Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Moisson rouge
Personville, petite ville minière, vit sous la coupe du riche propriétaire Elihu Willson. C'était du moins le cas jusqu'à ce que Willson, pour réprimer des grèves, engage des truands et des policiers corrompus qui ont depuis assis leur main-mise sur la ville. Pour redevenir seul maître à bord, Willson s'en remet à un détective de San Francisco. Ce dernier ne va pas s'embarrasser de scrupules pour nettoyer la ville.

Contrairement au Faucon maltais ou à La Clé de Verre, Moisson rouge n'a pas eu les honneurs d'une adaptation officielle. Pourtant, son influence sur le cinéma est peut-être encore moins négligeable. En effet, le roman a inspiré en partie Miller's Crossing des frères Coen mais est surtout tenu pour être la base de Yojimbo de Kurasawa et par ricochet de Pour une Poignée de Dollars de Leone (et aussi de Dernier Recours de Walter Hill qui re-transpose l'action à l'époque de la Prohibition). Avec ces données en tête, on reconnait effectivement quelques points communs: le nom du narrateur nous restera inconnu (il en donne un au début, puis un autre à la fin mais il est évident que ni l'un ni l'autre ne sont vrais) et il va, pour ramener le calme et le respect de la loi, prendre un malin plaisir à monter les uns contre les autres tous les êtres corrompus qui s'enrichissent aux dépens des pauvres et honnêtes habitants.

Pendant moins de 300 pages, on va suivre sans jamais souffler le détective dans son entreprise d'instaurer la paix (des cimetières). Il a généralement un temps d'avance sur tout le monde, personnages comme lecteurs, et on ne lésine pas sur les surprises car les nombreux cadavres qui s'amoncellent n'ont pas toujours été tué par qui l'on croit au départ (ça en devient même un peu trop systématique mais même en apprenant à se méfier, on se fait toujours un peu avoir). Aucun des habitants de Personville, ou peu s'en faut, ne sort indemne physiquement ou moralement du passage du narrateur en ville, à part peut-être le chef du syndicat des mineurs, ce qui est raccord avec les sympathies politiques de l'auteur. Même le "héros" finit par se demander s'il ne prend pas un peu trop de plaisir à pousser ses adversaires à s'entretuer et envisage même un instant la possibilité d'avoir commis un véritable assassinat. En chemin et entre deux fusillades (il est rare, une fois l'intrigue lancée, qu'il se passe un chapitre sans que cela ne défouraille à tout va), le narrateur aura croisé toute une galerie de personnages aussi mémorables que déplaisants, de Willman lui-même à Noonan le chef de la police en passant par Dinah la femme la plus vénale du monde et qui l'assume très bien ou encore Whisper, le joueur professionnel à qui l'on colle tous les meurtres sur le dos et dans le tas, il y en a peut-être qu'il a vraiment commis.

Moisson rouge est un des plus beaux représentants de ce que l'on a appelé la Hard-Boiled School. Peu de sentiments chez les personnages et pas de chichi dans le style mais une efficacité redoutable et une peinture des travers des États-Unis de l'époque qui n'a rien de tendre.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 26 Septembre 2021, 12:14bouillonnant dans le chaudron "Littérature".