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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Animaux Fantastiques - Les Secrets de Dumbledore
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Pour contrer les manœuvres de Grindelwald, désireux de se faire élire à la tête de la Confédération des Mages et Sorciers, Dumbledore rassemble un petit groupe hétéroclite avec l'aide de Norbert Dragonneau. Pour contrer les plans d'un adversaire capable d'apercevoir le futur, il va falloir se montrer particulièrement imprévisible.

En 2016, Les Animaux Fantastiques avait lancé la pentalogie dérivée d'Harry Potter sur de bonnes bases: suffisamment ancré dans un univers connu mais suffisamment éloigné pour ménager des découvertes avec nombres de nouveaux personnages principaux et de nouvelles contrées. Le mélange entre le merveilleux des débuts de la saga, au travers des animaux fantastiques, et d'une intrigue plus sombre tournant autour de Credence ne se mariait pas toujours très bien et le choix de Johnny Depp pour jouer Grindelwald était très discutable, pas seulement pour sa conduite hors-plateaux mais parce que son côté "grosse star américaine" tranchait trop nettement avec les bonnes habitudes prises par les films d'origine mais on prenait un départ solide. Deux ans plus tard, Les Crimes de Grindewald s'était révélé plus déconcertant et clivant. Le fond était intéressant, avec un Grindelwald sachant attirer dans son camps des personnages pas fondamentalement méchants, adoptant un discours séduisant et faussement raisonnable, ce qui tranchait avec Voldemort tel qu'on le voyait, devenu trop monstrueux pour faire autre chose que prêcher des convertis ou régner par la terreur. Et l'interprétation de Depp n'était en fin de compte pas si mal. En revanche, le film prenait trop vite un tournant très sombre et déprimant et surtout l'enchaînement des scènes, suivant des personnages nombreux et éparpillés, entraînait de sévères problèmes de rythme et des successions de révélations laborieuses. Quant à la dernière d'entre elle, sur l'origine de Credence, elle soulevait des questions, la principale étant: comment retomber sur ses pattes de manière cohérente? Autant dire que Les Secrets de Dumbledore avait la lourde tâche d'apporter des réponses claires et de le faire de manière plus digeste. C'est probablement pour cela que Steve Kloves, qui n'a pas vraiment livré un travail au-dessus de tout reproches sur les Harry Potter mais a l'expérience comme scénariste qui manque encore à J.K. Rowling, lui a été adjoint, histoire de donner une forme plus cinématographique à ses idées.

Il aura fallu patienter, la production ayant été mouvementée, entre renvois de certains (Depp évidemment, remplacé par Mads Mikkelsen, et Kevin Guthrie, remplacé par personne mais son personnage de sous-fifre était dispensable) et indisponibilités et délais liés au COVID, forçant à des réécritures (peu de Tina et pas de Nagini dans cet opus). Le résultat est enfin visible et on va commencer par le bon. Tout en ayant été agréablement surprise par le jeu de Depp qui abandonnait ses tics sparrowiens, d'entrée de jeu, Mads Mikkelsen le met à l'amende et on peut regretter qu'un choix de casting si évident n'ait pas été fait d'entrée. Il ne cherche pas à imiter Depp, ne reprenant que quelques éléments de maquillages en bien moins punk et impose son Grindelwald dès la première scène. En l'absence de scènes communes entre avec Jude Law dans le précédent film, difficile de dire s'il y aurait eu une bonne alchimie avec Depp, mais ici elle est palpable, on sent les regrets de part et d'autre face à cette relation impossible à renouer, chacun déterminé à suivre un chemin qui ne peut conduire qu'à un affrontement un jour ou l'autre.

Autre nouveau venu plus discret mais impeccable, Richard Coyle dans le rôle d'Abelforth Dumbledore, ce qui permet d'explorer un peu plus les liens compliqués entre les frères au caractère si différent. David Yates est un réalisateur appliqué à défaut d'être brillant mais il a toujours eu le goût de mettre en valeur ses décors et ici, on est servi entre Berlin et le Bouthan. Le petit groupe, proto-Ordre du Phoenix, fonctionne bien, peu de surprises du côté de Newt et Thésée, Jabob continue de réussir à apporter des touches d'humour sans être le gros side-kick boulet et se montre encore touchant. Le plus grand apport vient de Bunty et Lally Hicks qui ne faisaient que de brèves apparitions dans Les Crimes de Grindewald: la première s'extirpe de son cadre d'amoureuse transie pour devenir un personnage discret mais volontaire et optimiste, la deuxième est plaisante et on utilise à bon escient sa profession de professeur de sortilèges: plutôt que de lancer les habituels sorts de défense vus cent fois, elle est encline à ensorceler les objets autour d'elle pour parvenir à ses fins. Les animaux fantastiques ne sont pas négligés, l'un d'eux joue même un rôle pivot dans l'intrigue, et on a droit à des manticores redoutables. Enfin, on progresse sur le front de Credence, ou plutôt Aurelius puisque c'est bien son nom, et de Queenie.

Pour le premier, on a une explication qui se tient chronologiquement et qui n'entre pas en contradiction avec ce que l'on savait de la famille Dumbledore , bien que du coup la fausse piste était assez grossière. De plus, on boucle bien l'arc Credence sans l'étirer au-delà du raisonnable. J'ignore si on avait prévu de le montrer brièvement dans les deux films suivants mais si on ne le revoit pas, son histoire se tient bien comme cela et vu comme est parti Ezra Miller, ça tombe à pic. Quant à la seconde, on se doutait qu'elle allait déchanter aux côtés de Grindelwald, on ne perd pas de temps à la faire revenir du bon côté et à franchir un cap.

Tout cela est bel et bon mais il reste tout de même des défauts: Kloves ou pas, il y a toujours un problème de faux rythme dans la première partie, dû en partie à l'aspect plus choral et éclaté que les Harry Potter très centrés sur le personnage-titre et Poudlard. Il faut remettre tout le monde en selle, leur exposer leur mission et celle-ci, délibérément confuse puisque le but est de brouiller les visions de Grindelwald en agissant de façon en apparence erratique, permet d'enchaîner des scènes de bravoure réussies indépendamment mais qui demandent de la patience pour discerner une ligne directrice. Moins sombre que l'opus précédent (on avadakadavradérise pas des bambins) le film ne marie pas toujours heureusement son aspect plus merveilleux et plus sérieux en phase avec la montée en puissance de Grindelwald et le sous-texte politique: ainsi, le rôle du Qilin est décisif et a un joli aspect de conte mais il est un peu paradoxal de montrer des héros lutter contre un mage noir aux désirs totalitaires pour s'en remettre à une créature magique afin de désigner la personne la plus digne de la fonction suprême, pour le vote démocratique on repassera (on ne sait d'ailleurs pas l'étendu des pouvoirs d'un chef de la Confédération par rapport aux Ministères de la Magie, je voyais plus cette organisation comme un genre d'ONU, on ne peut pas dire que ce soit clair).

Néanmoins, après un deuxième volet qui soulevait des questions mais également des craintes, Les Secrets de Dumbledore parvient à nouer la plupart de ses fils, montre encore une galerie de personnages attachants (et si Tina est encore laissée sur la touche, elle ne m'a pas manquée, Bunty et Lally sont loin d'être de simples remplacements) et le duo Dumbledore/Grindelwald fonctionne à merveille. Il y a encore deux films (et treize ans dans l'intrigue) pour arriver à l'affrontement légendaire entre les deux mages, ce qui vus les scènes entre les deux compères donne envie. Pour le reste, c'est la grande inconnue.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 13 Avril 2022, 23:13bouillonnant dans le chaudron "Potterverse".