière partie on note quand même le temps de trois épisodes une tendance à changer de décor (un épisode à Londres où l'esprit du Prisonnier se trouve dans un autre corps, un épisode dans un cadre de western virtuel, et un épisode très étrange où Numéro 6 lutte contre un savant fou qui se prend pour Napoléon). La contrainte d'avoir dû allonger la saison et de se trouver à l'étroit au Village se fait alors sentir mais heureusement, le double-épisode final revient aux fondamentaux.

Encore que, la fin est complètement surréaliste et se garde bien d'apporter les réponses aux questions les plus basiques, oubliant même a priori quelques indices glanées en début de saison. Sans surprise, elle a provoqué un tollé chez une partie des spectateurs à l'époque de sa diffusion. Bien que le premier épisode souffre d'un montage assez brut par moment qui se calme par la suite et qu'il faille un temps pour s'adapter au jeu d'acteur de McGoohan (qui passe mieux dès le deuxième épisode où son personnage devient plus nonchalant en apparence), la série est très soignée sur la forme et fourmille d'idées, l'influence qu'elle a pu avoir sur d'autres productions télévisuelles est indéniable: concept fort avec personnages coincés en un seul lieu, empilement de questions et de mystères, un dénouement osant courir le risque de déplaire en n'offrant par les résolutions les plus terre-à-terre ou attendues...

Au premier abord objet typiquement sixties qui a fait les beaux jours des rediffusions sur M6 dans les années 90, Le Prisonnier reste fascinante, fourmillant de détails et de symboles qu'on a envie d'analyser et d'élucider. Une pionnière et un modèle pour toutes les séries à mystères qui ont suivi.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 14 Juin 2022, 10:45bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".