Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Forbans de la Nuit
--> It's Noirvember!
À Londres, Harry Fabian, rabatteur pour une boîte de nuit, ambitionne de faire fortune. Jusque-là, ses petites escroqueries ne lui ont guère rapporté mais sa rencontre avec Gregorius, lutteur légendaire à la retraite, le convainc de se lancer dans l'organisation de combats. Kristo, le fils de Gregorius, n'entend pas se laisser dépouiller de son monopole.

Ah, tout de même! Après deux films d'affilée où le couple principal bénéficiait d'une fin bien idéale, je renoue grâce à ces Forbans de la Nuit avec le film noir bien désespéré où l'on comprend d'entrée, à voir le personnage principal fuir dans la nuit, qu'une issue heureuse n'est pas à l'ordre du jour. Changement de cadre également puisqu'après une série d'intrigues situées aux États-Unis, celle-ci se déroule à Londres (bien qu'il s'agisse d'une production de la Fox, le réalisateur Jules Dassin - le père de - prenait un peu ses distances avec Hollywood, la Chasse aux Sorcières lui causant quelques soucis). Et l'on peut dire que le choix de la ville n'est pas anodin, on a droit à beaucoup de scènes se déroulant dans ses rues plutôt que dans le cadre étroit d'un studio et les lieux, filmés souvent de nuit, revêtent un aspect menaçant du meilleur aloi. Le titre original, Night and the City, est encore plus révélateur que le titre français: bien qu'Harry Fabian soit le personnage principal c'est en réalité à toute une faune qui hante l'East End de la capitale que l'on s'attache.

On y fait la connaissance du couple Nosseross (bon, sérieusement, qui a pensé que ce nom était une bonne idée?) mal assorti en tout sauf dans leur objectif, tirer profit de tout ce qu'ils peuvent, ou encore de Kristo, gangster et organisateur de combats bidons, au grand dam de son père qui aimerait voir son art être respecté. Au milieu de cette foule peu recommandable détonne Mary, la fidèle et patiente compagne de Harry. Gene Tierney est toujours sublime mais a hélas peu à faire (elle est absente pendant une bonne partie du métrage) et le fait que dès le début on la voit sympathiser avec un voisin aussi fade que fréquentable rend la conclusion de son propre parcours non seulement prévisible mais un peu trop lénifiante.

Dans le rôle de Fabian, Richard Widmark qui avait fait trois ans plus tôt une arrivée remarquée au cinéma en psychopathe dans Le Carrefour de la Mort passe ici au premier plan et se révèle sans surprise excellent en petit escroc aux grandes ambitions. Il est malin et son plan pour court-circuiter le monopole de Kristo ne manque pas d'audace mais tout rusé et habitué des bas-fond qu'il est, il ne soupçonne pas à quel point il pèse peu face à des criminels qui ne reculent devant aucun coup bas. Ces derniers sont également fort réussis. En opposition à la pure Mary, Helen Nosserros (mais franchement), incarnée par Googie Withers, est entièrement vénale et en même temps on ne peut s'empêcher de la plaindre quand ses projets sont contrariés par plus retors qu'elle tandis que son mari Philip Nosserross (non mais je vous jure) joué par Frank L. Sullivan est aussi repoussant que pathétique.

Il en est de même du côté de toute l'intrigue liée au monde de la lutte, qui en plus d'offrir un combat intense (bien que je ne sois pas amatrice de ce sport) entre Stanislaus Zbyszko, authentique ancien champion dont ce fut le seul rôle au cinéma et qui s'en tire avec les honneurs, et Mike Mazurki, habitué aux rôles d'hommes de main costauds, introduit une couche supplémentaire de complexité en rendant Kristo (Herbert Lom bien avant d'être le commissaire Dreyfus) moins monolithique qu'il aurait pu l'être au premier abord.

Avec Les Forbans de la Nuit, Jules Dassin signe un beau film noir, exploitant à merveille les rues de Londres, des lieux les plus emblématiques rendus méconnaissables et inquiétants comme les marches de la Cathédrale Saint-Paul aux ruelles sordides et qui plonge ses personnages dans une tragédie annoncée et inévitable.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 14 Novembre 2021, 18:07bouillonnant dans le chaudron "Films".