Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Clé de Verre
Ned Beaumont, joueur professionnel et bras droit de l'homme d'affaires Paul Madvig, découvre le corps de Taylor Henry, fils d'un sénateur dont son patron soutient la campagne. Bientôt, Madvig est accusé du meurtre et Beaumont, en s'efforçant d'identifier le coupable, va s'attirer quelques ennuis.

Malgré une carrière d'écrivain relativement courte, interrompue par la maladie et la Chasse aux Sorcières, Dashiell Hammett aura marqué durablement l'univers du polar en une poignée de romans, certains portés plusieurs fois à l'écran comme Le Faucon maltais, d'autres, sans avoir forcément été adaptés ouvertement, ayant conduit à de mémorables transpositions (Moisson rouge a ainsi inspiré le Yojimbo de Kurasawa qui a lui même été réapproprié par Sergio Leone avec Pour une poignée de dollars...). Bref, qu'on ait lu ou non Dashiell Hammett, il y a de fortes chances que quelque part il ait été à l'origine de quelque chose qu'on a vu, un film ou simplement une certaine image du détective privé, du malfrat ou de la femme fatale.

La Clé de Verre est un roman d'autant plus fascinant qu'il baigne dans un flou volontaire: la ville dans laquelle l'action se situe n'est jamais nommée. Probablement sur la côte est des États-Unis car les personnages se rendent assez facilement à New York. La profession exacte de Madvig est tout aussi peu explicite: politicien mais à quel poste? Un peu gangster aussi, en tout cas posé comme un rival sur le même plan qu'un autre personnage clairement à la tête d'un gang. Ce mélange entre politique, crime organisé, presse et justice montre à quel point les frontières peuvent être poreuses ou en tout cas l'étaient lors de la rédaction du livre. Ned Beaumont est aussi difficile à cerner: attaché à Madvig (il appelle même la mère de celui-ci "M'man"), loyal et pourtant semblant toujours avoir son propre but, hostile à l'égard de la fiancée de son patron mais peut-être pour mieux cacher ses sentiments, désireux de résoudre un crime mais à la marge de la loi, ses actions sont rarement compréhensibles dans l'immédiat: quand il se fait facilement dérouiller en début de récit, on se dit qu'il n'est pas très habile, pour réaliser ensuite qu'il avait une idée derrière la tête, quand il prend vraiment très cher on attend du coup de découvrir quel plan diabolique nécessitait d'endurer tout cela pour être de nouveau déconcerté.

Il faut attendre les dernières pages pour découvrir après moult rebondissements qui a tué Henry mais le whodunit n'est pas une fin en soi. On n'est guère surpris, l'intérêt du roman repose bien plus sur le portrait de cette société corrompue où notables et voyous semblent se côtoyer de manière naturelle et où tout finit par se confondre. Quant à Beaumont, en anti-héros à la fois cynique et en quête de vérité, il n'a rien à envier à un Sam Spade.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 13 Septembre 2021, 18:36bouillonnant dans le chaudron "Littérature".