Les années passent à Perdido, troublées par les tensions entre Mary-Love et Elinor. Dans la maison de cette dernière, Frances, sa plus jeune fille, est terrifiée par le placard de la chambre d'amis dans lequel elle sent une présence. Une crainte qui n'est pas prise au sérieux quand elle doit temporairement loger dans la pièce.

Après deux tomes centrés en grande partie sur la rivalité entre Mary-Love et Elinor et les liens étranges que cette dernière entretient avec la rivière, le dernier chapitre de La Digue ouvrait une nouvelle piste a priori sans rapport avec le reste: une présence surnaturelle dans la maison d'Oscar et d'Elinor et que Frances semblait la seule à percevoir. Pendant les premières pages du troisième tome et malgré un titre qui donnait tout lieu de croire qu'on attaquerait directement sur cette nouvelle intrigue, on semble au contraire poursuivre sur la rivalité entre Elinor et sa belle-mère et les ennuis de Queenie avec son affreux mari Carl. Pourtant, comme on le constatera, tout est lié et rien n'est abandonné en route.

Les personnages prennent de l'âge et certains évoluent de manière inattendue: Sister a vraiment réussi à prendre son indépendance face à sa mère, elle se fait plus rare mais aussi plus incisive bien qu'elle ne soit pas aussi heureuse en ménage qu'on pourrait l'espérer et Grace qui apparaissait comme timide et effacée s'épanouit à l'université, par exemple. En revanche, Mary-Love reste fidèle à elle-même et si elle était "seulement" terriblement possessive, elle fait preuve ici d'une telle cruauté envers sa plus jeune petite-fille qu'il y a une certaine satisfaction à la voir enfin affronter les conséquences de ses actes. Cependant dans le camps d'en face les actions d'Elinor sont toujours aussi terrifiantes (on peut s'interroger sur le fait qu'elle n'use pas plus souvent de ses terribles pouvoirs mais c'est d'autant plus percutant quand c'est le cas). Quant à la fameuse maison et la chambre d'amis en particulier, on tient là quelques ficelles classiques des histoires de fantômes mais utilisées de manière suffisamment efficace pour faire frissonner quand il le faut.

Isolée du reste du monde, Perdido reste néanmoins sujette aux aléas de l'Histoire, ici la Crise de 1929, et avec le temps qui passe et encore trois tomes, on n'en restera probablement pas là. Ce tome-ci fait en tout cas bouger les lignes dans la famille Caskey, ce ne sera certainement pas la dernière fois.