Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sermons de Minuit
Riley rentre à Crockett Island auprès de sa famille après avoir purgé une peine de prison. La petite communauté insulaire, profondément catholique, accueille un nouveau prêtre, le père Paul, alors que son prédécesseur âgé tarde à rentrer d'un voyage à Jérusalem. Des phénomènes étranges et miraculeux commencent peu à peu à se produire.

Mike Flanagan a délaissé un instant les adaptations de Stephen King ou de romans sur les maisons hantées pour un projet plus personnel. Il n'abandonne pas le fantastique pour autant mais il ne faut pas s'attendre à des apparitions spectrales en arrière-plan, pendant un petit moment, on va même se demander quelle peut bien être la source exacte des événements surnaturels. On peut être alors un peu déçu, à mi-chemin, de découvrir qu'il s'agit d'une figure très connue et classique de l'horreur. Elle est toutefois revisitée à travers une grille de lecture catholique qui sans amener une véritable nouveauté aux capacités et aux effets de la menace en question, l'aborde de manière détournée. Néanmoins, en prenant son temps pour instaurer l'angoisse jusqu'à un final dévastateur, l'intérêt du scénariste/réalisateur penche davantage vers la description d'une petite communauté et la place de la religion dans celle-ci que dans l'épouvante pure.

Les habitants de Crockett Island, dont le revenu principal est la pêche, ont vu leurs vies bouleversées quelques années plus tôt par une marée noire. L'île se traine mornement, l'église est désertée à l'exception d'une poignée de fidèles, la diaconesse Bev crispe tout le monde et est soupçonnée d'avoir fait construire un centre de loisir inutilisé pour cacher des détournements de fonds, et l'alcoolisme fait des ravages: Riley sort de prison après avoir renversé fatalement une jeune femme alors qu'il était en état d'ivresse, la jeune Leeza a perdu l'usage de ses jambes après avoir reçu une balle perdue tirée par le poivrot local... C'est dans ce contexte que le jeune et avenant père Paul arrive, ce qui semble au départ une bonne nouvelle. Un miracle apparent plus tard et la foi renaît sur l'île, plus vivace et confiante mais déjà, quelques petits détails inquiétants gâchent le joli tableau: quel secret cache le père Paul? Qui a massacré les chats de l'île voisine? Alors que la vérité se dévoile peu à peu, il est peut-être déjà trop tard pour les protagonistes et leurs voisins.

Flanagan accorde beaucoup de temps à ses personnages et à leurs réflexions plutôt qu'à chercher à provoquer le frisson à tout prix, ce qui s'avère payant, car on en vient à vraiment se soucier de leur sort et ils sont souvent plus fins qu'ils n'en ont l'air (le père Paul suscite d'emblée la méfiance mais il n'est pas une simple figure maléfique venue détruire la communauté sous des atours séduisants, le shérif incarne une forme de raison tout en étant à la marge car nouveau venu sur l'île et musulman, mais son insistance à ne pas se précipiter et ne pas porter de jugements hâtifs le font rester passif trop longtemps face aux premières disparitions...). Seul le personnage de Bev est un peu trop caricatural en bigote hypocrite. Des gens comme cela existent évidemment et elle arrive à être horripilante à souhait tout en finissant par faire pitié, il n'était peut-être pas nécessaire de charger la mule avec ces soupçons de détournement de fond.

Le revers de ce rythme volontiers tranquille et ce désir d'explorer les questionnements sur les croyances et la foi dans leurs aspects positifs et négatifs, c'est que l'on se retrouve aussi avec quelques plages de dialogues inutilement longues tel un échange entre deux des héros sur la vie après la mort et l'on se dit à plusieurs reprises que c'est fou ce que ces gens peuvent être éloquents, sans avoir même fait un brouillon. Bref, Flanagan se regarde un peu trop écrire à l'occasion et c'est également un défaut récurrent des séries destinées aux plates-formes de streaming, on sait que l'on n'est pas tenu à des horaires stricts et que l'on peut gratter quelques minutes supplémentaires, quitte à en abuser. Le réalisateur retrouve quoiqu'il en soit une bonne partie de sa petite troupe d'acteurs, Kate Siegel, Annabeth Gish ou encore Henry Thomas, auxquels s'ajoutent de nouveaux venues comme Zach Gilford ou Hamish Linklater (et je n'ai même pas reconnu mais il y a aussi Michael Trucco avec une moustache), tout ce beau monde tenant fort bien son poste.

Parfois trop bavards pour leur propre bien, les sept épisodes qui composent Sermons de Minuit maintiennent l'intérêt grâce à l'amour sincère que Flanagan porte à ses personnages et son sujet (on est loin de la dernière saison en date d'American Horror Story à ce niveau mais je cracherai amplement dessus le moment venu). Malgré ses défauts, cela permet à l'histoire d'émouvoir profondément plus que de terrifier quand vient le moment de solder les comptes.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 27 Septembre 2021, 23:06bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".