Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Soprano, saison 2
Tony Soprano n'en a pas fini avec le stress et les crises d'angoisse: son homme de main Pussy refait surface et il n'est pas sûr qu'il soit toujours fiable. Sa sœur Janice vient lui rendre visite mais elle a ses propres intérêts à cœur. Richie Aprile, le frère de Jackie, sort de prison et commence à semer la pagaille. Il faut aussi composer avec les crises d'adolescence des enfants, une épouse et une maîtresse malheureuses et les ambitions hollywoodiennes de son neveu Chris. Quant au Dr Melfi, elle n'est plus très sûre de vouloir reprendre les séances avec son redoutable patient.

Chaque saison d'une série est un défi à relever. La première doit accrocher suffisamment les spectateurs pour ne pas être prématurément annulée: poser l'univers, les personnages, le ton, sans trop de tâtonnements décourageants, ne pas céder pour autant à la facilité afin de trop vite séduire... La dernière, d'autant plus si la série déchaîne les passions, ne doit pas décevoir sans là encore chercher à plaire à tout le monde. En comparaison, les saisons intermédiaires peuvent paraître plus faciles à aborder: les présentations sont faites, on a pu évaluer les défauts à corriger de la précédente, ce qui plaisait et ce qui rebutait le public... Seulement voilà, quand on passe avec une première saison qui est déjà une petite merveille d'écriture et d'interprétation, il faut être capable de continuer sur cette lancée sans se mettre en pilotage automatique. Or la première saison des Soprano faisait partie de ces débuts qui tapent très forts d'entrée de jeu.

On reprend où l'on en était resté: l'oncle Junior est en prison mais a déjà une petite idée de comment remettre le nez dehors, Livia soigne son attaque et esquive les conséquences de ses actions, Tony a repris les rênes de ses affaires et le Dr Melfi se planque toujours tout en s'arrangeant pour organiser des consultations. Elle et Tony vont mettre un moment avant de se recroiser pour une séance, car on ne peut balayer les événements précédents trop vite et l'on commence à voir le prix qu'il en coûte d'avoir un parrain de la mafia pour patient. Melfi a elle-même bien besoin d'aide d'un de ses collègues (Peter Bogdanovitch parce que pourquoi pas). On retrouve la petite bande aux gueules pas possibles et de nouveaux venus, les plus marquants étant ce psychopathe de Richie et les sœurs de Tony, Barbara et surtout Janice qui fait une entrée fracassante. Incarnée par Aida Turturro, elle a un côté ordinaire qui fait que l'on s'imagine bien la croiser dans la vie de tous les jours: branchée spiritualité, allant d'un boulot à l'autre ou les évitant, et pourtant, plus on avance, plus on découvre une personnalité pas si éloignée de celle de sa mère Livia. Pour autant, impossible de la détester totalement, du moins pour l'instant. On remarquera aussi Robert Patrick dans le rôle d'un ami d'enfance de Tony et père d'élève d'un camarade de Meadow qui va découvrir ce qu'il en coûte de s'endetter auprès de mafieux (excellent montage final en passant qui en parallèle d'un instant de célébration familiale montre les affaires de Tony et leurs conséquences possibles sur les "gens normaux": rappel salutaire de temps à autre que si on aime à suivre cette bande, elle ne commet pas de crimes sans victimes ou uniquement dans les rangs d'autres gangsters).

David Chase et son équipe jonglent toujours habilement entre différents niveaux du récit qui peuvent apparaître indépendants au premier abord mais ont toujours un impact, au bout d'un moment, l'un sur l'autre: les histoires de famille, de gamins à gérer, les états d'âmes de Carmela, et de l'autre tout l'aspect mafia, avec le complice que l'on découvre infiltré mais qui a toujours fait partie du paysage familial, les enfants qui commencent à avoir l'habitude de voir débarquer le FBI et commettent des bêtises d'adolescents avec des camarades de classe qui ne peuvent plus ignorer de qui ils sont la progéniture, Chris, toujours pathétique qui pense vivre le rêve hollywoodien pour subir une nouvelle désillusion (excellent épisode avec Jon Favreau dans son propre rôle, tout comme celui où Chris se découvre doué pour l'art dramatique mais freine des quatre fers quand cela expose sa vulnérabilité...).

Tout est tellement bien ficelé qu'il n'y a jamais de partie plus faible: les amateurs de récits de mafieux pourraient se lasser des histoires de famille plus ordinaires, les fans de séries familiales pourraient être rebutés par le sordide de l'aspect plus polar mais il n'y a jamais de tunnel et l'ensemble est parfaitement homogène. Je suis tout de même contente d'avoir vu la saga du Parrain avant, ce qui n'est pas indispensable mais permet de goûter les allusions disséminées ici et là. Pas seulement les impayables imitations d'Al Pacino par Silvio Dante mais celle un brin psychédélique au sort de Luca Brasi dans le dernier épisode, par exemple.

Deuxième saison, deuxième coup de maître donc, avec treize nouveaux épisodes qui laissent toujours aussi enthousiaste... mais un peu lessivée émotionnellement aussi, et le tout sans avoir l'air de trop en faire pour y parvenir.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 11 Octobre 2021, 23:45bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".