Lillian Frost, aspirante actrice et vendeuse dans un grand magasin, est interrogée par la police après la découverte du cadavre de son ancienne colocataire, Ruby, dans une ruelle. La jeune femme reconnait la victime mais également sa robe: il s'agit d'un costume porté dans un récent film de la Paramount. Soucieuse de découvrir qui a tué Ruby, Lillian va prendre le chemin des studios et recevoir l'aide avisée de la costumière Edith Head dans son enquête.

Derrière le pseudonyme de Renee Patrick se cache un couple, Rosemarie et Vince Keenan. Comme Stuart M. Kaminsky, ils ont choisi de placer leur série policière dans le Hollywood de l'Âge d'Or, cadre idéal que ce milieu qui brasse beaucoup d'argent et dont l'image glamour dissimule bien des secrets sordides mais qui permet aussi de faire interagir les protagonistes avec des vedettes entrées dans la légende ou plus oubliées, ce qui est souvent amusant. Ici, point de détective privé dans le rôle principal, contacté à chaque fois par une célébrité pour lui rendre un petit service. Lillian n'a au premier abord rien d'une héroïne: venue à Hollywood comme bien des jolies jeunes femmes de l'époque pour tenter sa chance devant la caméra, un bout d'essai calamiteux l'a vite fait déchanter et douter de ses talents d'actrice... qui seront pourtant mis à contribution lorsqu'il s'agira d'interroger des suspects sans en avoir l'air. La jeune femme est particulièrement dégourdie et a de la répartie mais n'est pas au-dessus de ressentir une bonne dose de jalousie envers ses amies dont les vocations d'actrice ont été moins contrariées que la sienne, ce qui la rend humaine.

La deuxième partie du duo, Edith Head, n'est pas un personnage fictif puisqu'il s'agit d'une réelle costumière à la longue et prolifique carrière, un saut sur IMDB vous donnera une petite idée du palmarès. Contrainte par son travail de ne pas trop s'éloigner des studios, elle est plus en retrait que Lillian (qui en plus est narratrice) mais n'en demeure pas moins une présence solide et une alliée de poids. On croise par son entremise ou non quelques figures du Hollywood de l'époque dont certaines se rendront utile dans l'avancée de l'enquête: Bob Hope, Preston Sturges ou encore Barbara Stanwyck pour n'en citer que quelques-uns, des apparitions qui évitent le simple name-dropping fatigant. Quant à l'enquête elle-même, elle est fort bien menée avec un nombre raisonnable de suspects, des révélations à intervalles réguliers et l'identité du coupable n'est pas trop évidente même s'il y avait un petit quelque chose pour faire froncer les sourcils à son égard avant le grand déballage.

Un contexte attirant et bien utilisé, une enquête rondement menée et un duo d'héroïnes qui s'impose tranquillement: ce premier tome des aventures de Lillian Frost et Edith Head remplit parfaitement son office et donne envie de lire les suivants.