La tension monte entre le gang de Joe Masseria et celui des Castellammarais. Tandis que Luciano se remet de ses blessures, Gaetano Reina envisage de changer de camp. Masseria prend des mesures contre ses adversaires mais sa stratégie rend perplexe son entourage.

Huguenot Beach se penchait sur la conférence d'Atlantic City et la volonté d'une bonne partie des gangsters et trafiquants d'alcool de trouver un terrain d'entente pour maximiser leurs profits. Alors que la crise de 1929 éclate et affecte même les revenus des malfrats (seules les machines à sous qui ne demandent que de la petite monnaie rapportent régulièrement de l'argent), Joe Masseria, lui, est resté de la vieille école et avec son ennemi Cola Shiro, se prépare à une guerre de territoires des plus traditionnelles. Les mitrailleuses camemberts sont de sortie dans cet album mais ce n'est que le début de l'affrontement. Shiro est proche de la retraite et on assiste à l'ascension de son bras droit Salvatore Maranzano, grand admirateur de Jules César et adepte des citations latines à faire pâlir d'envie le roi Loth d'Orcanie.

Du côté de Masseria, Luciano se sent de plus en plus méprisé et traité comme un pion par le Boss, conscient que ce dernier n'aura aucun scrupule à l'utiliser contre ses adversaires tout en le plaçant en première ligne en cas de représailles, histoire de se débarrasser de tout le monde d'un coup. Heureusement pour lui, Lucky peut encore compter sur un entourage fidèle même si Lansky est un peu distrait par sa petite famille sur le point de s'accroitre.

Ce troisième tome, comme les précédents de ce deuxième cycle, est très dense mais un peu plus ardu à suivre: moins d'anecdotes pittoresques, moins de petites digressions sur des personnages secondaires, beaucoup d'hommes de main introduits pour mieux se faire dessouder dans la foulée... On reste concentré sur les prémices de la guerre entre Masseria et Maranzano et sur Luciano pris en étau au milieu (évidemment on ne s'inquiète pas trop pour lui si l'on connait un minimum le déroulement de cette lutte de pouvoir mais sa position n'en reste pas moins inconfortable). Chauvel opte encore une fois sur une structure en flashback, annonçant d'entrée de jeu la mort de Gaetano Reina avant de revenir en arrière pour en établir les circonstances. Une technique qui a fait ses preuves dans la série mais pas suffisamment systématique non plus pour lasser.

Oyster Bay n'est pas le tome le plus aisé à suivre, il est en tout cas moins amusant et fait davantage office d'épisode de transition en posant les bases nécessaires d'un conflit qui va désormais battre son plein.