Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Mano Nera
--> Ce qui est à nous, première époque, premier tome
New York, 1909: Leonardo Teresi, alias Bricks, un gamin des rues de l'East Side, gagne sa vie en faisant quelques courses pour les gens du quartier mais surtout, il observe la faune autour de lui. Alors que dans la salle de jeu voisine, on s'apprête à livrer une partie de billard légendaire, trois délinquants juvéniles tentent de tirer profit d'une tentative d'extorsion de la Mano Nera. Trois délinquants qui vont faire parler d'eux dans les années à venir.

Avec la série Ce qui est à nous, le scénariste David Chauvel et le dessinateur Erwan Le Saëc s'étaient lancés un défi ambitieux: raconter un siècle de crime organisé new-yorkais, depuis la méthode de racket de bandits d'origine italienne qui opéraient derrière une pseudo-organisation, la Mano Nera, jusqu'à l'ascension et la chute de grands noms du gangstérisme. Hélas, la série a eu du mal à trouver son public et a dû aller d'évolution de format et de collection à un changement de nom, devenant par la suite Mafia Story, titre peut-être plus clair sur le contenu mais aussi plus basique. Malgré tout et si l'objectif n'a pas été totalement atteint, on a un paquet d'albums à se mettre sous la dent et comme les histoires sont indépendantes tout en s'inscrivant dans un panorama plus vaste, il n'y a pas la frustration d'un abandon sur un cliffhanger.

Ce premier tome ouvre le bal, après un petit prologue (rajouté lors de la réédition dans la collection "Sang Froid" de Delcourt) sur les origines supposées de la Mafia. On enchaîne ensuite avec le récit principal et on fait la connaissance des futurs Lucky Luciano, Frank Costello et Al Capone. Ils ne sont encore que Salvatore Lucania et Francesco Castiglia pour les deux premiers. Quant au troisième, Chauvel fait le choix de l'appeler Caponi même s'il y a de forts doutes sur le fait que ce soit l'orthographe d'origine et son emploi, alternativement avec Capone, était peut-être plus de la négligence quand il était mentionné quelque part avant de devenir une véritable gloire dans son domaine. Des gamins des rues qui se bagarrent, font le désespoir de leurs parents qui pensent les faire revenir sur le droit chemin à force de corrections (ce qui les poussent surtout à passer le moins de temps chez eux et le plus de temps à trainer dehors) et pour Lucania, on voit qu'il a déjà monté son petit business de racket à la protection (on ne nous dépeint pas la rencontre légendaire entre lui et Lansky). Bref, des petits gars prometteurs.

Le récit est dense et bien documenté (Chauvel cite ses sources et l'interprétation qu'il a pu en faire en fin d'album), utilisant quelques faits avérés: l'intrigue se passe pendant la trentaine d'heures qu'a duré la partie de billard homérique entre Arnold Rothstein et le joueur professionnel Jack Conway (on n'y assiste pas car le narrateur est contraint de rester à la porte mais AR fait une apparition furtive à la fin... clope au bec. On va dire qu'il était encore jeune et fou et n'avait pas adopté son régime sans tabac ni alcool à base de lait, de gâteaux et de figues. L'anecdote entre Capone et le soldat n'est pas une invention (en tout cas pas du scénariste) et la lettre de menace de la Mano Nera est semblable à l'une de celles citées par Robert J. Schoenberg dans sa biographie de Capone. Les parcours des trois garnements sont conformes à ce que l'on sait de leurs jeunes années mais là-dessus, on greffe une histoire fictive où ils vont séparément se retrouver mêlés à une tentative d'extorsion qui va tourner au combat de rue. Si l'on montre bien les aspects peu reluisants de la criminalité qui se cachait sous le terme de Mano Nera et la violence des quartiers défavorisés de l'East Side, le récit se révèle finalement plutôt amusant dans sa résolution.

Le dessin de Le Saëc est à la hauteur du scénario et fourmille de détails, des plans généraux de la ville au début du vingtième siècle aux rues dans lesquelles évoluent les personnages en passant par les appartements miteux, tout est finement illustré et très vivant. On manque de photographies des personnalités réelles qui interviennent ici dans leur jeunes années mais on imagine aisément qu'elles devaient ressembler plus ou moins à la manière dont elles sont présentés ici. Un petit mot enfin sur la colorisation de Scarlett Smulkowski qui se marient harmonieusement à l'ambiance générale.

La Mano Nera est un tome qui introduit parfaitement les bases de la série: relativement court mais plein d'informations, bien rythmé et mêlant habilement la fiction à une toile de fond réelle.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 1 Février 2022, 10:47bouillonnant dans le chaudron "Manga/Bandes dessinées".